Un appel national à la mobilisation médiatique
À Brazzaville, la récente conférence de presse du ministre de la Communication et des Médias, Thierry Lézin Moungoulla, a placé les journalistes congolais au centre de la dynamique diplomatique visant à installer Firmin Edouard Matoko à la tête de l’Unesco.
Devant un parterre de rédactions, le porte-parole du gouvernement a souligné que l’enjeu dépasse la seule promotion d’un compatriote ; il s’agit, selon lui, de « porter un projet pour l’avenir de l’Unesco », institution appelée à se rapprocher davantage des aspirations populaires.
Le parcours d’un expert de l’Unesco
Firmin Edouard Matoko, fonctionnaire international depuis trente-cinq ans, connaît intimement les rouages de l’agence onusienne, où il a gravi les échelons jusqu’à devenir l’un de ses cadres les plus chevronnés, en charge de la culture, de l’éducation et de la coopération africaine.
Pour Thierry Lézin Moungoulla, cette trajectoire confère au candidat congolais une légitimité « naturelle » : il dispose, affirme-t-il, de la compétence, de l’expérience et de la vision requises pour diriger une institution aujourd’hui confrontée à des tensions géopolitiques sans précédent.
Diplomatie itinérante et soutiens africains
Depuis plusieurs mois, le diplomate sillonne des capitales clés, d’Abidjan à Pretoria, en passant par Lagos, Djibouti et Libreville, accompagné de représentants de haut niveau du Congo-Brazzaville, pour présenter son programme et sonder les attentes des membres du Conseil exécutif de l’Unesco.
Les échos recueillis, assure le ministre, révèlent une chaleur d’accueil encourageante de la part du groupe africain ; cet alignement continental serait, selon lui, un levier décisif pour l’étape finale du scrutin prévue le 6 octobre au siège parisien de l’organisation.
Médias congolais au cœur de la campagne
Pour maximiser cette dynamique, Thierry Lézin Moungoulla a exhorté les « chevaliers de la plume » à diffuser, en continu, la pertinence du message porté par M. Matoko : la défense d’un multilatéralisme rénové, ancré dans la culture et l’éducation comme vecteurs de paix durable.
La mobilisation médiatique attendue ne se limite pas aux organes publics ; elle engage aussi les plateformes numériques et la presse régionale, invitées à contextualiser un processus électoral où la concurrence internationale s’annonce soutenue et où l’image du candidat compte autant que son projet.
Enjeux d’un multilatéralisme en mutation
Le ministère rappelle que le scrutin intervient dans un climat de fragmentation géopolitique, ponctué de remises en cause de la légitimité des institutions onusiennes ; l’Unesco, chargée de promouvoir éducation, science et culture, n’échappe pas à ces questionnements sur son efficacité.
Dans cette perspective, l’expérience de gestion acquise par M. Matoko au sein des programmes prioritaires apparaîtrait, selon Brazzaville, comme un atout pour « maintenir le cap dans la tempête » et conduire les réformes internes nécessaires à la rénovation de l’agence.
Intérêt stratégique pour le Congo-Brazzaville
Au-delà du succès personnel, le Congo-Brazzaville mise sur une éventuelle victoire pour accroître sa visibilité sur la scène multilatérale, conforter les lignes directrices de sa diplomatie culturelle et renforcer son image de partenaire fiable, ouvert au dialogue et attaché aux valeurs universelles.
Le gouvernement voit également dans cette campagne un exercice de cohésion interne ; elle fédère institutions, société civile et diaspora autour d’un objectif commun, susceptible de nourrir un sentiment d’appartenance et de confiance dans la capacité congolaise à influencer les affaires mondiales.
Lignes directrices de la communication nationale
Sur le plan technique, les rédactions sont encouragées à articuler leurs productions autour de trois axes : présentation du parcours du candidat, explication des enjeux pour l’Unesco et décryptage des retombées possibles pour le Congo-Brazzaville et pour le continent africain dans son ensemble.
Le ministère préconise également un traitement équilibré, fondé sur des sources vérifiables et sur la diffusion d’analyses thématiques, afin de garantir la crédibilité du message et d’éviter toute perception de propagande qui pourrait affaiblir l’impact recherché auprès des partenaires étrangers.
Calendrier électoral et dernières étapes
La date du 6 octobre se profile donc comme l’échéance décisive ; le vote sera exprimé par les cinquante-huit membres du Conseil exécutif, et une majorité absolue sera requise pour désigner le futur directeur général, avant validation par la Conférence générale.
En amont, la campagne de M. Matoko poursuivra son tour de consultations, tandis que les rédactions congolaises devraient intensifier reportages, entretiens et éditoriaux, avec le double objectif d’informer le public national et de relayer, auprès de l’audience internationale, les arguments du candidat.
Optimisme officiel et vigilance diplomatique
Dans les couloirs du ministère, l’optimisme reste mesuré mais tangible ; « nous avons la conviction que sa candidature s’inscrit dans les idéaux de l’Unesco et saura convaincre nos partenaires », confie un conseiller, résumant l’état d’esprit officiel à l’approche du rendez-vous parisien.
Une dynamique continentale en perspective
Si le candidat congolais l’emporte, Brazzaville estime que l’Afrique disposerait d’une voix supplémentaire pour orienter la réflexion mondiale sur la restitution des patrimoines, la numérisation des savoirs autochtones et l’élargissement de l’accès à l’éducation dans les zones rurales.
Pour les analystes interrogés, la désignation d’un responsable originaire du Congo-Brazzaville constituerait aussi un symbole fort de la montée en puissance des talents africains dans les organes de gouvernance mondiale, à un moment où la diversification des leaderships est considérée comme indispensable.