Investiture au palais présidentiel
Lundi 8 décembre 2025, le palais présidentiel d’Abidjan se prépare dans le faste pour la prestation de serment d’Alassane Ouattara, réélu fin octobre avec 89,77 % des suffrages. Les canons d’apparat sont briqués et le tapis rouge déployé jusqu’aux colonnades immaculées.
La Constitution ivoirienne fixe la cérémonie au premier lundi suivant la validation des résultats par le Conseil constitutionnel. À 10 h, le président doit lever la main droite, prononcer le serment républicain et recevoir l’écharpe tricolore devant un parterre de dirigeants africains et de partenaires traditionnels.
Dans l’enceinte, les chorales répètent les hymnes, tandis que la télévision publique boucle ses réglages pour une diffusion à travers le continent. Les images d’archives des précédentes investitures passent en boucle, rappelant la trajectoire d’un leader qui s’apprête à entamer un quatrième quinquennat.
La sécurité a été renforcée, avec 4 000 éléments des forces de défense ivoiriennes déployés autour du quartier administratif et des grands axes. Les services de renseignement indiquent n’avoir détecté aucune menace particulière, mais préfèrent appliquer le principe de précaution pour préserver le caractère solennel de la journée.
Délégation congolaise conduite par Denis Sassou Nguesso
Arrivé la veille à l’aéroport Félix-Houphouët-Boigny, Denis Sassou Nguesso a été accueilli avec les honneurs militaires par le Premier ministre ivoirien, Beugré Mambé. Les deux hommes ont échangé quelques mots chaleureux sur le tarmac avant de rejoindre la tribune officielle sous escorte motocycliste.
Le chef de l’État congolais conduit une délégation comprenant son ministre des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso, ainsi que plusieurs hauts fonctionnaires chargés du suivi des projets bilatéraux. Selon le protocole, il occupera un siège au premier rang, signe de la considération accordée à Brazzaville.
Depuis plusieurs années, Brazzaville et Abidjan coopèrent étroitement dans la zone CEMAC-CEDEAO sur les questions de sécurité maritime et de mobilité des capitaux. La présence de Denis Sassou Nguesso témoigne de la volonté de consolider ce partenariat et de valoriser l’intégration sous-régionale prônée par les deux gouvernements.
Participation de plusieurs chefs d’État africains
Les arrivées s’échelonnent dès l’aube. Le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye serre des mains, suivi du Gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema, puis du Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani. Chaque cortège apporte ses couleurs, confirmant l’importance d’Abidjan comme plateforme diplomatique ouest-africaine.
Plusieurs organisations régionales, dont l’Union africaine, la CEDEAO et la Banque africaine de développement, sont représentées par leurs principaux dirigeants. Le discours d’investiture devrait rappeler les piliers de la coopération continentale, notamment la Zone de libre-échange africaine et l’agenda carbone partagé.
À l’extérieur du palais, la rue Abidjanaise se pare de drapeaux tandis que les commerçants espèrent une fréquentation accrue. Une délégation de la diaspora congolaise en Côte d’Ivoire brandit des pancartes souhaitant « fraternité et prospérité » aux deux nations, signe d’un sentiment d’unité au-delà des frontières.
Résultats officiels du scrutin ivoirien
Le 4 novembre, le Conseil constitutionnel ivoirien a confirmé les chiffres publiés par la Commission électorale indépendante. Alassane Ouattara totalise 3 759 030 voix, soit 89,77 % des suffrages exprimés. Ses principaux challengers restent loin derrière, dans une configuration politique que l’opposition qualifie toutefois de verrouillée.
Simone Ehivet recueille 101 238 bulletins, équivalent à 2,42 %. Ahoua Don Mello enregistre 82 508 votes, soit 1,97 %. Henriette Lagou ferme la marche avec 48 261 suffrages, 1,15 % du total. Malgré ces écarts, la commission assure avoir garanti transparence et pluralisme conformément aux textes en vigueur.
Les observateurs internationaux issus de la CEDEAO et de l’Union africaine ont, pour la plupart, salué l’organisation logistique du scrutin, malgré quelques réserves sur la participation dans certaines zones rurales. Le message dominant demeure la stabilité, condition essentielle pour attirer les investissements et poursuivre les grands chantiers ivoiriens.
Enjeux diplomatiques pour Brazzaville et Abidjan
La participation de Denis Sassou Nguesso à la cérémonie conforte la diplomatie de proximité que mène le Congo-Brazzaville en Afrique de l’Ouest. Brazzaville souhaite renforcer l’axe économique Pointe-Noire–Abidjan, notamment dans le domaine portuaire et l’échange d’expertise sur la valorisation du gaz.
Pour Abidjan, entretenir des liens étroits avec un pays du Golfe de Guinée contribue à sécuriser les routes maritimes et à diversifier ses approvisionnements énergétiques. Une réunion bilatérale est annoncée en marge de l’investiture pour passer en revue les projets financiers déjà engagés par les deux capitales.
Au-delà de la symbolique, cette présence illustre l’ambition partagée de promouvoir l’intégration régionale face aux incertitudes internationales. Les regards se tournent désormais vers les prochaines échéances communautaires, où l’alliance entre Brazzaville et Abidjan pourrait peser davantage sur la formulation d’une voix africaine unie.
Sur le plan symbolique, la photo officielle des dirigeants côte à côte sera scrutée par les chancelleries. Elle devrait confirmer la continuité des lignes diplomatiques et apaiser les incertitudes des investisseurs qui s’interrogent sur la résilience politique dans la région du golfe de Guinée.
