Le calendrier désormais incertain
Le samedi 27 septembre 2025, les stades du Congo-Brazzaville devaient résonner au rythme de la première journée de Ligue 1. Les équipes étaient prêtes, les supporters aussi. Mais le silence a remplacé le coup d’envoi, confirmant le report déjà annoncé deux semaines auparavant.
La Fédération congolaise de football, la Fécofoot, avait initialement fixé le début du championnat au 13 septembre. Un délai supplémentaire devait permettre d’obtenir du ministère des Sports les indispensables autorisations d’occupation des enceintes. Ces documents n’ont toujours pas été délivrés.
Deux explications toujours attendues
Selon une source au sein du ministère, l’administration attend de la Fécofoot des éclaircissements sur deux points jugés déterminants pour l’équité sportive. Le premier concerne l’augmentation du nombre de clubs en Ligue 1, passée de 14 à 16 sans décision formelle de l’assemblée générale.
Le second point porte sur la gestion des scandales de corruption qui ont entaché la dernière saison, notamment lors des rencontres As Otohô-Inter-Club à Kinkala et AC Léopards-Cara à Dolisie. Le ministère s’interroge sur la qualification des deux clubs incriminés pour les compétitions africaines.
La légalité de l’élargissement sous la loupe
Pour les services juridiques du ministère, seules les assises de l’assemblée générale peuvent modifier la composition de la Ligue 1. Or, aucun procès-verbal ne mentionne un vote validant le passage à 16 équipes. L’instance ministérielle maintient donc sa réserve en attendant une régularisation claire.
« Les textes sont explicites : toute réforme de la compétition doit naître de l’assemblée générale, pas du comité exécutif », rappelle un conseiller, soulignant l’importance de préserver l’autorité des statuts fédéraux et la crédibilité du championnat.
La corruption, sujet brûlant
Sur le volet éthique, le ministère demande un rapport détaillé sur les allégations de matches arrangés. Les rencontres citées ont fait l’objet de doutes publics et les décisions disciplinaires prises par la commission ad hoc n’ont pas été communiquées officiellement.
« Nous devons protéger l’image de notre football. Les clubs engagés dans les compétitions continentales doivent être au-dessus de tout soupçon », insiste un haut fonctionnaire. Des sanctions exemplaires sont attendues pour clôturer définitivement le dossier.
Les clubs face à l’attente
Dans les centres d’entraînement, joueurs et entraîneurs ajustent leur préparation sans calendrier définitif. Certains dirigeants redoutent la lassitude des sponsors. « Chaque semaine de retard pèse sur notre trésorerie », confie le président d’un club de Brazzaville, qui estime la facture à plusieurs millions de francs CFA.
Les supporters s’impatientent également. Sur les réseaux sociaux, nombreux réclament un compromis rapide. Les groupes de fans redoutent que l’arrêt prolongé nuise à la dynamique populaire que connaît le football congolais depuis plusieurs saisons.
Le rôle d’arbitre du ministère
De leur côté, les autorités sportives assurent agir pour l’intérêt général. Elles rappellent que la bonne gouvernance sportive participe de l’effort de modernisation engagé par l’État. « Nous voulons des compétitions transparentes, fédératrices et conformes aux normes internationales », affirme le directeur de cabinet du ministre.
Le ministère souligne que l’État investit régulièrement dans la rénovation des stades et le développement des jeunes talents. Il estime donc légitime d’exiger que la Fécofoot réponde aux préoccupations soulevées avant toute nouvelle saison.
La Fécofoot promet des réponses
Joint par téléphone, un membre du comité exécutif admet un retard dans la transmission des documents. « Nous finalisons les rapports et convoquerons une assemblée générale extraordinaire si nécessaire. Aucun club ne sera lésé », assure-t-il, évoquant un envoi au ministère « dans les prochains jours ».
La fédération dit espérer un dénouement rapide afin que la saison puisse démarrer au plus tard en octobre. Elle affirme avoir consulté la plupart des présidents de clubs qui, selon elle, approuvent l’élargissement jugé bénéfique pour la compétitivité nationale.
Conséquences sportives et économiques
Un démarrage tardif comprimera le calendrier et pourrait fatiguer les joueurs soumis à un enchaînement resserré de rencontres. Les techniciens craignent un impact sur la participation en compétitions africaines, où les clubs congolais devront être prêts dès l’hiver.
Sur le plan économique, la billetterie, les droits télé et les partenariats risquent de subir un manque à gagner significatif. Les experts rappellent toutefois que la clarté institutionnelle reste le meilleur gage de pérennité financière à moyen terme.
Vers une sortie de crise ?
Si la Fécofoot fournit les clarifications exigées, le ministère devrait autoriser l’utilisation des stades et publier un calendrier révisé. Plusieurs sources évoquent déjà une rencontre de conciliation. L’hypothèse d’un démarrage en octobre, avec un format à 14 équipes maintenu, est étudiée.
Les observateurs soulignent l’enjeu plus large : consolider la gouvernance du football congolais pour accompagner l’ambition d’une professionnalisation accrue. Au-delà du report actuel, c’est la crédibilité des compétitions et l’attractivité du championnat qui se jouent.