Un climat de confiance retrouvé
Au Palais des congrès de Brazzaville, l’ouverture des sessions budgétaires a résonné d’un message commun : la sécurité avance. Pierre Ngolo au Sénat et Isidore Mvouba à l’Assemblée nationale ont chacun salué la traque des groupes criminels qui, ces derniers mois, inquiétait les citadins.
Les marathons parlementaires d’automne sont habituellement techniques, centrés sur les équilibres financiers. Cette année, le volet sécuritaire a monopolisé les applaudissements. Dans les travées, les élus, parfois d’opinions divergentes, ont applaudi d’une même voix l’engagement des forces de défense et de sécurité déployées sur l’ensemble du territoire.
Les habitants des quartiers sud, de Talangaï à Tié-Tié, témoignent déjà d’un recul des agressions nocturnes. « On respire mieux », glisse une commerçante du marché Total, prudente mais soulagée. Le Parlement entend capitaliser sur cet élan pour inscrire la paix dans la durée.
Pierre Ngolo sonne la vigilance
Devant les sénateurs réunis en séance plénière, Pierre Ngolo a salué « l’effort entrepris visant à rétablir l’ordre et la quiétude », tout en rappelant la nécessaire vigilance. Il a exhorté l’exécutif à « pérenniser le travail de sécurisation » par une application rigoureuse des lois.
Pour l’orateur, la délinquance juvénile n’est pas un simple fait divers. Elle révèle, dit-il, « un effondrement plus profond du lien social et des structures de prévention ». Le président du Sénat plaide pour une réponse « globale, ferme mais juste », combinant répression ciblée et accompagnement éducatif.
Les sénateurs promettent d’examiner les crédits du ministère de l’Intérieur à l’aune de ces exigences. Ils souhaitent que les patrouilles mixtes, associant police, gendarmerie et forces spéciales, disposent d’un financement pérenne, en équipements comme en formation.
Isidore Mvouba salue les forces spéciales
À l’Hémicycle de l’Assemblée nationale, Isidore Mvouba a ouvert la 10ᵉ session budgétaire en rappelant que « la sécurité des citoyens reste au cœur des priorités de la République ». Il a tenu à remercier nommément la Direction générale de la sécurité présidentielle et la Garde républicaine.
Ces unités, engagées en appui des services classiques, ont été déployées dans les zones à forte concentration de « Bébés noirs » et de « Kulunas ». Leur présence dissuasive a réduit les attaques à la machette qui avaient traumatisé plusieurs quartiers périphériques.
Le président de l’Assemblée a jugé « exemplaire » la coordination interarmées et a appelé les députés à voter sans retard les dotations supplémentaires destinées à moderniser les dispositifs de renseignement. « Nous devons couper l’herbe sous le pied aux fauteurs de troubles », a-t-il insisté.
Délinquance juvénile : comprendre le malaise
Si la réponse sécuritaire obtient un large soutien, nombre d’orateurs ont souligné la dimension sociale du problème. L’augmentation du chômage des jeunes, la déscolarisation précoce et la vulnérabilité des familles monoparentales alimentent, selon eux, les filières de recrutement des bandes.
Les experts du Conseil national de la jeunesse préconisent un maillage plus serré de centres d’accueil et de programmes d’insertion. Ils insistent sur les activités sportives et culturelles comme vecteurs de cohésion. « Un terrain de basket coûte moins cher qu’une garde à vue », rappelle un sociologue invité en commission.
Le gouvernement a annoncé l’extension du programme “Deuxième chance”, qui combine cours du soir, apprentissage et bourses symboliques. Les parlementaires souhaitent un suivi rigoureux des indicateurs pour mesurer l’impact réel sur les quartiers sensibles.
Budget 2024 : arbitrages et priorités
Au-delà de la sécurité, les deux chambres s’apprêtent à passer au crible un budget 2024 orienté vers la relance économique. La priorité donnée à la consolidation des finances publiques ne se fera pas au détriment de la paix civile, assurent les rapporteurs.
Les crédits alloués au ministère en charge de la Jeunesse devraient augmenter, de même que ceux de la Justice pour accélérer les procédures. L’objectif est de prévenir l’engorgement judiciaire tout en garantissant des sanctions rapides, proportionnées et exemplaires.
Parallèlement, le Fonds national de développement des quartiers sera refinancé afin d’améliorer l’éclairage public, l’assainissement et la réhabilitation des voiries secondaires, interventions jugées essentielles pour priver les bandes de leurs refuges nocturnes.
Une mobilisation citoyenne en soutien
Dans les rues de Brazzaville, des comités de vigilance spontanés se sont constitués. Encadrés par les autorités locales, ils relayent les informations suspectes aux forces de l’ordre et sensibilisent les jeunes aux dangers de la violence. Cette synergie est perçue comme un gage de durabilité.
Les organisations confessionnelles multiplient également les campagnes de sensibilisation. À Poto-Poto, l’archevêque a consacré son homélie dominicale à l’appel au calme. Les imams de Ouenzé relayent un message similaire, valorisant la responsabilité individuelle dans la préservation du bien-vivre ensemble.
Les parlementaires voient dans cette effervescence citoyenne la preuve que la lutte contre le banditisme ne saurait être déléguée aux seules forces de défense et de sécurité. « Chacun a un rôle à jouer, du foyer à l’école, du bureau au Parlement », résume un député de Mfilou.
Vers une stratégie intégrée et durable
À l’issue des discours d’ouverture, une résolution commune encourage le gouvernement à finaliser une stratégie nationale de prévention de la délinquance, articulée autour de trois axes : action policière modernisée, justice adaptée aux mineurs, renforcement du filet social.
Cette approche intégrée doit s’appuyer sur des données actualisées. Un observatoire national des violences urbaines, hébergé par l’Institut national de la statistique, devra produire des rapports trimestriels pour guider les décisions. La transparence des chiffres ambitionne de nourrir un débat public apaisé.
En filigrane, les parlementaires rappellent que la sécurité est une condition sine qua non pour attirer les investisseurs et accélérer la diversification économique. « La croissance ne fleurit que sur un terreau pacifié », martèle un sénateur, convaincu que stabilité et prospérité vont de pair.
Cap sur la quiétude partagée
Alors que les forces de sécurité poursuivent leurs opérations de ratissage, le Parlement promet de garder un œil critique mais constructif sur leur conduite. Le respect des droits humains demeure un impératif non négociable, soulignent plusieurs élus en commission Défense.
Dans les quartiers déjà pacifiés, l’heure est à la reconstruction du lien social. Des ateliers de médiation sont organisés entre anciens membres de bandes et victimes, sous l’égide des autorités coutumières. Les premiers témoignages indiquent une soif de réinsertion plutôt qu’une volonté de revanche.
Le pouvoir législatif espère que cette dynamique servira de référence régionale. En conclusion de son allocution, Pierre Ngolo a résumé la philosophie partagée : « Préserver la paix n’est pas un sprint, c’est un marathon collectif. Le Parlement restera sur la ligne, aux côtés de tous les Congolais. »