Brazzaville mise sur une école nouvelle génération
Le long de l’avenue qui traverse Talangaï, la silhouette blanche et vert tendre du Complexe scolaire de la Liberté attire le regard des passants depuis son inauguration, le 24 octobre 2025, par le président Denis Sassou Nguesso, venu couper le ruban inaugural.
Offert à la nation par la Société Nationale des Pétroles du Congo et sa Fondation, l’ensemble remplace l’ancien CEG Liberté et aspire à devenir, selon le mot des officiels, « un trait d’union entre générations », résumant la place centrale que l’éducation occupe dans la stratégie gouvernementale.
Un campus pour la jeunesse de Talangaï
Construit sur trois hectares, le site juxtapose quatre cycles : préscolaire, primaire, collège et lycée. Pour l’année 2025-2026, seule la classe de seconde est programmée, mais la configuration des salles laisse déjà entrevoir l’évolution progressive vers un enseignement complet de la maternelle au baccalauréat.
Les 24 bâtiments, dont douze à étage, totalisent 85 salles spacieuses et aérées. Des couloirs lumineux facilitent la circulation, tandis qu’une cour centrale végétalisée rompt avec l’image des cours bétonnées, rappelant l’importance accordée aux conditions d’apprentissage et au bien-être des élèves.
Autour des blocs pédagogiques, le maître d’ouvrage a prévu quatorze logements destinés au personnel, un poste de police, un autre de gendarmerie, ainsi qu’un forage industriel et trois châteaux d’eau garantissant l’autonomie en eau, détail que les habitants du quartier jugent déterminant.
Côté loisirs, une zone sportive polyvalente encourage la pratique du football, de l’athlétisme ou du basketball. Pour l’administrateur-maire de Talangaï, « le sport complète la formation citoyenne tout autant que la maîtrise des programmes », rappelant la vocation inclusive du complexe.
Un investissement signé SNPC
Devant les officiels, Maixent Raoul Ominga, directeur général de la SNPC, a rappelé que l’entreprise publique a mobilisé son budget propre et l’expertise de sa Fondation pour livrer le chantier, théâtre d’un ballet de 300 ouvriers durant vingt-quatre mois.
Le coût global n’a pas été rendu public, mais l’opérateur pétrolier souligne l’emploi de matériaux conformes aux normes parasismiques et à la réglementation thermique. L’éclairage LED, associé à des panneaux solaires, répond à l’objectif de maîtrise de l’empreinte environnementale fixé dans le cahier des charges.
La SNPC s’engage à assurer la maintenance intégrale du complexe pendant un an et demi, période durant laquelle les équipes techniques formeront le personnel administratif à la gestion des réseaux électriques, hydrauliques et informatiques, gage de pérennité pour un équipement présenté comme exemplaire.
« Nous voulons montrer que le secteur extractif peut irriguer directement le capital humain », a résumé Maixent Raoul Ominga. Cette approche s’inscrit dans la politique de responsabilité sociétale de l’entreprise, régulièrement saluée dans les bilans officiels consacrés au développement durable.
Des ambitions pour l’excellence académique
Jean-Luc Mouthou, ministre en charge de l’enseignement général, voit dans l’édifice un outil de cohésion nationale, capable de réunir, dans les mêmes classes, enfants de fonctionnaires, de commerçants et de travailleurs du secteur informel, véritable accélérateur de brassage social.
Le nouveau campus doit aussi soulager les lycées Thomas Sankara A et B, saturés depuis plusieurs années. Selon les projections ministérielles, la capacité d’accueil de 10 000 élèves permettra de réduire les effectifs par classe et d’améliorer le taux de réussite aux examens nationaux.
Les programmes pédagogiques resteront ceux du ministère, mais l’établissement prévoit des clubs scientifiques, un journal scolaire et un espace numérique équipé de centaines de tablettes. Pour le proviseur nommé, « l’excellence se cultive en ouvrant l’esprit critique et la curiosité dès le plus jeune âge ».
Le dispositif de sécurité intérieure, incluant quatre véhicules nouveaux pour la gendarmerie et la police, vise à rassurer les familles et à protéger le matériel informatique, souvent cible de vols dans les établissements alentours, détail souligné par plusieurs parents rencontrés lors de la cérémonie.
Un modèle appelé à essaimer
Satisfait de la réception des travaux, le directeur général de la SNPC a annoncé la duplication prochaine du concept dans les arrondissements de Bacongo et Makélékélé. Les études topographiques sont achevées et la phase de mobilisation financière serait déjà lancée.
Du côté des autorités locales, on insiste sur l’effet d’entraînement : des entreprises de messagerie prévoient d’ouvrir des agences, tandis que des vendeuses de fournitures scolaires ont installé leurs étals aux abords. « Un établissement, c’est aussi une micro-économie », observe un commerçant.
Les responsables du ministère imaginent par ailleurs un partenariat avec l’Université Marien-Ngouabi pour que des étudiants en sciences de l’éducation puissent effectuer des stages et enrichir l’approche pédagogique. Cette synergie illustrerait la volonté d’articuler formation initiale, recherche et pratique sur le terrain.
En fin de visite, Denis Sassou Nguesso a salué « l’effort conjoint de la puissance publique et de l’entreprise nationale » et a invité les enseignants à prendre soin des infrastructures. Les premiers cours attendus en novembre marqueront le véritable baptême d’un complexe déjà emblématique.
