L’ambition d’une mission belge
Depuis le 13 octobre, dix-huit entreprises belges arpentent Brazzaville dans le cadre d’une mission économique placée sous le signe de la prospection et de la confiance.
Jusqu’au 17 octobre, la délégation alterne réunions sectorielles et visites de terrain entre la capitale et Pointe-Noire, avec l’idée précise de transformer les chiffres d’affaires en partage d’expérience.
La table ronde organisée le premier jour a servi de boussole aux investisseurs pour cerner les contours d’un marché congolais que les autorités décrivent comme ouvert et prometteur.
Trois axes stratégiques pour convaincre
Les organisateurs ont déroulé trois thématiques qui ont structuré les échanges et facilité la mise en relation.
La première, consacrée aux opportunités d’affaires, a été coanimée par Michel Djombo, président de l’Union patronale et interprofessionnelle du Congo, et Henry René Diouf, représentant adjoint du Programme des Nations unies pour le développement.
Tous deux ont dépeint un environnement macroéconomique stabilisé, vanté la croissance attendue des investissements publics et insisté sur la volonté gouvernementale d’accueillir le capital privé.
Des secteurs en vitrine, de l’agro à l’énergie
Les intervenants ont rappelé que l’agriculture, encore sous-exploitée malgré un fort potentiel hydrique, constitue une priorité pour réduire les importations alimentaires et créer de nouveaux débouchés.
Ils ont également pointé les marges existantes dans la filière bois, les mines, la production pétrolière et la valorisation du gaz, autant de domaines où l’expertise belge pourrait trouver un terrain d’application immédiat.
Les visiteurs se sont montrés particulièrement attentifs au foncier agricole, un dossier sensible au Congo-Brazzaville, où l’État travaille à moderniser les titres pour garantir la sécurité juridique des investisseuses.
Pour les Congolais présents, l’arrivée d’acteurs étrangers doit contribuer à la diversification économique inscrite au Plan national de développement, sans éclipser les initiatives locales.
Travaux publics : la dynamique des chantiers
Sous la houlette de Federica Petrucci, cheffe de coopération adjointe de l’Union européenne, le second panel a détaillé l’expansion du secteur de la construction.
Routes, ponts, ouvrages portuaires et bâtiments publics se multiplient à un rythme que les entreprises locales peinent parfois à suivre, créant un appel d’air pour les savoir-faire étrangers.
Des montages contractuels flexibles, allant du partenariat public-privé classique au contrat clé en main, ont été présentés comme autant d’options pour sécuriser les chantiers sans alourdir la dette publique.
Les panélistes ont insisté sur l’importance de former des techniciens locaux pour pérenniser les infrastructures; des bourses et des programmes d’apprentissage pourraient être cofinancés par les sociétés belges.
Infrastructures : rôle moteur du secteur privé
Le troisième axe de discussion a porté sur la place centrale du secteur privé dans la conception, le financement et la maintenance des infrastructures, qu’il s’agisse d’énergie, de transport ou de télécommunications.
Les orateurs ont souligné que les grands projets ne sauraient aboutir sans un partage clair des risques et un cadre réglementaire prévisible, deux points sur lesquels le gouvernement affirme avancer.
Un représentant d’une société belge spécialisée dans les réseaux d’eau a même confié « être venu trouver un terrain où l’innovation rencontre la demande sociale », signe d’un attrait concret.
Selon un rapport partagé durant la séance, chaque dollar investi dans les infrastructures de base génère jusqu’à trois dollars de croissance, un multiplicateur qui a fait vibrer les participants.
Vers des partenariats gagnant-gagnant
À l’issue de la table ronde, des rencontres B2B se sont succédé dans des salons aménagés au cœur de la Chambre de commerce de Brazzaville, permettant la signature de protocoles d’accord.
Du côté congolais, les entrepreneurs saluent la venue d’un partenaire européen supplémentaire, complémentaire des acteurs asiatiques déjà présents sur certains segments.
Les délégations se rendront ensuite à Pointe-Noire pour visiter le port autonome et la zone économique spéciale, où d’autres rendez-vous sont calés avec des entrepreneurs locaux.
Une mécanique diplomatique bien huilée
Diplomates, chambres consulaires et fédérations patronales espèrent que ces premiers contacts ouvriront la voie à des joint-ventures capables de générer de l’emploi, du transfert de compétences et de nouvelles recettes fiscales.
La mission est le fruit d’une coordination entre l’ambassade de Belgique à Brazzaville et celle du Congo à Bruxelles, appuyées par les chambres de commerce de Brazzaville et Pointe-Noire ainsi que l’Union patronale et interprofessionnelle du Congo.
Pour les diplomates, ces échanges économiques répondent aux orientations des deux chefs d’État, soucieux d’ouvrir davantage leurs marchés respectifs aux partenaires fiables et de consolider des relations historiques.
Aucun chiffre n’a encore été avancé sur les volumes d’investissement attendus, mais les participants s’accordent à souligner que la confiance constitue le premier capital mobilisé durant cette mission.
Le 17 octobre, un point presse devrait dresser le bilan et annoncer les prochaines étapes, prioritairement la finalisation des études de faisabilité et la création de cellules de suivi entre les deux pays.