Un partenariat financier stratégique
En approuvant un financement de cent millions de dollars, la Banque mondiale confirme son ancrage dans la politique énergétique congolaise et inscrit le PASEL parmi les onze pour cent de son portefeuille actif dans le pays. À Brazzaville, la signature officielle du programme a rassemblé, autour du ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique, Émile Ouosso, les principaux partenaires techniques et financiers. Le consensus affiché lors de la cérémonie témoigne d’une convergence d’intérêts : sécuriser l’approvisionnement, soutenir la croissance et contribuer aux Objectifs de développement durable.
Moderniser l’axe Pointe-Noire — Brazzaville
Premier jalon visible du PASEL, le renforcement de la ligne de transport entre la capitale économique et la capitale politique doit accroître la fiabilité de la fourniture sur un corridor où se concentre plus de la moitié de la consommation nationale. Six transformateurs haute tension viendront soulager un réseau historiquement sous-dimensionné. Les ingénieurs anticipent une réduction significative des chutes de tension, condition sine qua non pour les sites industriels de la côte comme pour les nouveaux quartiers périphériques de Brazzaville.
Réduire les pertes pour sauver le kilowatt
Au-delà de l’infrastructure, le programme vise la rationalisation du segment aval. Les pertes non techniques, estimées à près de trente pour cent de l’électricité injectée, grèvent durablement la trésorerie de la société Énergie électrique du Congo. Le volet commercial du PASEL prévoit l’installation généralisée de compteurs intelligents, couplée à une campagne de régularisation des branchements illicites. « Chaque kilowatt économisé équivaut à un kilowatt produit », rappelle un cadre de la Banque mondiale, soulignant l’impact immédiat sur la viabilité financière.
Cap sur l’électrification universelle
La Stratégie d’électrification nationale élaborée avec l’appui technique de la Banque mondiale inscrit l’accès universel à l’horizon 2030 dans la continuité du Pacte énergétique national. Pour y parvenir, un Plan de développement à moindre coût identifie des mini-réseaux hybrides et des extensions de lignes rurales comme leviers prioritaires. Les consultations de l’initiative M300, lancées cette semaine, doivent affiner la cartographie des besoins et mobiliser les investisseurs privés, désormais rassurés par la clarté du cadre réglementaire.
Des retombées socio-économiques attendues
Les études d’impact anticipent une hausse du produit intérieur brut de 0,3 point par an liée à l’amélioration de la qualité de l’électricité. Dans les zones urbaines, la réduction des black-outs devrait faire baisser le coût de production des petites et moyennes entreprises qui recouraient encore massivement aux groupes électrogènes. En milieu rural, l’accès à la lumière artificielle prolonge le temps de lecture des élèves, tandis que la réfrigération des produits agricoles accroît la valeur marchande des récoltes. Autant d’externalités positives soulignées par le ministre Ouosso, qui y voit « le socle d’une croissance inclusive et résiliente ».
La gouvernance, clé de la viabilité
Le succès du PASEL repose sur une gouvernance renouvelée. La création d’un comité de pilotage multipartite, associant représentants du Trésor, régulateur, société civile et bailleurs, doit garantir la transparence du flux financier ainsi que la redevabilité des gestionnaires. Les audits réguliers, exigés par la Banque mondiale, permettront d’ajuster rapidement les indicateurs de performance. « Notre ambition est de transformer le secteur en référence régionale, en combinant rigueur comptable et équité tarifaire », explique Olivia Mazaba-Ntondelé, coordonnatrice du projet.
Les défis à l’horizon 2030
Malgré la dynamique engagée, plusieurs écueils subsistent. La volatilité des prix des matériaux conducteurs, les contraintes logistiques liées à la densité forestière et la nécessité d’une maintenance préventive continue pourraient retarder certains jalons. Les autorités rappellent toutefois que la flexibilité intégrée dans le calendrier et les clauses d’ajustement automatique protègent le projet des aléas conjoncturels. Pour les experts, la clé résidera dans la capacité des équipes nationales à capitaliser sur le transfert de compétences orchestré par les partenaires techniques internationaux.
Une impulsion politique assumée
En avalisant le PASEL, le gouvernement confirme qu’il place l’énergie au rang des priorités stratégiques du Plan national de développement. L’initiative témoigne d’une volonté de répondre de manière concrète aux attentes quotidiennes des citoyens tout en consolidant l’attractivité du climat d’affaires. Sur le moyen terme, les observateurs voient dans ce projet un signal de continuité et de fiabilité adressé aux investisseurs du secteur extractif et des services numériques, deux moteurs de la diversification économique congolaise.