Un plan stratégique au cœur des relations euro-africaines
L’Italie et l’Union européenne ont récemment annoncé un investissement conséquent de 1,2 milliard d’euros dans des projets africains, un jalon clef dans leur stratégie pour reformer les liens euro-africains. La Première ministre italienne Giorgia Meloni, ainsi que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ont souligné l’importance de cette initiative, qui va au-delà du simple soutien financier. Ce projet, vital pour le Plan Mattei de l’Italie et le Global Gateway de l’UE, se concentre sur des secteurs clés tels que les infrastructures ferroviaires, la connectivité numérique, et l’agriculture résiliente.
Parmi les initiatives majeures figure le corridor de Lobito, une ligne ferroviaire de 800 kilomètres traversant l’Angola, la République Démocratique du Congo et la Zambie, ainsi que l’expansion du câble sous-marin Blue Raman vers l’Afrique de l’Est. Meloni a qualifié ce sommet de moment charnière pour les relations Europe-Afrique, tandis que von der Leyen a souligné les réalisations concrètes de la stratégie européenne matérialisées par des investissements substanciels.
Politique migratoire et rivalité géopolitique
Ce plan d’investissement ne se limite pas à un simple projet de développement; il s’inscrit dans une stratégie diplomatique consciente. Face aux flux migratoires incessants et à l’influence grandissante de la Chine en Afrique, l’Europe cherche à renforcer ses alliances stratégiques sur le continent. L’Italie milite pour un nouveau modèle de partenariat qui privilégie des engagements concrets, se démarquant ainsi des politiques plus moralisatrices adoptées par certains États européens.
En associant développement local et stratégie géopolitique, l’Italie espère endiguer les flux migratoires à leur origine, une démarche pragmatique, mais dont l’impact réel sur le terrain reste à confirmer. Pour Ursula von der Leyen, cette approche pourrait constituer un outil puissant contre la pression migratoire, redéfinissant ainsi l’implication de l’Europe en Afrique.
Les critiques d’une stratégie perçue comme néocoloniale
Malgré les ambitions affichées, le plan a suscité des critiques sévères, notamment de la part de certaines organisations africaines. La coalition Don’t Gas Africa a fustigé ce projet comme étant une manifestation néocoloniale privilégiant les combustibles fossiles, tout en marginalisant les communautés locales dans les processus décisionnels. Une critique récurrente est l’absence de financements réellement nouveaux et le manque de concertation avec les partenaires africains.
L’Union africaine avait précédemment exprimé son mécontentement concernant l’absence d’un réel dialogue et d’une co-construction véritable. Pour beaucoup, ces engagements raisonnent comme une promesse de plus, potentiellement vouée à rallonger la liste des initiatives non réalisées. Ce scepticisme souligne l’urgence de reconfigurer les modalités de collaboration pour rendre cet investissement fructueux et équitable.