Un matériel stratégique pour Pointe-Noire
Un alignement rare entre vision nationale et attentes locales s’est matérialisé à Pointe-Noire avec la remise, par le ministre Juste Désiré Mondélé, d’un lot d’engins d’assainissement dédiés à l’entretien des artères de la capitale économique.
Devant le préfet Pierre Cébert Iboko-Onanga et des équipes municipales, le membre du gouvernement a rappelé que ces machines, issues d’un partenariat avec le Japon, doivent avant tout servir la population et non garnir des parkings ou alimenter des circuits de location.
Le geste trouve son origine dans l’accord de coopération technique signé en 2022 par Denis Christel Sassou Nguesso et l’ambassadeur nippon, accord aligné sur les priorités de la Ticad qui soutient les infrastructures africaines durables.
Des voies plus sûres, une ville plus fluide
À Pointe-Noire, l’enjeu ne se limite pas au ramassage d’ordures. Il touche la fluidité des trafics, la prévention des inondations et l’image d’une cité appelée à redevenir, selon les mots du chef de l’État, « Pointe-Noire-la-Belle ».
Le lot comprend finisseurs, compacteurs, balayeuses et camions multi-bennes. Des formations pratiques ont été planifiées afin que les conducteurs maîtrisent les réglages, les cycles de maintenance et les normes de sécurité associées à chaque engin.
Selon le ministre, l’efficacité du dispositif reposera sur un planning hebdomadaire d’interventions, quartier par quartier, avec fermeture ponctuelle de certaines voies pour permettre la pose d’enrobés sans gêner le trafic portuaire.
Le port en eau profonde de Pointe-Noire, maillon essentiel de la côte ouest-africaine, bénéficie directement de ces chantiers. Des corridors plus fiables vers le Cameroun, le Gabon ou l’Angola pourraient alléger les coûts logistiques et renforcer la compétitivité nationale.
Transparence et participation citoyenne
La mairie, désormais dotée de l’outil, devra publier mensuellement les indicateurs d’utilisation : kilomètres traités, nombre de nids-de-poule rebouchés, volumes de déchets collectés. La transparence est présentée comme le meilleur gage d’appropriation citoyenne.
« Chaque franc investi doit produire un impact visible », résume un cadre technique du département, rappelant que la saison des pluies impose une vigilance accrue sur les caniveaux et l’évacuation des eaux pluviales vers la mer.
Pour Juste Désiré Mondélé, la réussite passe également par l’engagement des riverains. Il invite les associations de quartiers à sensibiliser sur l’interdiction de déposer gravats ou huiles usagées sur la chaussée récemment réhabilitée.
Le message rejoint les orientations du Premier ministre Anatole Collinet Makosso, déterminé à promouvoir une gouvernance locale axée sur les résultats. À terme, l’objectif est de réduire de moitié les dépenses correctives liées à la dégradation prématurée des voiries.
Impacts économiques et logistiques mesurés
L’initiative intervient dans un contexte où Pointe-Noire accueille des investissements pétroliers majeurs. Une circulation plus fluide rassure les opérateurs et améliore les ratios de temps d’accès aux plateformes industrielles.
Des économistes locaux estiment qu’un gain annuel d’un point de croissance pourrait être généré si les temps de transit urbains étaient abaissés de 20 %. Le chiffre reste à confirmer, mais il illustre l’enjeu macro-économique d’une voirie saine.
Pour suivre les progrès, le ministère envisage une cartographie numérique des opérations. Des photos géolocalisées avant-après seront archivées, permettant aux bailleurs, dont la JICA, de vérifier l’usage effectif des engins remis.
La société civile observe pour l’instant avec prudence. Des ONG environnementales souhaitent une extension du programme, incluant la plantation d’arbres d’alignement et la création d’ilots de fraîcheur dans les quartiers défavorisés.
Maintenance, formation et déploiement régional
Au sein des services techniques, la question de la maintenance préventive revient souvent. Faute d’ateliers équipés, plusieurs camions-bennes livrés par le passé sont restés immobilisés. Un budget de pièces détachées est cette fois prévu dès la première année.
Les conducteurs, recrutés pour moitié parmi les jeunes diplômés du centre de formation professionnelle de Loandjili, voient dans cette dotation une opportunité d’emploi stable et qualifié, contribuant à la lutte contre le chômage urbain.
À terme, d’autres villes, notamment Dolisie et Ouesso, pourraient bénéficier d’un mécanisme identique. Le gouvernement entend capitaliser sur l’expérience pilote de Pointe-Noire avant de lancer l’appel d’offres pour de nouveaux équipements.
En attendant, le préfet Iboko-Onanga prévoit une réunion hebdomadaire de coordination afin de recenser les besoins urgents de chaque arrondissement. L’objectif est d’éviter un usage désordonné qui diluerait l’impact des ressources.
Gouvernance partagée et coopération japonaise
Ainsi, sous l’impulsion conjointe de l’État, de la mairie et des partenaires internationaux, la capitale économique consolide son positionnement régional. Les engins fraîchement livrés pourraient, s’ils sont correctement exploités, inscrire durablement Pointe-Noire sur la carte des métropoles africaines attractives.
Un comité mixte, réunissant services de l’État, Chambre de commerce et organisations de transporteurs, élaborera un tableau de bord trimestriel. Les données sur la réduction des temps d’immobilisation des camions au port seront corrélées à l’état des chaussées entretenues.
Les bailleurs internationaux saluent déjà l’approche orientée résultats. « Le suivi rigoureux des indicateurs garantira la pérennité à long terme », note un représentant de l’Agence japonaise de coopération, convaincu que le modèle congolais peut inspirer d’autres ports africains.
