Un jugement retentissant
Le 20 juin, le tribunal de première instance d’Ariana a rendu un verdict qui n’a cessé de résonner dans les cercles tant politiques que sociaux de Tunisie. Sahbi Atig, éminent responsable du parti Ennahda et ancien député, a été condamné à 15 ans de prison, gravité inédite pour des accusations touchant au blanchiment d’argent. Cette décision, annoncée par son avocat Mokthar Jmaayi, interroge sur l’état de la justice tunisienne, à une époque où l’incertitude règne au sein du pays.
Une affaire qui suscite des questions
L’affaire Atig ne se limite pas aux seules allégations financières : elle englobe une série d’accusations, dont la formation d’une entente criminelle, l’exploitation abusive de sa position précédente, la détention illégale de devises, et la falsification de témoignages. Pourtant, Sahbi Atig réfute vigoureusement ces accusations, les qualifiant de montées de toutes pièces. Il dénonce en outre une manipulation politique du système judiciaire, une tactique pour écarter les voix dissidentes au sein de l’opposition.
Des ramifications au-delà du cas d’Atig
Cette affaire a aussi des répercussions sur d’autres personnalités : deux coaccusés ont reçu des condamnations identiques, et un ancien cadre administratif du gouvernorat de l’Ariana a écopé de deux ans d’emprisonnement. L’enquête avait été initialement déclenchée par un incident en 2016, mais les nouveaux développements de 2023 ont transformé l’affaire en une saga judiciaire, relancée après un vol et des allégations de menace envers un témoin silence.
Le suspense s’est conclu le 14 mai 2025, lorsque la Cour de cassation a rejeté les tentatives de révision par la défense et le ministère public, reconduisant ainsi l’affaire vers une chambre criminelle.
Un contexte politique tendu
La condamnation de Sahbi Atig intervient sur fond de tourmente politique persistante après des événements marquants pour le pays. Atig avait déjà fait l’objet de poursuites aboutissant à une condamnation à treize ans de prison pour un prétendu complot contre la sûreté de l’État, à la suite de son arrestation en mai 2023 à l’aéroport de Tunis-Carthage. Ces poursuites judiciaires, largement perçues comme politisées, soulèvent des doutes concernant l’indépendance du pouvoir judiciaire tunisien dans un climat où les libertés politiques semblent assiégées.
Loin de se clore, l’affaire Atig semble cristalliser les frustrations d’une partie de la société tunisienne, en écho aux tensions politiques croissantes : une mise à l’épreuve tant des institutions que du tissu social tunisien, dans leur capacité à s’élever au-dessus des influences extérieures et des querelles internes.