Un chantier suivi à la loupe
Le 2 décembre, un cortège mêlant représentants de l’Union européenne et de l’Agence française de développement a arpenté la zone d’extension du Port autonome de Pointe-Noire, confirmant de visu l’avancée des travaux du futur port de pêche, maillon clé de la stratégie maritime nationale portée par le gouvernement.
À l’issue de la visite, Carine Villemagne Kros s’est déclarée « ravie de voir que les travaux sont bien avancés », insistant sur une collaboration « normale » avec le Papn et un achèvement « dans un futur proche », autant d’éléments jugés déterminants par la délégation entière.
Financement sécurisé et partenariats
Selon la responsable européenne, la mission avait pour objectif de vérifier que l’ouvrage financé respecte les normes environnementales et sociales convenues, condition essentielle pour l’Union européenne et pour l’Afd, toutes deux soucieuses de la durabilité des investissements qu’elles accompagnent au Congo-Brazzaville depuis plusieurs années déjà dans la région.
Sur le plan financier, l’Union européenne et l’Afd soutiennent le projet aux côtés du Port autonome de Pointe-Noire, qui assure la contrepartie nationale. Les trois partenaires affirment ainsi avoir bouclé l’ensemble des ressources nécessaires, évitant l’écueil d’un ralentissement pour cause de trésorerie insuffisante redouté dans le passé ailleurs.
Le directeur général du Papn, Séraphin Balhat, s’est félicité de cette mobilisation, rappelant que d’autres initiatives avaient autrefois souffert du manque de contrepartie. « Cette fois, le financement est sécurisé », a-t-il assuré, convaincu que l’ouvrage sera livré dans les délais convenus avec chaque bailleur et leurs équipes techniques.
Un calendrier réaliste jusqu’en 2026
Pour le dirigeant, la livraison annoncée au premier trimestre 2026 doit répondre à une attente forte des communautés côtières, qui misent sur la pêche artisanale et industrielle. Il y voit la preuve du sérieux des partenaires et la manifestation d’une ambition nationale assumée par l’État et le port.
Les représentants européens ont, de leur côté, salué l’organisation opérationnelle mise en place sur le chantier, soulignant la coordination régulière entre maîtres d’ouvrage, entreprises et experts indépendants. Cette méthode est, à leurs yeux, garante de la qualité finale et de la conformité aux standards internationaux exigés par Bruxelles.
Au-delà de la technique, la délégation s’est intéressée au dialogue social engagé avec les travailleurs et les riverains. Les échanges ont porté sur la sécurité, la formation et l’information continue des communautés, autant de prérequis que l’Union européenne considère comme indissociables d’un financement responsable et transparent par nature.
Normes environnementales et sociales
La présence de l’Afd dans ce tour de contrôle rassure également. L’agence s’appuie sur une longue expérience d’accompagnement d’infrastructures au Congo-Brazzaville et veille, dans ce dossier, à ce que les objectifs de résilience économique soient cohérents avec le cadre de partenariat signé avec Brazzaville et ses priorités sectorielles.
Le futur port de pêche s’inscrit dans la zone d’extension du Papn, déjà dotée d’équipements de commerce international. Cette localisation permet, selon les techniciens, une mutualisation des accès, des postes d’amarrage et des services logistiques, tout en réservant un périmètre spécifique aux activités halieutiques et de soutien connexe.
L’étape actuelle concerne la superstructure : quais, chaussées, réseaux et bâtiments administratifs. Le gros œuvre ayant atteint un seuil jugé satisfaisant, les entreprises s’emploient désormais à affiner les finitions et à préparer les essais techniques qui devront précéder toute mise en service partielle prévue en phase progressive d’exploitation.
Pour garantir la transparence, un comité tripartite se réunit à échéance fixe. Il suit les coûts, le calendrier et la conformité, puis transmet des fiches d’étape au gouvernement. Cette remontée d’informations, saluée par la délégation, illustre la volonté d’instaurer une gouvernance exigeante et partagée sur tout le chantier.
Retombées attendues pour Pointe-Noire
Les équipes sur place comptent majoritairement des travailleurs nationaux. Selon le Papn, cette orientation favorise le transfert de compétences et renforce l’ancrage local du projet. Les membres de la délégation ont loué cet engagement en rappelant que la promotion de l’emploi constitue un critère d’évaluation prioritaire pour eux.
En quittant le site, Carine Villemagne Kros a exprimé sa « confiance » envers les responsables congolais, estimant que la dynamique observée reflète « une gestion rigoureuse ». Pour Séraphin Balhat, ces encouragements confortent la détermination des équipes à respecter chaque jalon sans relâche jusqu’au terme du programme.
D’ici la fin 2024, plusieurs composants essentiels, tels que la chaussée principale et les réseaux primaires, devraient être livrés, facilitant l’installation des équipements spécifiques à la pêche. Ce jalon intermédiaire permettra de tester les flux et d’ajuster, si besoin, l’organisation portuaire avant la phase finale prévue en 2026.
Au-delà du chantier, le projet symbolise la capacité du Congo-Brazzaville à nouer des partenariats fructueux et à conduire des ouvrages complexes. Les autorités entendent capitaliser sur ce succès attendu pour stimuler d’autres investissements et renforcer la position maritime du pays dans la sous-région et sur les chaînes logistiques.
