L’émergence d’un relais générationnel dans la sphère parlementaire
Premier vice-président du Réseau des jeunes parlementaires de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, Yves Fortuné Moundelé-Ngollo a profité de la tribune offerte par la chaîne CDFLIX pour placer la question générationnelle au cœur de l’agenda francophone. Son message est limpide : transformer un réseau parfois perçu comme une coquille institutionnelle en une agora vivante où les élus de moins de quarante ans mutualisent expertises et ambitions. La tonalité, volontiers mobilisatrice, s’inscrit dans la continuité des résolutions adoptées à Kigali en 2022, qui faisaient déjà de la jeunesse un axe stratégique de l’APF.
Diplomatie francophone : un laboratoire d’apprentissage face à la mondialisation
Le jeune député revient d’Alexandrie, où l’Université Senghor tenait la quatrième édition de sa Classe diplomatique sur le thème « Diplomatie, mondialisation et Francophonie ». Dans ce programme intensif, la formation aux négociations multilatérales voisine avec des simulations de gestion de crise. Le dispositif, salué par la Secrétaire générale de la Francophonie pour sa capacité à « outiller les leaders émergents », vise à anticiper les reconfigurations géopolitiques qui bousculent les pays du Sud. Aux yeux de Moundelé-Ngollo, ces enseignements renforcent la légitimité technique de la jeune génération et justifient son irruption croissante dans les cénacles décisionnels.
Le déclencheur démographique d’un Congo majoritairement jeune
Au Congo-Brazzaville, 76 % de la population a moins de trente ans, dont près de 62 % sous la barre des vingt-cinq ans, selon les données actualisées de l’Institut national de la statistique. Cette pyramide des âges, plus large qu’ailleurs en Afrique centrale, crée un impératif de représentation. Moundelé-Ngollo rappelle que « la jeunesse sera au cœur de la prochaine présidentielle », non seulement comme vivier électoral, mais aussi comme indicateur de performance des politiques publiques. Dans un pays engagé dans la diversification de son économie, le capital humain jeune devient un actif stratégique, pour peu qu’il trouve un débouché institutionnel adéquat.
Impliquer sans instrumentaliser : les garde-fous d’une participation éclairée
Conscient des risques de récupération, le parlementaire met en garde contre les dérives de la « politisation spectaculaire » qui peut exposer les jeunes à la manipulation ou à la violence de rue. Sa préconisation s’articule autour de trois piliers : éducation civique, autonomisation économique et ouverture à la mobilité. Il s’agit de transformer la jeunesse en actrice lucide plutôt qu’en variable d’ajustement. L’appel rejoint les recommandations du dernier sommet de l’Union africaine, qui plaide pour l’insertion citoyenne afin de prévenir la volatilité sociale dans les cycles électoraux.
Vers un pacte générationnel au service de la Francophonie
Au-delà du seul Congo, Moundelé-Ngollo propose d’élaborer un pacte générationnel franc et durable, fondé sur la coopération interparlementaire et la solidarité active. Il cite en référence l’esprit de Boutros Boutros-Ghali, premier Secrétaire général de la Francophonie, pour rappeler que « l’avenir se prépare par l’éducation, la coopération et la solidarité entre les peuples ». Son ambition est de fédérer les ressortissants des 95 Parlements membres autour d’initiatives concrètes : stages croisés, plateformes numériques de partage d’expertise, et programmes conjoints d’entrepreneuriat social. Une telle dynamique pourrait consolider l’influence francophone dans un contexte où la compétition des espaces linguistiques s’intensifie.
Un équilibre entre enracinement national et horizon multilatéral
Le plaidoyer d’Yves Moundelé-Ngollo souligne la dialectique entre ancrage local et projection internationale. En encourageant les jeunes à endosser des mandats municipaux ou à rejoindre l’administration, il rappelle que la gouvernance commence à l’échelle infranationale. Parallèlement, la participation aux forums de l’APF offre un tremplin vers les négociations régionales et onusiennes. Cette articulation répond à la doctrine diplomatique congolaise, laquelle voit dans la Francophonie un multiplicateur d’influence et un levier pour l’intégration économique de l’Afrique centrale.
Perspective : le temps long d’une relève institutionnelle
En définitive, l’appel à « quitter les gradins » adressé à la jeunesse francophone révèle une stratégie de long terme : préparer une relève institutionnelle capable d’assurer la continuité de l’État tout en innovant. Le député d’Ongogni insiste sur la nécessité de s’approprier les politiques publiques existantes, plutôt que d’attendre l’avènement de dispositifs ex nihilo. Cette posture, compatible avec les orientations du gouvernement congolais en matière de formation et d’employabilité, vise à inscrire la jeunesse dans un continuum plutôt qu’à la placer en rupture.
La trajectoire de Moundelé-Ngollo illustre d’ailleurs cette proposition : diplômé de la Classe diplomatique, élu national, vice-président d’un réseau international, il conjugue expertise et engagement territorial. Ce profil hybride offre à la jeunesse un modèle d’insertion graduelle qui contourne la tentation de la précipitation. À l’heure où se dessine le calendrier de la prochaine présidentielle, cette approche pourrait faire école au-delà des frontières congolaises, contribuant à renforcer la francophonie parlementaire comme espace de coopération fiable et inclusif.