Vers une réforme systémique
Le président William Ruto a récemment introduit des réformes législatives d’envergure visant à assainir le secteur financier du Kenya. Parmi ces mesures, on compte le projet de loi sur les professionnels de l’assurance ainsi que le projet de loi de 2025 portant sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ces textes établissent des régulations plus strictes pour les institutions financières du pays, augmentant les exigences de déclaration des transactions inhabituelles et renforçant les sanctions en cas de non-conformité.
Digitalisation complète des marchés publics
À compter du 1er juillet 2025, l’intégralité des marchés publics au Kenya sera digitalisée, permettant ainsi une vigilance accrue sur les transactions gouvernementales. Cette transition numérique découle de la promulgation récente d’une loi axée sur la transparence financière. Ce texte législatif apporte d’importants changements, notamment un contrôle renforcé des transactions immobilières et une surveillance accrue de la propriété effective des sociétés écrans.
Le Président Ruto a souligné cette avancée : « À partir du 1er juillet, tous les marchés publics, de bout en bout, seront sur notre plateforme électronique», souligne-t-il, insistant sur l’importance de l’instruction donnée à chaque responsable du gouvernement pour faire appliquer cette nouvelle réglementation.
Alignement sur les normes mondiales
Ces réformes législatives marquent un tournant pour le Kenya, qui cherche à aligner sa structure réglementaire avec les normes mondiales établies par des instances telles que le Groupe d’Action Financière (GAFI). En avril 2025, le parlement a initialement adopté le projet de loi, désormais renvoyé pour inclure des clauses encore plus strictes. Le but est de mieux réguler et surveiller les transactions financières afin de réduire les risques de corruption et de pratiques frauduleuses.
Cette démarche intervient après une évaluation négative par la Commission Européenne en 2024 qui identifiait le Kenya comme un pays à haut risque de blanchiment et de financement du terrorisme, avec une augmentation notable des transactions illégales recensées.
Implications et perspectives futures
Le rapport 2024 du Centre de Déclaration financière a mis en évidence un bond des transactions illégales, atteignant 7193 incidents, soit une hausse de 18,73% par rapport à l’année précédente. Une étude du Groupe de lutte contre le blanchiment d’argent d’Afrique orientale et australe a également révélé une importante entrée illégale de fonds, chiffrée à 544,9 millions de dollars entre 2021 et 2023 via l’aéroport international Jomo Kenyatta.
Le Kenya espère que ces mesures robustes amélioreront sa réputation aux yeux des régulateurs mondiaux et donneront un nouvel élan à sa capacité à gérer les flux illicites. L’initiative de digitaliser les marchés publics représente un mouvement stratégique pour établir une transparence plus grande et rétablir la confiance des investisseurs sur la scène internationale.