Wing Wah conforte sa présence au Congo
Rencontré à Pékin lors de la visite officielle du président Denis Sassou Nguesso, le PDG de Wing Wah, Xiao Lianping, a livré un message limpide : le climat des affaires en république du Congo se révèle « remarquable ». Cette appréciation s’inscrit dans une trajectoire d’investissements déjà engagés.
Avec une production quotidienne de 6 500 barils, la société pétrolière sino-congolaise confirme son statut d’acteur majeur du secteur hydrocarbures. Mais c’est surtout la constance du dialogue avec les autorités congolaises qui, selon son dirigeant, garantit la sécurité nécessaire à toute projection à long terme.
Pour Pékin comme pour Brazzaville, la stabilité politique observée depuis plusieurs années constitue une carte maîtresse. Elle autorise une diversification de la coopération qui dépasse l’amont pétrolier et ouvre, d’après les responsables, la voie à des chantiers d’infrastructures, de formation et de responsabilité sociétale.
Des infrastructures visibles à Brazzaville et Pointe-Noire
La construction du siège de la Radiotélévision du Bassin du Congo illustre cette démarche. Conçue avec un financement chinois et une expertise mixte, l’installation médiatique, déjà opérationnelle, offre un lieu de travail modernisé à des centaines de professionnels et diffuse une image renouvelée de la capitale.
Ailleurs, à Pointe-Noire, Wing Wah s’est associée à la réhabilitation d’artères routières stratégiques pour la logistique portuaire. Le bitume récemment posé facilite l’acheminement des biens tout en réduisant le temps de trajet des habitants, un impact tangible souvent cité par l’association locale des transporteurs.
Production, emplois et formation: les chiffres clés
Les données fournies par le ministère congolais des Hydrocarbures soulignent que Wing Wah a contribué à hauteur de 7 % de la production nationale l’an passé. Ce chiffre, modeste en volume, reflète cependant une montée progressive et témoigne d’une confiance consolidée entre l’investisseur et l’État.
Le dirigeant affirme vouloir porter, d’ici trois ans, la capacité de pompage à 10 000 barils par jour. Cette perspective s’appuie sur des études géologiques complémentaires et sur un plan d’investissement en équipements compatibles avec la réglementation environnementale en vigueur en République du Congo.
Dans l’analyse de la sociologue Émilie Obambi, spécialiste des partenariats Sud-Sud, cette montée en puissance chinoise répond « à l’ambition congolaise de diversification des sources de financement sans alourdir la dette publique ». Le coût, précise-t-elle, est contrebalancé par le transfert de compétences techniques.
Le ministère de la Formation professionnelle signale en effet qu’une trentaine de techniciens congolais ont suivi, depuis 2021, un cycle de perfectionnement à Shenzhen. Les retours d’expérience, relayés dans la presse congolaise, mettent en avant un accès inédit aux laboratoires de simulation et aux standards internationaux.
Sur le terrain social, Wing Wah déploie un fonds destiné aux micro-projets communautaires, notamment des forages d’eau potable dans le Kouilou. Les comités de village, consultés en amont, saluent une démarche inclusive qui se traduit par une baisse documentée des maladies hydriques, selon les autorités sanitaires locales.
Enjeux environnementaux et gouvernance économique
Les ONG environnementales rappellent toutefois les impératifs de préservation de la mangrove. Le cadre réglementaire actuel impose des évaluations d’impact et des plans de gestion. Wing Wah affirme aligner ses opérations sur ces exigences, utilisant des techniques de forage directionnel pour limiter l’empreinte au sol.
À Brazzaville, l’Agence pour la promotion des investissements souligne que le groupe chinois est l’une des premières entreprises à s’engager formellement dans le guichet unique numérique. Cette plateforme réduit les délais administratifs et matérialise la stratégie gouvernementale visant à accroître la transparence et la compétitivité.
L’économiste Jean-Baptiste Moungalla note que l’arrivée de capitaux asiatiques entraîne un effet d’entraînement sur les PME locales, notamment dans la sous-traitance logistique. Dans une étude parue en juillet, il estime à 1 200 le nombre d’emplois indirects générés par la chaîne d’approvisionnement de Wing Wah.
Le discours officiel congolais met en avant ce multiplicateur d’emplois, mais insiste également sur la nécessité de veiller à la qualité des emplois créés. Un projet de décret, actuellement examiné, prévoit un quota minimal de cadres congolais dans les sociétés opérant le long du littoral.
Perspectives stratégiques au-delà du pétrole
Interrogé sur l’avenir énergétique mondial, Xiao Lianping observe que les fluctuations des cours obligent une vigilance budgétaire. Il affirme néanmoins que la stratégie au Congo reste « résolument de long terme », s’appuyant sur des modèles de prix prudents et sur le potentiel inexploité du bloc Kouakouala.
L’accord-cadre signé lors de la visite présidentielle prévoit également l’exploration de créneaux hors hydrocarbures, dont l’agro-industrie et la transformation du bois. Pour le professeur Mankessi, ces secteurs peuvent contribuer à la souveraineté alimentaire et au développement durable, tout en consolidant la balance commerciale nationale.
À la lumière de ces indicateurs, la présence de Wing Wah apparaît comme un laboratoire de la relation sino-congolaise : investissement industrialisant, partenariats académiques et actions communautaires s’y combinent. Les parties prenantes misent sur la continuité pour transformer cette expérience en un modèle de croissance partagée.