Des infrastructures fragilisées
Le silence du lever de soleil sur Mabombo contraste avec les éclats de voix enfantines qui s’échappent d’un bâtiment aux murs fissurés. À l’école primaire, les planches disjointes laissent passer la lumière et la pluie, rappelant combien la fragilité des infrastructures pèse sur l’avenir des élèves.
Selon l’Association des Parents d’Élèves et Étudiants du Congo, la construction artisanale du site n’offre plus la sécurité élémentaire. Les fondations s’affaiblissent, les toitures ploient, et le sol, irrégulier, décourage toute installation de mobilier pédagogique adapté aux méthodes modernes que promeut l’État.
Les couloirs, faute de cloisons entières, se confondent avec la cour où coqs et cabris circulent librement. Ce partage inattendu de l’espace scolaire résume l’ampleur du défi : protéger la concentration des enfants dans un environnement qui, au quotidien, brouille la frontière entre maison et salle de classe.
Les responsables locaux admettent que la vétusté des lieux nuit à l’image d’un système éducatif congolais pourtant ambitieux. La situation de Mabombo, expliquent-ils, appelle une réponse proportionnée aux attentes d’une jeunesse qui aspire à des infrastructures dignes de sa motivation et du programme national.
Des conditions d’apprentissage précaires
Quand la cloche retentit, les écoliers réorganisent eux-mêmes les bancs branlants afin d’échapper aux flaques laissées par la dernière averse. Chaque geste d’installation consomme de précieuses minutes de cours, réduisant un calendrier déjà serré par les ambitions pédagogiques fixées au niveau départemental.
Les enseignants, souvent issus du village voisin, redoublent d’ingéniosité pour maintenir l’attention. Ils utilisent craies, chansons et récits afin de détourner le regard des élèves des planches éventrées. Leur dévouement souligne la conviction partagée : rien ne remplacera la qualité d’un encadrement présent et motivé.
Cependant, François Mboungou Massoukou s’inquiète des résultats futurs. « Sans école digne, impossible de former les cadres dont le pays a besoin », rappelle-t-il. Pour le conseiller communal, la progression scolaire passe par un environnement serein, respectueux du travail du maître et du rythme de chaque enfant.
À la fatigue matérielle se mêle le poids psychologique ; certaines familles hésitent à envoyer les plus jeunes, craignant accidents et maladies. L’APEEC, qui multiplie réunions et messages, insiste sur la nécessité de rassurer les parents avant d’envisager un taux de scolarisation en hausse.
Mobilisation locale et nationale
Membre actif du Mouvement national pour la libération du Congo, François Mboungou Massoukou assure soutenir les efforts engagés par le gouvernement pour renforcer l’éducation de base. Son discours se veut constructif : l’État, dit-il, trace déjà des priorités, et Mabombo doit apparaître comme un laboratoire de la relance.
Dans cette dynamique, le conseiller plaide pour un partenariat élargi entre autorités départementales, parents et organisations non gouvernementales. Il propose des chantiers participatifs, où maçons du district et volontaires œuvreraient côte à côte, afin de réduire les coûts et de favoriser l’appropriation locale du projet.
Le plaidoyer a déjà trouvé écho auprès de l’APEEC, qui envisage une collecte de fonds ciblée sur la réfection des toitures. Les images diffusées durant les réunions montrent des salles assombries par la poussière, rappel utile pour déclencher une solidarité financière sans laquelle aucun chantier ne démarrera.
Pour nombre d’observateurs, l’initiative locale rejoint la vision gouvernementale d’une école inclusive. Les réformes récentes misent sur la décentralisation des solutions, encouragement clair à des projets pilotes capables d’inspirer d’autres districts. La réussite de Mabombo porterait un message d’espoir à l’ensemble du département de la Bouenza.
Vers un redressement espéré
Le calendrier proposé par François Mboungou Massoukou table sur une première phase d’urgence : sécuriser murs et toits avant les grandes pluies. Une deuxième séquence viserait la création d’une bibliothèque et l’introduction de supports numériques, en ligne avec les ambitions nationales de transition digitale.
Dans l’attente de subventions, les parents se disent prêts à fournir hourdis, sable et main-d’œuvre. « Le district de Mabombo est mon cheval de bataille », répète le conseiller, salué par des applaudissements. L’adhésion populaire constitue un indicateur encourageant pour les partenaires désireux de sécuriser leurs apports.
Au-delà des murs, l’enjeu porte sur la confiance : restaurer l’école, c’est affirmer la capacité collective à façonner l’avenir. Les enfants, première richesse du Congo-Brazzaville, méritent un cadre propice à la découverte et à la créativité, socle d’une citoyenneté active et d’une économie diversifiée.
Si les engagements se concrétisent, Mabombo deviendra symbole d’une coopération réussie entre État, mouvements associatifs et communautés. Une école neuve signerait la victoire d’une vision partagée : bâtir un système éducatif résilient, capable d’ouvrir, pour chaque élève, les portes du développement personnel et national.
Le ministère de l’Enseignement primaire suit la mobilisation et promet un soutien technique. Des ingénieurs départementaux valideront chaque étape, garantissant durabilité et sécurité sans alourdir le budget communautaire.
Pour J. M. Kiossi, qui signe ce reportage, l’histoire de Mabombo montre qu’une communauté soudée peut renverser les obstacles. « Les murs sont fragiles, la volonté demeure solide », confie-t-il, espérant inspirer d’autres villages.