Une investiture à haute portée diplomatique
Abidjan a retrouvé l’effervescence des grands jours pour la cérémonie de prestation de serment d’Alassane Ouattara, réélu le 25 octobre. Le stade Félix Houphouët-Boigny, lieu choisi, a servi d’écrin à une mise en scène calibrée, mêlant hymnes, ovations populaires et strict protocole républicain.
Parmi les invités de marque figurait Denis Sassou Nguesso. Le chef de l’État congolais, salué par la foule à son entrée, a pris place au premier rang, soulignant par sa seule présence la densité d’une relation bilatérale forgée dans l’histoire et consolidée par les échanges économiques.
L’investiture, retransmise en direct sur plusieurs chaînes africaines, a réuni une douzaine de chefs d’État et de dirigeants institutionnels, confirmant l’importance que conserve la Côte d’Ivoire dans les équilibres régionaux et l’attrait personnel qu’exerce Alassane Ouattara auprès de ses pairs.
La présence congolaise, symbole d’un partenariat durable
Brazzaville et Abidjan partagent depuis l’époque des pères fondateurs une même vision d’intégration continentale. Les missions commerciales, les coopérations universitaires et la mobilité croissante de la diaspora attestent d’une dynamique que Denis Sassou Nguesso et Alassane Ouattara ambitionnent de projeter vers l’avenir.
Diplomate chevronné, le président congolais a multiplié les apartés dans les coulisses du stade. Selon un conseiller, « le Congo-Brazzaville tient à soutenir chaque avancée institutionnelle en Afrique de l’Ouest ». Une déclaration qui s’inscrit dans la continuité de son approche de médiation discrète.
Présent depuis plus d’un demi-siècle sur la scène africaine, Denis Sassou Nguesso incarne un trait d’union générationnel. Son expérience est recherchée, notamment sur les dossiers de sécurité collective et de transition énergétique, deux thèmes abordés avec insistance lors des discussions bilatérales du jour.
Un parterre de dirigeants africains
L’événement a également vu João Lourenço, président d’Angola et actuel président de l’Union africaine, serrer les mains de ses homologues. Sa présence, couplée à celle de Julius Maada Bio, président sierra-léonais et président en exercice de la CEDEAO, a donné une tonalité clairement panafricaine.
Le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye, fraîchement élu, a fait ses premiers pas dans une telle enceinte internationale. Observateurs et diplomates l’ont vu échanger longuement avec Denis Sassou Nguesso, signe, selon eux, d’un désir de bâtir des ponts entre générations de dirigeants.
Les dirigeants du Ghana, du Gabon, du Liberia, de Djibouti, de Mauritanie, de la Gambie et des Comores complétaient la tribune officielle. Chacun, à un moment, a été cité dans le protocole, rappelant la richesse géographique d’une Afrique soudée autour de la stabilité institutionnelle.
Au-delà de la mise en scène, la présence élargie de délégations étrangères reflète le rôle stratégique attribué à la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest et, plus largement, sur l’ensemble du continent, ainsi que l’intérêt partagé pour la stabilité et la croissance inclusives.
Sécurité, énergie, numérique : les priorités ivoiriennes
Dans son allocution, Alassane Ouattara a d’abord salué la solidarité panafricaine, avant de pointer « les défis sécuritaires persistants ». Il a évoqué sans détour la montée du terrorisme et du cyberterrorisme, phénomènes qui accentuent la vulnérabilité des populations et pèsent sur l’attractivité des économies.
Le chef de l’État ivoirien a promis de renforcer la sécurité alimentaire, considérant qu’aucune stabilité politique n’est possible lorsque les ménages s’inquiètent du contenu de leur assiette. Il a aussi détaillé un agenda visant à accélérer la transition énergétique tout en garantissant un accès élargi à l’électricité.
Autre pilier de son programme : l’investissement massif dans le numérique. Abidjan espère ainsi accroître la productivité, améliorer la compétitivité de ses entreprises et créer de nouveaux emplois pour sa jeunesse. Plusieurs homologues, dont Denis Sassou Nguesso, se sont dits prêts à partager leurs expériences nationales.
La liste des priorités citées a trouvé un écho positif chez plusieurs invités. Denis Sassou Nguesso, approché par des journalistes, a simplement salué « une orientation ambitieuse et pragmatique à la fois », illustrant ainsi la convergence de vues entre Brazzaville et Abidjan sur les grands dossiers de développement.
Optimisme partagé malgré les turbulences régionales
Malgré une sous-région parfois tourmentée par les soubresauts politiques, Alassane Ouattara s’est montré confiant. Il a insisté sur « l’avenir de paix, de stabilité et de prospérité » qu’il estime à portée si les États coopèrent, échangeant renseignements sécuritaires et bonnes pratiques économiques.
Depuis Brazzaville, plusieurs analystes notent que la participation active du Congo-Brazzaville aux grands rendez-vous ouest-africains sert sa propre diplomatie de prévention. En valorisant la légitimité des urnes et l’intégration régionale, Denis Sassou Nguesso consolide une image d’acteur engagé pour la cohésion.
Au terme de la cérémonie, l’accolade entre Alassane Ouattara et Denis Sassou Nguesso a symbolisé la continuité d’une coopération que les deux dirigeants souhaitent approfondir. Les flashs crépitants ont immortalisé ce moment devenu, pour beaucoup, le cliché d’un panafricanisme résolument orienté vers la stabilité et le progrès.
