Une Délocalisation forcée au cœur de la tourmente
Le géant brassicole néerlandais Heineken a annoncé avoir perdu le contrôle de ses installations dans l’est tumultueux de la République Démocratique du Congo (RDC). Cette décision intervient après que des sites de production à Bukavu et Goma, deux grandes villes de l’est congolais aujourd’hui sous l’emprise des rebelles, ont fait l’objet d’une prise de contrôle par des éléments armés. La société, par la voix de ses représentants, a indiqué que les conditions pour une exploitation responsable et sécurisée ne sont plus réunies.
Un impact économique indéniable
Les opérations de Heineken en RDC, sous la bannière de son unité Bralima, représentent un enjeu économique considérable. L’est du Congo, où se concentrait une part substantielle de son marché, était jusqu’alors un levier vital de son chiffre d’affaires en Afrique, la région comptant pour 14% des revenus globaux du groupe. La situation sécuritaire préoccupante a contraint Heineken à retirer l’ensemble du personnel restant de ces zones, tout en maintenant un soutien financier à ses employés affectés.
La suspension des activités touche plus d’un millier d’employés, l’entreprise soulignant que la sécurité et le bien-être de ces derniers demeurent au sommet de ses priorités. Par ailleurs, dans certaines régions du pays épargnées par le conflit, Bralima continue de mettre en œuvre ses opérations commerciales.
Une crise diplomatique latente
L’intensification des hostilités dans l’est de la RDC coïncide avec une avancée fulgurante du groupe rebelle M23, dont les actions ont ravivé les angoisses d’un conflit élargi. Kinshasa accuse Kigali de supporter le M23 par un apport en hommes et en armes, allégations que ce dernier réfute depuis longtemps. Néanmoins, avec le concours des États-Unis, les ressortissants des deux pays ont paraphé un projet d’accord de paix, dont la signature est imminente.
Ce contexte géopolitique, déjà hautement instable, ne fait qu’augmenter les incertitudes pesant sur l’environnement opérationnel d’acteurs économiques internationaux comme Heineken, soulignant la complexité d’établir des opérations durables dans une région en proie à de perpétuelles convulsions politiques et sociales.