La remise de diplômes, miroir d’une ambition nationale
La vaste esplanade du campus de Kintélé, bordée des pavillons flambant neufs, a servi d’écrin à la cérémonie académique présidée par le Premier ministre Anatole Collinet Makosso. Sous un ciel sans nuages, 405 lauréats de licence et de master ont officiellement accédé au rang d’ambassadeurs du savoir congolais, dans un cérémonial où toges, chants et allocutions se sont succédé avec la solennité propre aux grandes institutions de la République. « Le capital humain est désormais au cœur de notre stratégie d’émergence », a rappelé le chef du gouvernement, saluant « la rigueur des encadreurs et la persévérance des étudiants » (allocution du Premier ministre, 25 juillet 2025).
Des indicateurs de réussite à haute valeur symbolique
La troisième promotion de licence comptait 309 inscrits, dont 294 admis, tandis que la première cohorte de master affichait 95 reçus sur 96 candidats. Ces taux de réussite, proches de ceux des grandes universités africaines de référence, témoignent d’une sélection exigeante mais inclusive. L’Institut supérieur d’architecture, d’urbanisme, de bâtiment et des travaux publics s’est distingué par un taux de 100 % de succès. Au-delà des chiffres, la moyenne de 15,53 obtenue par la major Ngantso Anne Laure Emmanuelle illustre la capacité des filières techniques congolaises à rivaliser sur l’échiquier international.
Des filières d’excellence au service de la diversification économique
Si le secteur pétrolier demeure stratégique, la vision gouvernementale mise sur une diversification de l’économie par la montée en compétence des filières géographiques, architecturales et environnementales. Les cent vingt diplômés de la Faculté des sciences appliquées et les cent vingt-deux de l’Institut supérieur des sciences géographiques, environnementales et de l’aménagement constituent un vivier de spécialistes appelés à soutenir la transition vers des modèles urbains et énergétiques durables. En ciblant l’architecture paysagère, l’hydraulique et les mines, l’Udsn s’inscrit dans l’agenda national de l’économie verte et bleue, pierre angulaire du Plan national de développement 2022-2026.
Gouvernance et assurance qualité : un arrimage aux standards internationaux
Le président de l’université, le professeur Ange Antoine Abena, a souligné l’adoption récente d’une politique de recherche articulée autour de quatre axes majeurs et la mise en place d’un dispositif d’assurance qualité inspiré des référentiels de l’Agence universitaire de la Francophonie. L’acquisition d’équipements de pointe, des spectromètres aux logiciels de modélisation urbaine, conforte la crédibilité scientifique de l’établissement et favorise la certification internationale des programmes. Dans les couloirs du campus, les étudiants évoquent déjà la perspective de doubles diplômes avec des universités partenaires d’Afrique australe et d’Europe occidentale, signe d’une diplomatie académique en pleine expansion.
La recherche appliquée au chevet des priorités nationales
Qu’il s’agisse de l’impact des infrastructures de transport sur la mobilité urbaine ou de l’analyse du phénomène côtier dans la baie de Louango, les mémoires de master défendus cette année répondent à des problématiques directement liées au développement congolais. Des solutions de gestion intégrée des zones littorales ont ainsi été proposées pour limiter l’érosion affectant les localités riveraines, tandis qu’un prototype de siège ministériel bioclimatique, optimisé pour réduire de 40 % la consommation énergétique, a été salué par le jury. La ministre de l’Enseignement supérieur, Emmanuelle Delphine Edith, a qualifié ces travaux de « briques scientifiques indispensables à la construction d’un Congo plus résilient » (déclaration du 25 juillet 2025).
Insertion professionnelle : une responsabilité partagée
Au-delà de la délivrance des parchemins, l’enjeu majeur demeure l’intégration des jeunes diplômés dans le tissu productif. Trois majors de chaque master, ainsi que la meilleure étudiante de la promotion, ont obtenu un poste d’attaché technique d’enseignement et de recherche au sein de l’Udsn, initiative qui sécurise des parcours d’excellence. Toutefois, comme l’a rappelé le président de l’Association des étudiants, Thierry Ngouama, « les entreprises publiques et privées doivent désormais ouvrir leurs portes à cette nouvelle génération pour transformer la connaissance en valeur ajoutée ». Les récentes réformes fiscales visant à encourager les stages longue durée pourraient favoriser cet élan d’embauche.
Un tremplin pour la diplomatie du savoir congolais
Inaugurée en février 2021, l’Udsn franchit ainsi une étape clé, qui consolide la stratégie de rayonnement culturel et scientifique du Congo-Brazzaville. La promotion 2025 a été placée sous le patronage du professeur Théophile Obenga, figure de l’humanisme africain, rappelant que le projet universitaire national s’enracine dans une tradition intellectuelle plus vaste. En capitalisant sur ce socle, les autorités entendent faire de Kintélé non seulement un centre d’excellence, mais aussi un forum régional d’idées, capable de nourrir le dialogue continental autour de la jeunesse, de la transition énergétique et de la souveraineté alimentaire. Dans le regard des lauréats, l’enthousiasme le dispute à la conscience du défi ; mais tous s’accordent à voir dans ce parchemin une invitation à bâtir, à leur tour, le « Congo de l’intelligence ».