Un lancement symbolique à Talangaï
La cour arborée de l’hôpital pédiatrique Marien-Ngouabi, à Talangaï, s’est animée le 3 décembre d’une effervescence particulière. Devant soignants, autorités locales et partenaires, Jacques Achille Opango a lancé la campagne nationale de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action.
Le thème retenu, « Dormons et faisons dormir nos familles sous la moustiquaire imprégnée, pour éviter le paludisme », a planté le décor d’une mobilisation centrée sur la protection nocturne, premier rempart contre une maladie qui demeure la principale cause de consultation dans le pays.
Objectifs chiffrés pour 2027
Selon le ministère de la Santé et de la Population, la campagne veut contribuer à réduire, d’ici 2027, la morbidité et la mortalité palustres sur l’ensemble du territoire de la République du Congo.
Les chiffres rappelés par Jacques Achille Opango donnent la mesure du défi: 46 % des consultations, 33 % des hospitalisations et 26 % des décès sont liés au paludisme, les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans payant le tribut le plus lourd.
Le Programme national de lutte contre le paludisme, soutenu par le Fonds mondial, fixe deux jalons: atteindre 90 % des ménages avec la moustiquaire et s’assurer que 80 % de la population dort effectivement sous cette protection imprégnée.
Une stratégie de distribution en deux temps
La phase initiale cible les arrondissements de Talangaï, Madibou, Mfilou, Kintélé ainsi que l’île Mbamou, dans le département de Brazzaville, épicentre des premières livraisons.
Une seconde vague étendra ensuite le dispositif aux autres quartiers de la capitale et aux départements du pays, avec l’appui logistique du Catholic Relief Services, désigné organisme bénéficiaire et responsable de la campagne.
Dans chaque zone, des équipes formées remettent gratuitement les moustiquaires directement aux ménages, tout en rappelant les consignes d’utilisation et l’importance de la suspension systématique au-dessus de chaque couchage.
Des gestes simples pour une protection durable
Avant la première nuit, la moustiquaire doit être largement déployée à l’ombre pendant vingt-quatre heures, précisent les agents du ministère, afin de fixer l’insecticide et d’éviter toute irritation.
Lors des lavages ultérieurs, le savon doux est recommandé, tandis que détergent et eau de javel sont proscrits pour préserver la longue durée d’action promise par les fabricants.
« Dormir sous la moustiquaire n’est pas qu’une consigne, c’est un réflexe de vie », insiste un infirmier mobilisé, rappelant que la piqûre d’un moustique infecté suffit pour compromettre la santé d’un enfant en quelques heures.
Un engagement multisectoriel salué
La présence conjointe des partenaires techniques et financiers, dont le Fonds mondial, a été unanimement saluée comme un signe de confiance envers la stratégie sanitaire conduite par les autorités congolaises.
Pour le directeur départemental, l’action se veut complémentaire des efforts déjà engagés dans la prévention, le diagnostic rapide et la prise en charge gratuite des cas simples chez l’enfant, autant de volets intégrés au Plan national de développement sanitaire.
Les leaders communautaires ont, pour leur part, promis de sensibiliser sans relâche afin que chaque moustiquaire distribuée soit effectivement utilisée, condition essentielle à la performance des indicateurs retenus pour 2027.
À Talangaï, certains parents confient déjà ressentir un soulagement: « Les moustiquaires coûtent cher sur le marché; avec cette distribution, nous pouvons protéger nos enfants chaque nuit », témoigne une mère de famille venue récupérer son lot.
En rendant la protection accessible au plus grand nombre, la campagne réaffirme la priorité qu’accorde le gouvernement à la santé publique et à la sauvegarde des couches les plus vulnérables de la population.
Le succès dépendra désormais de l’appropriation des messages par les ménages et de la continuité des approvisionnements, conditions indispensables pour transformer l’élan de Talangaï en victoire durable contre le paludisme au Congo-Brazzaville.
Une logistique d’envergure nationale
La livraison des moustiquaires s’effectue depuis les entrepôts centraux de Brazzaville, où les stocks ont été constitués grâce au cofinancement du gouvernement et du Fonds mondial, avant d’être acheminés par camions et pirogues vers les sites de distribution.
Chaque bénéficiaire signe un registre attestant de la réception, ce qui permet au Programme national de lutte contre le paludisme de suivre en temps réel la couverture et d’ajuster l’envoi de lots complémentaires si nécessaire.
Formation et sensibilisation continues
Avant le coup d’envoi, plus de cinq cents agents de santé ont suivi une séance de formation axée sur les messages clés, l’enregistrement électronique des ménages et les premiers soins en cas de réaction cutanée mineure liée à l’insecticide.
« Une moustiquaire bien entretenue peut protéger pendant trois ans », martèle un superviseur du PNLP, invitant les chefs de ménage à considérer l’objet comme un investissement sanitaire déterminant pour la famille.
Perspectives et suivi épidémiologique
Les données collectées durant la campagne alimenteront le système d’information sanitaire national et permettront de mesurer en temps réel l’évolution de la couverture, croisant le nombre de moustiquaires distribuées avec celui des cas confirmés par tests rapides.
Si les objectifs de 2023 sont atteints, le ministère envisage de développer des campagnes de rappel ciblées dans les zones où la couverture demeurerait insuffisante, afin de maintenir la dynamique jusqu’en 2027.
