Formation budgétaire à Brazzaville: enjeux immédiats
Dans la capitale congolaise, cadres financiers et gestionnaires locaux se sont retrouvés trois jours durant pour décrypter la nouvelle feuille de route budgétaire nationale. Objectif affiché : consolider la maîtrise des outils modernes afin de rendre chaque franc public plus lisible et plus efficace.
La session, accueillie à la direction départementale du Budget, s’inscrit dans la vaste réforme des finances publiques engagée par les autorités de la République du Congo, sous le signe de la transparence et de la performance, deux priorités réaffirmées dans les discours officiels récents.
Une réforme ancrée dans la transparence
À l’ouverture des travaux, Christine Indzanga Ombandzi, cheffe des collectivités locales pour Brazzaville, a salué la mobilisation des participants et rappelé que la réforme ne réussira réellement que partagée par l’ensemble de la chaîne financière, des ordonnateurs aux comptables en passant par les contrôleurs.
Le directeur départemental du Budget, Obien Fredy Vital, a insisté sur l’urgence de combler les défaillances repérées lors des précédents contrôles. Selon lui, une compréhension incomplète des nouveaux référentiels alourdit encore l’exécution, freine la délivrance des services publics et nuit finalement à la confiance des citoyens.
Pour Serge Koukangissa, responsable du contrôle interne, la refonte s’appuie sur un triptyque devenu incontournable : transparence, performance et responsabilité. Ces trois piliers, a-t-il précisé, doivent guider aussi bien la préparation des budgets que leur exécution et le suivi-évaluation ex post.
Trois jours d’apprentissage intensif
Les participants ont alterné exposés théoriques et ateliers pratiques. Manuels, fiches de cas et exercices sur table ont facilité l’assimilation d’une nomenclature budgétaire entièrement revisitée, issue de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale et alignée sur les standards internationaux de gestion des deniers publics.
Au centre des échanges, la budgétisation par programme, désormais obligatoire, encourage chaque administration à lier clairement ses objectifs, ses indicateurs de performance et les crédits demandés. Cette logique de résultats, encore neuve pour plusieurs services, nécessite des ajustements culturels autant que techniques.
Des mises en situation ont simulé la préparation d’un budget de santé, la ventilation des dépenses d’un lycée ou encore l’élaboration d’un tableau de bord trimestriel. Chaque groupe a dû justifier ses choix devant les formateurs, créant une dynamique de co-apprentissage saluée par l’ensemble des intervenants.
Budgétisation par programme: un virage stratégique
Adoptée par ordonnance, la nouvelle architecture budgétaire découpe les crédits en programmes et actions assortis d’indicateurs. Cette méthode, appliquée dans de nombreux pays d’Afrique centrale, offre une meilleure visibilité sur les priorités gouvernementales et facilite l’arbitrage politique lors des conférences budgétaires.
Pour les collectivités locales, ce virage représente l’occasion d’aligner leurs projets sur les objectifs nationaux, gage d’un financement plus fluide. Brazzaville, poumon économique du pays, espère ainsi accélérer l’équipement des arrondissements en services de base tout en respectant les plafonds fixés par la tutelle.
Un expert du Trésor, sollicité comme intervenant externe, a indiqué que la budgétisation par programme simplifie aussi le dialogue avec les partenaires techniques et financiers, car les indicateurs facilitent l’évaluation conjointe des résultats et l’ajustement rapide en cas d’écart sur les cibles convenues.
Responsabilité collective au cœur du processus
Les formateurs ont beaucoup insisté sur l’obligation de rendre compte. Chaque responsable de programme devra désormais signer un engagement de performance et produire un rapport annuel public. Une révolution culturelle, reconnaissent plusieurs directeurs, habitués jusqu’ici à une reddition moins formalisée.
Le contrôle interne sera lui aussi modernisé. Un dispositif d’audit continu, fondé sur un échantillonnage des opérations sensibles, permettra de repérer précocement les irrégularités. Les alertes devront être suivies d’actions correctives traçables, afin de limiter les pertes financières et préserver la confiance des partenaires.
Afin d’accompagner ce changement, un système de certification des compétences sera progressivement déployé. Les agents ayant validé chaque module recevront un badge numérique intégré à leur dossier administratif, mesure qui vise à stimuler la formation continue et à sécuriser le recrutement au sein des services financiers.
Des perspectives locales et nationales prometteuses
À l’issue du séminaire, un plan d’action en six axes a été adopté : généralisation des ateliers dans les arrondissements, création d’un groupe d’entraide en ligne, mise à jour des manuels, sessions de recyclage semestrielles, tableau de bord unifié et campagne d’information destinée aux contribuables.
Les organisateurs misent sur un effet boule de neige : le succès de l’expérience brazzavilloise devrait encourager d’autres départements du Congo-Brazzaville à accélérer la réforme. Un comité de suivi publiera dès le prochain trimestre un rapport d’étape accessible au public et aux bailleurs.
Ces avancées s’inscrivent dans la volonté du gouvernement de moderniser l’administration publique, exprimée dans le Plan national de développement actuel. En améliorant la gouvernance financière, Brazzaville espère attirer davantage d’investisseurs et renforcer la résilience économique face aux fluctuations des marchés pétroliers.
Les participants repartent convaincus qu’une gestion plus lisible du budget constitue aussi un outil de dialogue social, capable d’éclairer les citoyens sur l’origine et l’affectation de leurs contributions fiscales.
