Une session sous tensions diplomatiques
Réunie du 9 au 29 septembre 2025 à New York, la 80ᵉ Assemblée générale a porté haut le thème « Mieux vaut ensemble ». Entre crises et ambitions, chaque délégation a mis en avant le multilatéralisme comme ultime rempart face aux turbulences contemporaines.
La présidente de séance, l’Allemande Annalena Baerbock, a appelé à « renforcer l’ONU pour le XXIᵉ siècle ». Dans l’hémicycle, la guerre à Gaza et la question palestinienne ont dominé, faisant de chaque prise de parole un révélateur d’alliances et de fractures.
Reconnaissance élargie de la Palestine
Point d’orgue de la session, la reconnaissance formelle de l’État de Palestine par une dizaine de pays supplémentaires porte désormais à 152 le nombre d’États qui lui accordent un statut officiel. La France, accompagnée notamment de partenaires européens et arabes, a officialisé son ralliement.
« Je déclare que la France reconnaît aujourd’hui l’État de Palestine », a lancé Emmanuel Macron depuis la tribune, soulignant que le Hamas serait exclu de tout avenir politique. Pour de nombreux observateurs, cet élargissement du soutien constitue un tournant symbolique majeur pour la diplomatie proche-orientale.
Les réserves israélo-américaines
Tel-Aviv a réagi avec fermeté. Benjamin Netanyahu a réaffirmé son opposition à toute souveraineté palestinienne et a agité la menace d’une extension de la colonisation en Cisjordanie. Washington, allié clé d’Israël, a jugé l’initiative « dangereuse » pour la stabilité régionale.
Sur le terrain, la situation humanitaire dans la bande de Gaza demeure critique. Les opérations militaires israéliennes se sont intensifiées au même moment où l’on brandissait les nouveaux drapeaux palestiniens dans les couloirs de l’ONU, révélant le contraste entre geste diplomatique et réalité vécue.
L’ONU et la réforme attendue
Antonio Guterres a exhorté les États membres à « mettre en œuvre la promesse de la Charte ». Il a défendu l’initiative UNBO, destinée à accroître l’efficacité d’une organisation régulièrement critiquée pour son inertie face aux crises multiples.
Le secrétaire général a aussi rappelé les défis globaux : climat, technologies incontrôlées, inégalités persistantes. Pour lui, la reconnaissance palestinienne doit s’accompagner d’actions cohérentes si l’on veut éviter que le moment ne reste qu’un acte symbolique salué mais sans effet concret.
La voix du Congo-Brazzaville
Le président Denis Sassou-Nguesso, représentant la République du Congo, a saisi la tribune le 23 septembre. Son plaidoyer visait, au-delà de la cause palestinienne, à rappeler que l’Afrique mérite une représentation permanente au Conseil de sécurité.
« Les Nations unies doivent redevenir un instrument efficace de prévention des conflits et de médiation », a-t-il affirmé. Cette position s’inscrit dans une volonté de rééquilibrage géopolitique, où les pays africains pourraient contribuer plus directement aux décisions de paix et de sécurité mondiales.
Enjeux et perspectives pour la paix
L’International Crisis Group prévient que sans mesures concrètes, la reconnaissance restera un signal moral impuissant face aux menaces sur les civils palestiniens. La communauté internationale est donc invitée à traduire ce consensus grandissant en garanties sécuritaires et économiques tangibles.
Les diplomates espèrent que la dynamique actuelle facilitera une relance du processus de paix. Les capitales favorables à la solution à deux États comptent sur le poids symbolique de 152 reconnaissances pour pousser les parties au dialogue, malgré les refus persistants de Tel-Aviv et les scepticismes de Washington.
À l’ONU, la question dépasse désormais le seul Proche-Orient. Elle interroge la capacité du système multilatéral à évoluer lorsqu’un large bloc d’États défend une mesure contestée par une minorité disposant d’un droit de veto. Le débat sur la réforme du Conseil de sécurité s’en trouve ravivé.
Pour le Congo-Brazzaville, ce contexte ouvre une fenêtre stratégique : promouvoir une Afrique actrice, non spectatrice, des grandes décisions internationales. Dans cette vision, la reconnaissance de la Palestine devient aussi un banc d’essai de l’inclusivité réclamée par les pays du Sud.
Au terme des trois semaines de travaux, le sentiment dominant oscille entre espoir prudent et lucidité. Le drapeau palestinien flotte dans davantage de chancelleries, mais la route vers une paix durable reste jalonnée de blocs politiques, militaires et humanitaires qu’aucun vote ne peut seul lever.