Brazzaville célèbre l’élégance éducative
Brazzaville a vibré, du 11 au 14 août, au rythme d’une master class inédite dédiée à l’art de vivre. Sous le soleil de la capitale, plusieurs dizaines de jeunes femmes ont exploré les secrets de l’élégance contemporaine, entre ateliers pratiques et échanges inspirants.
Sous l’égide de la Fondation Pupuce Academy, l’événement ambitionnait de faire découvrir des compétences dites intemporelles : art de la table, étiquette, savoir-vivre. Autant de disciplines parfois sous-estimées, pourtant déterminantes dans la construction d’une présence sociale assurée.
Le choix d’Aurélie Makosso, épouse du Premier ministre, comme marraine, a donné un éclairage institutionnel à la démarche. Dans la salle, l’enthousiasme côtoyait la rigueur, illustrant le souci d’aligner les ambitions personnelles sur les attentes d’un Congo ouvert et compétitif.
Pupuce Academy, un héritage qui s’enracine
Pupuce Academy, nommée en hommage à la mécène culturelle Pupuce Ibata Ngalla, porte un projet éducatif intergénérationnel. Sa fondatrice, Pucette Sassou N’Guesso, mise sur la transmission de valeurs afin de prolonger l’œuvre humaniste de l’ancienne présidente du comité Miss Congo.
L’académie adopte une approche modulaire. Les participants, âgées d’au moins dix-huit ans, passent par des sessions intensives d’éloquence, de leadership, d’entrepreneuriat et d’expression artistique. Chaque module se clôture par une attestation, levier symbolique pour leur insertion professionnelle.
Dans son allocution, Marina Mondelé, représentante de la marraine, a rappelé que « l’art de la table est un langage universel de respect ». Une déclaration qui a résonné auprès des jeunes femmes, conscientes qu’une gestuelle maîtrisée ouvre souvent des portes.
Le positionnement de Pupuce Academy s’inscrit dans l’agenda national de promotion de l’autonomisation féminine. En développant les soft skills, l’institution favorise la constitution d’un capital social susceptible de renforcer la participation des femmes aux sphères économiques et culturelles.
Transformer la jeunesse féminine par les soft skills
Loin d’être un divertissement mondain, l’apprentissage de l’étiquette répond à une logique de performance sociale. Sociologues et recruteurs soulignent régulièrement que la maîtrise des codes relationnels améliore la confiance et réduit les asymétries lors d’entretiens ou de négociations.
À Brazzaville, ces considérations prennent une dimension particulière. La jeunesse représente plus de soixante pour cent de la population, et son insertion dans un marché du travail concurrentiel suppose un bagage comportemental aussi essentiel que les diplômes techniques.
Les ateliers d’éloquence, animés par des coachs issus de la scène théâtrale locale, ont permis aux participantes de travailler posture, respiration et clarté argumentative. « Parler, c’est déjà diriger », insiste l’oratrice Yvette Bessa, rappelant l’impact d’une parole structurée sur la crédibilité.
Un module consacré à l’entrepreneuriat a ouvert un dialogue sur la diversification économique recherchée par les autorités. Les mentors ont encouragé la création de micro-services liés à l’événementiel, à la mode ou à la restauration, secteurs où le raffinement devient avantage concurrentiel.
Le résultat immédiat fut visible lors de la remise des certificats. Les nouvelles ambassadrices de l’académie ont présenté des pitchs personnels, démontrant aisance oratoire et tenue impeccable. Le public, composé d’entrepreneurs et de représentants ministériels, a salué la maturité des projets.
Un volet sociétal soutenu par les institutions
Au-delà de la salle, l’initiative reflète une stratégie nationale de capital humain, déjà esquissée dans le Plan national de développement 2022-2026. Ce document met l’accent sur la qualité de la main-d’œuvre et sur l’intégration des femmes dans les chaînes de valeur.
Le ministère de la Promotion de la femme soutient, par des subventions ciblées, les structures privées actives dans la formation non formelle. Selon un responsable rencontré sur place, ce partenariat public-privé garantit une diffusion rapide des bonnes pratiques dans l’ensemble du pays.
Pour les familles, l’investissement est jugé rentable. Les frais d’inscription demeurent modérés, et le retour se mesure en réseaux accrus ou en opportunités d’emploi. Plusieurs lauréates ont déjà été sollicitées pour des événements diplomatiques, preuve que le savoir-vivre peut devenir une compétence marchande.
Les partenaires internationaux observent la démarche avec intérêt. L’Unesco, qui promeut l’éducation aux valeurs, a salué l’expérience congolaise lors d’un webinaire régional. Cette visibilité pourrait ouvrir la voie à des coopérations Sud-Sud axées sur la formation aux compétences sociales.
Perspectives pour une diplomatie culturelle congolaise
Au-delà de l’autonomisation individuelle, Pupuce Academy participe à la diplomatie culturelle du Congo. Former des ambassadrices du raffinement renforce l’image d’un pays attaché à l’harmonie et à la convivialité, des valeurs appréciées dans les forums africains et internationaux.
La prochaine étape annoncée par la direction est la création d’un campus permanent, doté de salles multimédias et d’un restaurant d’application. L’infrastructure devrait accueillir, dès 2025, des jeunes issus d’autres régions, marquant une décentralisation progressive des offres éducatives.
Sur le plan académique, des partenariats avec l’Université Marien-Ngouabi sont à l’étude pour intégrer des unités de valeur centrées sur le protocole et la négociation interculturelle. Cette reconnaissance universitaire consoliderait la portée scientifique des formations offertes.
En attendant, les visages souriants des premières diplômées symbolisent une dynamique vertueuse. Chaque poignée de main élégante, chaque discours posé devient un message d’espoir : le capital humain congolais se prépare, dans la dignité, à relever les défis régionaux.