Un rôle institutionnel renforcé
En clôturant la neuvième session ordinaire, Isidore Mvouba a donné le ton d’une Chambre basse plus proactive. Sans remettre en cause l’équilibre institutionnel voulu par la Constitution, le président de l’Assemblée nationale entend placer le contrôle parlementaire au cœur de l’action publique.
Issu du banc majoritaire, l’ancien Premier ministre souligne que la confrontation d’idées peut se faire sans acrimonie. En citant la nécessité d’« marquer le gouvernement à la ceinture », il rappelle un principe classique de la séparation des pouvoirs, indispensable au renforcement de la bonne gouvernance.
Le discours a été salué par plusieurs observateurs qui y voient la preuve d’un Parlement plus proche des attentes citoyennes. Au sein même de la majorité, des voix plaident pour un suivi régulier des programmes publics, gage de transparence et d’efficacité budgétaire.
Objectifs économiques et climat des affaires
Dans un contexte mondial marqué par les ajustements post-pandémiques, l’Assemblée nationale souhaite accompagner l’exécutif dans l’amélioration du climat des affaires. Le classement Doing Business, bien que méthodologique, demeure un indicateur suivi par les investisseurs internationaux, et sa progression constitue un objectif partagé.
Isidore Mvouba a souligné aussi la viabilisation de la dette, sujet sensible pour les finances publiques. Conformément aux orientations de la Commission de la Cemac, l’hémicycle entend examiner de près les mécanismes de refinancement afin de maintenir un ratio dette/PIB compatible avec la croissance inclusive.
Les parlementaires, appuyés par des économistes nationaux, envisagent d’inviter régulièrement le ministère des Finances pour des auditions ouvertes. Cet exercice de redevabilité, déjà pratiqué dans certains pays voisins, renforcerait la confiance des partenaires techniques tout en nourrissant le débat démocratique.
Synergie avec le programme gouvernemental
Depuis la formation du gouvernement dirigé par Anatole Collinet Makosso, plusieurs réformes sectorielles ont été engagées. L’Assemblée se positionne comme un partenaire critique mais constructif, veillant à ce que les textes adoptés traduisent fidèlement les orientations fixées par le président Denis Sassou Nguesso.
Parmi les dossiers attendus figure le nouveau code minier, essentiel pour diversifier l’économie au-delà des hydrocarbures. Des commissions mixtes planchent déjà sur la durabilité environnementale, la valeur ajoutée locale et la répartition équitable des royalties entre l’État, les collectivités et les communautés riveraines.
Dans le même esprit, la réforme du secteur forestier fera l’objet d’un suivi rapproché. L’enjeu porte sur l’accroissement du taux de transformation locale et la lutte contre la coupe illégale. Les députés comptent s’appuyer sur les rapports d’organismes indépendants pour consolider leur expertise.
Attentes sociales et crédibilité parlementaire
L’opinion publique demeure attentive à la capacité du Parlement à traiter les préoccupations quotidiennes : pouvoir d’achat, accès à l’eau, qualité des infrastructures. Plusieurs élus annoncent des descentes sur le terrain pour confronter les indicateurs officiels à la réalité vécue par les ménages.
Des sociologues soulignent que la légitimité parlementaire se renforce quand le contrôle s’accompagne d’une pédagogie claire. Pour Ali Ngoma, enseignant à l’Université Marien-Ngouabi, « l’enjeu n’est pas de sanctionner, mais de comprendre les logiques d’action publique et de les améliorer collectivement ».
Afin de répondre à ces attentes, le bureau de l’Assemblée envisage de publier un rapport trimestriel sur l’état de mise en œuvre des recommandations. L’initiative, encore inédite, pourrait être diffusée sur les réseaux sociaux officiels afin de toucher la jeunesse connectée.
Perspectives 2026 et partenariats
La prochaine rentrée parlementaire, attendue à la fin du premier trimestre 2026, sera l’occasion de tester cette nouvelle dynamique. À l’agenda figurent la loi de finances rectificative, la feuille de route numérique et la ratification de plusieurs accords de partenariats stratégiques.
Les analystes estiment qu’un dialogue régulier entre le gouvernement et l’Assemblée pourrait accélérer l’exécution du Plan national de développement. En combinant discipline budgétaire et projets à haute intensité d’emplois, le Congo-Brazzaville consoliderait sa résilience face aux fluctuations des marchés internationaux.
Pour Isidore Mvouba, le succès repose aussi sur la qualité des débats. « Un Parlement vivant est un Parlement utile », confiait-il récemment à des journalistes. Le défi consistera à préserver ce climat d’échanges tout en respectant les impératifs de stabilité institutionnelle.
En définitive, l’Assemblée nationale s’inscrit dans une logique de modernisation de ses pratiques. L’expérience comparée démontre que le contrôle parlementaire, loin d’affaiblir l’exécutif, peut en devenir le premier allié en identifiant précocement les correctifs nécessaires à la réussite des politiques publiques.
Alors que les regards se tournent vers 2026, beaucoup espèrent que l’élan impulsé par Isidore Mvouba durera. Dans un pays en quête d’émergence, le couple exécutif-législatif dispose d’une carte maîtresse : faire de la redevabilité un levier de développement partagé.
De leur côté, les partenaires internationaux observent avec intérêt cette évolution. La Banque africaine de développement, dans une note récente, estime que la transparence parlementaire peut réduire le coût du capital pour les projets d’infrastructures, une donnée bienvenue à l’heure de la transition énergétique nationale.
Cette perspective conforte la voie d’un Parlement modernisé, déterminé à conjuguer contrôle et esprit de collaboration durable.