Brazzaville, tribune ouverte à Caracas
Depuis le salon feutré de l’ambassade du Venezuela à Brazzaville, Laura Evengelia Suarez a exposé devant les journalistes les grandes lignes d’un appel diplomatique qu’elle veut entendre résonner au-delà de l’océan. Elle a demandé, le 10 septembre, une solidarité internationale active en faveur de la paix.
L’Amérique latine et la Caraïbe, a-t-elle précisé, ne peuvent pas être éternellement agitées par les menaces militaires ou économiques. Ce plaidoyer, lancé depuis la capitale congolaise, cherche à fédérer des voix diverses autour du respect des droits humains et de la Charte des Nations unies.
Un rappel historique mobilisateur
S’appuyant sur l’histoire de son pays, la diplomate a rappelé que le Venezuela fut, selon elle, «le premier État à sortir de ses frontières pour défendre la liberté d’autres nations». Cette narration renvoie explicitement à la souveraineté comme valeur fondamentale d’une diplomatie qu’elle souhaite inclusive.
Devant la presse, Mme Suarez a listé trois exigences : la souveraineté réelle, la liberté concrète et la capacité du gouvernement vénézuélien à mener ses projets. Ces éléments, exposés sans notes, forment le triptyque qu’elle oppose à toute logique d’ingérence ou de pression extérieure prolongée.
Droits humains et charte onusienne
Elle a ensuite brandi l’argument du droit international, rappelant que tous les États, y compris les plus petits, ont ratifié des principes communs et se doivent mutuellement vigilance et respect. Dans son propos, la défense des droits humains apparaît comme la clef d’une stabilité collective.
Brazzaville offre dans ce contexte un espace d’écoute. La présence d’une vingtaine de correspondants congolo-africains a permis à Mme Suarez de marteler sa vision sans être contredite, tout en saluant l’hospitalité des autorités de la République du Congo qui facilitent, selon elle, un dialogue ouvert.
Sauvegarder des «territoires sains»
La diplomate insiste sur la nécessité d’«un territoire sain» pour chaque peuple. L’expression, récurrente dans son intervention, renvoie autant à la sécurité qu’à la souveraineté. Elle affirme que des négociations sont «permanentes» avec les pays voisins afin de faire vivre ce plaidoyer par des actes.
À ses yeux, la solidarité doit se traduire par un refus clair de tout déploiement militaire jugé intimidant. Elle s’appuie pour cela sur une déclaration de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes, rendue publique le 5 septembre 2025, dénonçant les manœuvres navales dans la région.
Celac et le rejet des manœuvres militaires
Ce rappel chronologique, pour la diplomate, prouve que l’inquiétude n’est pas nouvelle. Caracas, insiste-t-elle, ne se trompe pas d’époque ni de partenaires. Elle veut fédérer au préalable des accords régionaux afin que la voix caribéenne reste unie face à toute projection de puissance jugée intrusive.
Interrogée sur les modalités concrètes de cette coalition morale, Mme Suarez évoque des «réunions diplomatiques formelles» et des «échanges techniques» sans s’étendre. Elle refuse la précipitation, préférant «la constance» qui, selon elle, finit par créer le consensus même dans des contextes géopolitiques complexes.
Souveraineté économique en question
La presse congolaise l’a interrogée sur l’impact d’éventuelles sanctions économiques. Elle répond prudemment, renvoyant vers la nécessité de «laisser les gouvernements réaliser leurs programmes». Pour elle, l’important demeure la liberté de chaque État de mettre en œuvre ses politiques publiques sans contrainte extérieure.
Ce passage résonne avec l’expérience congolaise d’un développement souhaité souverain. Sans se substituer aux autorités locales, l’ambassadrice souligne que le dialogue Sud-Sud gagne en pertinence lorsqu’il s’articule autour de principes partagés plutôt que d’intérêts ponctuels, rappelant implicitement la trajectoire diplomatique du Congo-Brazzaville.
Trois mots d’ordre à diffuser
Le message principal, répété en boucle, tient en trois mots : paix, souveraineté, coopération. Dans l’enceinte brazzavilloise, certains observateurs estiment que cette triade pourrait devenir un fil conducteur pour d’autres prises de parole d’ambassadeurs latino-américains installés en Afrique centrale, soucieux de faire entendre leur région.
Pour l’instant, la diplomate vénézuélienne se dit satisfaite du relais médiatique obtenu au Congo. Elle promet de poursuivre ses entretiens avec les chancelleries installées à Brazzaville, dans l’espoir d’ouvrir «un front commun» d’appui symbolique à la cause latino-caribéenne auprès des organisations internationales.
La patience d’une diplomatie de proximité
Les prochains mois, ajoute-t-elle, seront consacrés à consolider les alliances régionales déjà existantes. Sans dévoiler de calendrier, elle mise sur la diplomatie de proximité, persuadée qu’un engagement progressif obtient plus de résultats qu’un discours ponctuel même largement relayé.
Au sortir de la conférence, un participant a résumé la tonalité générale : «Nous sommes tous concernés par la stabilité de nos voisins, qu’ils soient de l’autre côté de l’Atlantique ou à la frontière. Si un trouble éclate, l’écho finit toujours par arriver chez nous.»
Éthique et héritage pour les générations
Dans cette perspective, l’ambassadrice insiste sur la dimension morale de la diplomatie, estimant que la solidarité ne doit pas dépendre des cycles électoraux mais reposer sur des valeurs permanentes que chaque nation peut partager.
Elle conclut qu’un engagement collectif préservera les générations futures d’une escalade armée coûteuse. «Les armes détruisent rapidement, la coopération construit lentement mais sûrement», affirme-t-elle, invitant les médias à relayer cette «voix de paix» sans déformation.
