Un chantier stratégique pour la Cuvette
Dans la Cuvette, l’accès à l’énergie reste un levier clé de développement. Le projet de raccordement d’Ewo et Mossaka s’inscrit dans le Plan national d’électrification, pensé pour réduire les disparités entre le littoral et l’hinterland du Congo-Brazzaville.
L’État, par l’intermédiaire du ministère de l’Aménagement du territoire, coordonne l’initiative. Jean Jacques Bouya évoque « un pari sur l’avenir » qui doit renforcer la cohésion territoriale en connectant les chefs-lieux aux grandes lignes du réseau interconnecté.
Le financement, fruit d’un partenariat public avec des opérateurs spécialisés, mobilise des ingénieurs congolais et chinois. Les autorités soulignent le transfert de compétences prévu dans les contrats de sous-traitance afin d’assurer la maintenance future des installations.
Sur le terrain, la population observe l’arrivée des pylônes comme un signal tangible de modernisation. À Mossaka comme à Ewo, les attentes se concentrent sur l’amélioration des services essentiels et des activités génératrices de revenus une fois le courant disponible.
Avancement technique à Ewo
Long de 80 km, le tronçon Boundji-Ewo est désormais entièrement équipé de pylônes haute tension. Les câbles ont été tirés sans incident majeur, grâce à un calendrier ajusté aux conditions climatiques et à la topographie forestière qui entoure la zone.
Les tests de charge réalisés par les ingénieurs ont validé la conformité de la ligne aux normes internationales. Les relevés d’intensité et de résistance confirment la fiabilité de l’ouvrage, a indiqué le ministre d’État lors de sa visite de contrôle.
Parallèlement, le centre de dispatching d’Ewo prend forme. Les techniciens d’une entreprise chinoise y ont installé les armoires de commande, les convertisseurs et les systèmes de protection. Selon le chef de chantier, l’interface numérique facilitera la supervision à distance depuis Brazzaville.
Avec ces équipements, Ewo deviendra un nœud secondaire du réseau national. Les planificateurs anticipent une capacité suffisante pour soutenir la croissance démographique de la commune durant la prochaine décennie, tout en permettant des extensions vers les localités voisines.
Mossaka, défi logistique maîtrisé
Le trajet Olombo-Mossaka traverse une zone marécageuse réputée difficile, particulièrement en saison des pluies. Malgré cela, 104 km de pylônes ont déjà été érigés et 60 km de câble posés, soit plus de la moitié du linéaire alimenté.
Les ingénieurs expliquent avoir utilisé des fondations spéciales, injectées de béton à prise rapide pour stabiliser les sols gorgés d’eau. Cette technique, testée sur le corridor fluvial, limite l’enfoncement des structures sous le poids des matériaux.
Jean Jacques Bouya rappelle que l’électrification de Mossaka figurait dans les engagements présidentiels de 2021. « Le chantier illustre la capacité du Congo à surmonter des contraintes naturelles pour tenir parole auprès des citoyens », souligne-t-il, insistant sur l’importance de la saison sèche pour accélérer la cadence.
Les travaux restants portent surtout sur le tirage final des conducteurs et la mise en place des transformateurs de distribution. Les entreprises adjudicataires ont confirmé viser la fin des opérations lourdes avant le retour des pluies intenses.
Impact socio-économique attendu
Les autorités locales anticipent une réduction significative des coûts liés aux groupes électrogènes. Les ménages espèrent un accès régulier à l’éclairage, tandis que les commerçants comptent prolonger leurs horaires d’ouverture et diversifier leurs services, notamment dans la chaîne du froid.
Les établissements scolaires et sanitaires devraient aussi bénéficier d’un apport électrique stable. À l’hôpital d’Ewo, la direction prévoit l’opérationnalisation permanente du bloc opératoire, longtemps tributaire d’un approvisionnement incertain en carburant pour les générateurs.
Du point de vue de la sociologie rurale, l’arrivée du courant pourrait inverser certains flux migratoires. Des jeunes partis vers les centres urbains pourraient envisager un retour si de nouvelles opportunités artisanales et numériques se présentent.
Les observateurs économiques précisent toutefois que l’effet multiplicateur dépendra de la tarification finale et de la rapidité de raccordement des abonnés. Des campagnes de sensibilisation sont prévues pour expliquer les procédures et encourager des usages productifs de l’énergie.
Prochaines étapes et perspectives régionales
Le ministre d’État encourage les équipes à profiter de la fenêtre climatique actuelle pour boucler les ouvrages restants. Une fois les tests de mise sous tension validés, la Société nationale d’électricité procédera aux premiers branchements pilotes.
À moyen terme, le projet ouvre la voie à une boucle de distribution dans le nord du pays. Les services techniques étudient déjà un prolongement vers Makoua, afin de renforcer la résilience du réseau et diversifier les sources d’alimentation.
Les analystes estiment que l’intégration d’Ewo et de Mossaka au réseau contribuera à rapprocher la couverture électrique nationale de l’objectif fixé dans le Plan national de développement. Dans ce cadre, l’électrification rurale constitue un indicateur clé de performance.
Au-delà des aspects techniques, le chantier symbolise la continuité d’une politique d’aménagement équilibrée. Comme le conclut Jean Jacques Bouya, « l’énergie représente un droit pour tous et un facteur essentiel de cohésion. Chaque avancée rapproche nos concitoyens du même horizon de progrès ».