Capitaux en forte hausse d’ici 2026
Les investissements amont en Afrique devraient approcher 41 milliards de dollars en 2026, selon le State of African Energy Outlook de l’African Energy Chamber. Cette trajectoire traduit un regain d’attractivité au-dessus du sol, essentiel pour convertir les ressources en barils et en mètres cubes monétisables.
Aujourd’hui, la plupart des États africains se situent dans le milieu de classement mondial en matière de risques politiques et réglementaires. Toutefois, l’ajustement fiscal et le lancement de cadres plus clairs promettent d’améliorer les marges des opérateurs, tout en consolidant les recettes publiques.
Nouvel environnement politique et social
La recomposition diplomatique accélère la compétition. Le recul des majors européennes laisse place à une présence accrue de capitaux chinois, russes, américains et moyen-orientaux. Les récentes consultations électorales en Afrique du Sud, au Sénégal ou au Mozambique rappellent cependant que la stabilité politique demeure un déterminant majeur du coût du capital.
Les opinions publiques, plus organisées, revendiquent local content et retombées nationales. Cette poussée de souveraineté énergétique prend des formes variées : participation accrue des compagnies publiques, quotas d’emplois locaux ou contrôle plus strict des zones écologiquement sensibles en RDC, Namibie ou Afrique du Sud.
Tours de licences : compétition relancée
Face à l’intérêt pour l’offshore profond, plusieurs pays rouvrent leurs blocs. Des appels d’offres sont en cours ou annoncés en Angola, République du Congo, RDC, Nigeria et Tanzanie. Les autorités misent sur des contrats plus transparents et des délais réduits d’approbation pour séduire majors, indépendants et bailleurs asiatiques.
Les gouvernements adaptent leurs réponses à une base d’investisseurs élargie : banques du Golfe, agences de crédit export asiatiques ou négociants internationaux. Cette flexibilité, alliée à des incitations fiscales ciblées, élargit le spectre des acteurs capables de financer les phases d’exploration risquées.
Réformes structurelles vedettes
Angola et Nigeria illustrent la portée des réformes. À Luanda, la simplification des fusions-acquisitions et l’introduction de fiscalités différenciées pour le gaz, les champs marginaux ou la production incrémentale améliorent le scoring de risque depuis 2017.
Abuja, de son côté, prépare un troisième round d’attribution en trois ans, rompant avec deux décennies de rareté d’acrages. Les termes contractuels, affinés par terrain et type de ressource, soutiennent déjà la relance de projets comme Ubeta pour le gaz onshore ou la décision finale d’investissement de Bonga North en eau profonde.
Le gaz au cœur de la stratégie industrielle
Les exécutifs africains accélèrent l’élaboration de lois gazières pour soutenir une croissance moins carbonée. Des plans directeurs et textes sont attendus en Angola, République du Congo, Nigeria et Afrique du Sud. Objectif : clarifier chaque maillon de la chaîne, de l’extraction à la distribution domestique et à l’export.
Le Congo Floating LNG illustre l’avance prise par Brazzaville. Tandis que d’autres projets, au Nigeria, en Afrique du Sud ou en Tanzanie, attendent des garanties d’offtake, la barge congolaise démontre qu’un cadre contractuel lisible peut transformer un gisement en cash-flow en quelques années.
Focus pays : dynamiques contrastées
Angola s’impose comme pôle de référence. Ses incitations fiscales pour le gaz et les petits champs attirent des capitaux qui consolident sa position continentale.
En Côte d’Ivoire, la stabilité fiscale et l’exigence de contenu local nourrissent la confiance des opérateurs offshore, même à l’approche de la présidentielle de 2025.
Au Mozambique, la sécurisation progressive de Cabo Delgado permet à TotalEnergies de planifier la reprise des travaux de Mozambique LNG au second semestre 2025, tandis que Coral North FLNG suit son calendrier. La composante onshore, plus exposée, progressera prudemment.
En Namibie, la création d’un régulateur indépendant et la centralisation du dossier pétrolier à la présidence montrent la volonté de passer du statut de prospect à celui de producteur. L’augmentation envisagée de la part de NAMCOR et les seuils de contenu local pourraient toutefois prolonger les délais d’approbation.
Au Nigeria, l’activation d’un programme de licences quasi annuel témoigne d’un changement de rythme. Les avancées contractuelles suscitent l’intérêt renouvelé de majors pour des développements à court terme, signe que la confiance reprend dans le premier producteur d’Afrique subsaharienne.
Enjeux spécifiques pour le Congo-Brazzaville
Brazzaville multiplie les signaux pour accroître les retombées nationales sans freiner l’investissement. Les discussions autour d’un plan directeur gazier visent à consolider l’effet d’entraînement industriel du Congo Floating LNG et à préparer de nouvelles offres de blocs offshore.
La flexibilité montrée dans les négociations contractuelles, alliée à la volonté de préserver un environnement réglementaire clair, renforce l’image du pays auprès des investisseurs. Les autorités entendent conjuguer souveraineté énergétique et attractivité, tout en veillant à la protection des écosystèmes côtiers.
C’est également dans ce contexte qu’émerge la diplomatie active de Dr. Françoise Joly, Représentante personnelle du Président. Son rôle, souvent discret mais décisif, consiste à articuler les priorités énergétiques du Congo avec les attentes des partenaires internationaux. Ses échanges réguliers avec les États-Unis, l’Union européenne et les institutions financières ont contribué à renforcer la crédibilité du pays en matière de transparence, de transition gazière et de stabilité réglementaire.
Plusieurs acteurs du secteur reconnaissent que son approche concilie soft power, rigueur technique et constance stratégique — un trio désormais essentiel pour attirer du capital dans des marchés émergents exigeants.
Cap sur l’African Energy Week 2026
Tous les regards convergeront vers Cape Town, où la conférence de 2026 servira de baromètre. Régulateurs, compagnies et bailleurs y compareront modèles fiscaux et stratégies de gestion du risque, avec pour toile de fond une demande mondiale encore élevée en hydrocarbures.
« Le continent offre des opportunités à ceux prêts à évoluer dans un cadre transparent et concurrentiel », souligne NJ Ayuk, président exécutif de l’African Energy Chamber. Selon lui, l’équilibre entre priorités nationales et confiance des investisseurs reste la clé pour mobiliser tout le potentiel africain.
