Trafic faunique: arrestation marquante à Impfondo
L’arrestation, le 25 août 2025 à Impfondo, d’une quadragénaire en possession de deux peaux de panthère et de nombreuses écailles de pangolin géant illustre la vigilance accrue des forces congolaises face au trafic de faune protégée.
Interpellée par la gendarmerie de la Likouala, assistée des agents départementaux de l’économie forestière et des spécialistes du Projet d’appui à l’application de la loi sur la faune sauvage, la suspecte a reconnu le caractère illicite de la marchandise qu’elle tentait d’écouler.
Une collaboration institutionnelle renforcée
Cette action conjointe illustre la montée en puissance des synergies entre forces de sécurité, administration forestière et partenaires techniques. Le colonel Yves Kiyiri souligne que le partage d’informations rapides a permis de circonscrire la tentative de commercialisation.
Depuis 2010, de nombreuses formations communes ont été organisées pour uniformiser les procédures de saisie, élément jugé déterminant par le P.A.L.F, qui voit dans cette standardisation un moyen de consolider la chaîne pénale et de décourager les réseaux transfrontaliers.
Le cadre juridique de la protection animale
La loi 37-2008 sur la faune et les aires protégées place la panthère et le pangolin géant dans la catégorie des espèces intégralement protégées. L’article 27 interdit strictement leur détention ou leur transport, sauf autorisation scientifique ou de reproduction dûment délivrée.
En cas de violation, la peine encourue varie de deux à cinq ans d’emprisonnement et peut atteindre cinq millions de francs CFA d’amende, rappelle un magistrat d’Impfondo qui insiste sur la dimension dissuasive d’une peine privative de liberté ferme.
Une stratégie nationale contre le braconnage
Au-delà du cadre répressif, le gouvernement congolais a adopté une stratégie nationale de lutte contre le braconnage axée sur la prévention, la sensibilisation des communautés riveraines et l’amélioration des conditions de vie des éco-gardiens déployés dans les aires protégées.
Cette stratégie, régulièrement révisée, bénéficie de financements publics et de partenariats techniques avec des fondations internationales. Elle s’appuie également sur des campagnes d’éducation environnementale diffusées dans les écoles primaires de la Likouala, afin de promouvoir une culture de conservation précoce.
Des enjeux écologiques planétaires
Le pangolin géant, prisé pour ses écailles, et la panthère, recherchée pour sa peau, subissent une pression globale. L’Union internationale pour la conservation de la nature les classe dans les catégories menacées, soulignant le rôle clé du Congo-Brazzaville dans leur survie.
En protégeant ces espèces, la République du Congo maintient la biodiversité du Bassin du Congo, deuxième poumon vert mondial. Les scientifiques rappellent que la disparition des prédateurs provoque un déséquilibre trophique pouvant affecter les moyens d’existence locaux.
La justice congolaise face aux récidives
La récente condamnation, le 26 juin 2025, de trois trafiquants à des peines allant jusqu’à trois ans ferme confirme la sévérité de la justice. Les jugements antérieurs constituent, selon le parquet, un corpus jurisprudentiel utile pour juguler les récidives.
Le parquet d’Impfondo met en avant la célérité des procédures : en moyenne, quatre semaines séparent l’arrestation du prononcé du verdict. Cette rapidité garantit, selon les observateurs, un signal fort à ceux qui envisageraient de contourner la loi.
Voix d’experts et de la société civile
Pour l’écologue Marie-Claire Mabondzo, le succès durable dépendra d’un « maillage de surveillance associant populations, autorités et chercheurs ». Elle insiste sur l’importance de valoriser les savoirs locaux afin d’orienter les patrouilles vers les zones les plus sensibles.
Du côté du P.A.L.F, son coordonnateur, Jean-Marc Ngoma, salue « la volonté politique manifeste » et rappelle que la lutte contre la criminalité faunique n’est pas une posture de circonstance mais un engagement de long terme inscrit dans les priorités nationales.
Impact socio-économique local
Les habitants d’Impfondo reconnaissent les retombées économiques d’une faune préservée, notamment sur l’écotourisme naissant. Ils soulignent toutefois la nécessité d’alternatives génératrices de revenus pour éviter que certains riverains ne se tournent vers le commerce illicite par manque d’opportunités.
Des associations locales promeuvent l’élevage de petits ruminants et l’agriculture durable comme relais économiques. Selon une enquêtrice du Réseau développement rural, ces initiatives réduisent la dépendance à la chasse de subsistance et consolident une économie verte inclusive.
Vers une conscientisation durable
La médiatisation de l’affaire d’Impfondo amplifie la conscience collective autour de la protection de la faune. Les radios communautaires diffusent des programmes dédiés, et plusieurs chefs traditionnels relaient désormais les messages de conservation lors des conseils de village.
Les experts considèrent que l’efficacité future résidera dans l’intégration des systèmes de veille technologique, tels que le géoréférencement des patrouilles, à une justice réactive. Cette articulation renforcerait la traçabilité et limiterait les interstices exploités par les réseaux criminels.
En conjuguant rigueur juridique, partenariats opérationnels et implication citoyenne, le Congo-Brazzaville confirme son ambition de préserver un patrimoine faunique unique. L’affaire de la Likouala devient ainsi un marqueur d’une gouvernance environnementale qui s’affirme et se professionnalise.