Un mandat à haut risque
Le 22 juin 2025 marque un événement significatif au sein de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) : l’élection de Julius Maada Bio, le président de la Sierra Leone, comme président en exercice. Ce choix intervient à un moment délicat, où l’organisation traverse une des périodes les plus difficiles de son histoire récente. À la suite du départ de membres influents tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, la CEDEAO doit réinventer son rôle et son influence sur l’échiquier régional.
Contexte de défis sécuritaires
Les propos de Julius Maada Bio, lors de son discours d’investiture, reflètent la gravité des défis auxquels est confrontée l’Afrique de l’Ouest. Il a souligné que la région est au « carrefour de graves défis », en mettant l’accent sur l’insécurité, le terrorisme et la criminalité transnationale. Le président Bio s’est engagé à mettre en œuvre des stratégies concrètes pour restaurer l’ordre constitutionnel, améliorer la sécurité régionale et relancer l’intégration économique des États membres.
Une CEDEAO fragmentée
Avec le départ de certains de ses membres, la CEDEAO doit réévaluer ses priorités et sa stratégie. Selon Kerwin Mayizo, analyste politique, les économies des États membres sont profondément interconnectées, malgré leurs désaccords politiques. Cette interdépendance économique offre une base solide pour renforcer la coopération et surmonter les tensions actuelles. Il reste à voir si la CEDEAO réussira à convaincre les États de la nécessité d’une collaboration renforcée.
Réformer pour un avenir uni
L’une des priorités déclarées par Julius Maada Bio est de réformer la structure et le fonctionnement de la CEDEAO pour mieux répondre aux besoins des citoyens. Pour y parvenir, il est crucial que l’organisation ne soit pas perçue comme un outil de domination de certaines puissances au détriment d’autres membres de la région. L’extension de la coopération au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) est également un impératif, notamment par le biais du partage de renseignements et de la mutualisation des efforts contre le terrorisme et l’insécurité.
Le défi d’un retour à l’influence
À 61 ans, l’ancien militaire et leader sierra-léonais face à une CEDEAO diminuée, avec seulement 12 membres aujourd’hui, devra faire preuve d’une grande habileté diplomatique. La capacité de Julius Maada Bio à dialoguer et à projeter une vision tournée vers l’avenir sera déterminante pour rétablir l’unité et l’influence de l’organisation. La restauration de la crédibilité de la CEDEAO est essentielle pour espérer réconcilier une région fragmentée et prête à relever de nouveaux défis communs.