Un rendez-vous stratégique à Kintélé
Pendant trois jours, Kintélé a accueilli les experts santé des quarante-sept pays membres de l’OMS-Afrique. Sous la présidence du Pr Mohamed Yakub Janabi, ils ont concentré leurs échanges sur la gouvernance des programmes, le financement durable et l’impact direct dans chaque État.
Le ministre congolais de la Santé, Jean Rosaire Ibara, a ouvert les débats en rappelant que l’Afrique ne pouvait retarder les réformes indispensables. « Notre région doit demeurer à l’avant-garde de la prévention et de la réponse », a-t-il insisté devant un auditoire attentif.
Financements et nouvelle gouvernance
La réunion a entériné un organigramme remanié destiné à renforcer la présence opérationnelle de l’OMS dans les quarante-sept pays. L’objectif affiché est de sécuriser la continuité des services malgré les tensions budgétaires internationales.
Les participants ont reconnu que la viabilité financière passait aussi par des partenariats stratégiques et par la mobilisation des ressources domestiques. « Nous devons compter sur nos propres moyens avant de chercher ceux des autres », a résumé Dr Vincent Dossou Sodjinou, représentant résident de l’OMS au Congo.
Accès aux vaccins, le pari de la production locale
L’approvisionnement en vaccins demeure fragile : la majorité des doses provient de l’extérieur du continent. Dr Benido Impuma a rappelé que seuls trois ou quatre pays africains possèdent actuellement des capacités de fabrication, souvent limitées.
Plusieurs délégations ont salué les initiatives émergentes visant l’autonomie. « C’est un travail de longue haleine, mais les bases sont posées pour que la région devienne productrice à part entière », a noté le responsable des maladies transmissibles et non transmissibles du Bureau régional.
Les avancées mesurables du Congo-Brazzaville
Face aux pairs africains, le ministre Ibara a présenté des chiffres encourageants : la mortalité maternelle est passée de 473 à 241 décès pour 100 000 naissances vivantes entre 2020 et 2024, tandis que la mortalité néonatale a reculé de 27,6 à 18 pour 1 000.
Il a également souligné l’éradication du poliovirus sauvage dans le pays et la réactivité face aux urgences récentes, de la pandémie de Covid-19 à la gestion du choléra. Ces résultats, attribués au partenariat OMS-Congo, nourrissent l’ambition d’atteindre la couverture sanitaire universelle.
Mobiliser les ressources domestiques
Les experts de Kintélé ont appelé États, entreprises et philanthropes africains à soutenir financièrement l’action sanitaire régionale. « Nos nations comptent des acteurs capables d’investir dans la santé publique », a martelé Dr Sodjinou, plaidant pour un mécanisme d’engagement local pérenne.
Le Congo a annoncé le doublement de sa contribution annuelle à l’OMS, décision saluée comme un signal fort. Ce geste s’aligne sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine et la Déclaration d’Abuja, qui visent à placer la santé au cœur du développement.
Construire la santé du futur en Afrique centrale
Au-delà du financement, les participants veulent moderniser les systèmes de santé. Le numérique, la collecte de données fiables et la production locale de médicaments figurent au premier rang des priorités détaillées dans la feuille de route adoptée.
Le ministre Ibara a rappelé que l’assurance maladie universelle est lancée au Congo « depuis avril 2025 », avec un enrôlement pilote dans six départements. Ce dispositif devrait accélérer l’accès équitable aux soins tout en stimulant la demande de produits fabriqués sur le continent.
Les conclusions de Kintélé soulignent la nécessité d’une convergence accrue entre les programmes nationaux et les objectifs globaux de l’OMS. En misant sur la solidarité régionale et l’innovation, l’Afrique veut désormais transformer ses défis sanitaires en opportunités durables.