À Brazzaville, un rendez-vous sanitaire décisif
Brazzaville a accueilli, du 2 au 5 décembre 2025, la 35e Réunion de la Commission régionale africaine de la certification pour l’éradication de la poliomyélite. Les délégations de l’Angola, de l’Éthiopie, du Tchad, du Sénégal et de la République du Congo se sont rassemblées pour ce rendez-vous stratégique.
Objectif affiché : évaluer les progrès depuis la session d’octobre 2024 à Dar-es-Salam et définir le plan d’action 2026 apte à effacer les derniers variants vaccinaux encore détectés dans quelques foyers isolés.
Entre comptes rendus, ateliers techniques et sessions plénières, la capitale congolaise s’est transformée en laboratoire d’idées pour consolider la vigilance épidémiologique et harmoniser les campagnes de vaccination à l’échelle de la sous-région.
Une région africaine proche du but d’éradication
L’Organisation mondiale de la santé rappelle que plus aucun poliovirus sauvage n’a été signalé dans la région africaine depuis plusieurs années, une prouesse rendue possible grâce à l’engagement constant des gouvernements et au suivi rigoureux des comités nationaux de certification.
La menace, elle, vient désormais des variants dérivés de la souche vaccinale, capables de profiter d’une couverture inégale pour se propager. Quelques foyers recensés au cours de l’année 2025 rappellent qu’aucun répit n’est permis tant que toutes les transmissions n’auront pas cessé.
Les experts saluent pourtant des performances en nette hausse : taux d’investigation des paralysies flasques aiguës amélioré, délais d’acheminement des prélèvements réduits, cadence vaccinale rapprochée. Des critères indispensables à la perspective d’une future certification continentale.
Des indicateurs en nette progression
Dans la majorité des districts sanitaires, les indicateurs clés dépassent désormais les seuils de référence. Les notifications d’éventuels cas suspects se font sous 48 heures et les échantillons parviennent aux laboratoires agréés dans des conditions de chaîne du froid mieux maîtrisées qu’auparavant.
Cette dynamique résulte du soutien technique de l’OMS, mais aussi d’une volonté politique manifeste. Les allocations budgétaires nationales ont été maintenues malgré les contraintes financières, signe que la santé publique reste une priorité stratégique pour les cinq pays représentés à Brazzaville.
Les intervenants ont souligné que la promptitude des équipes de terrain garantissait une détection précoce des flambées, condition indispensable pour éviter la reconstitution de réservoirs viraux. Les simulations d’alerte organisées en 2025 ont validé l’efficacité de dispositifs désormais bien rodés.
Le rôle moteur du Congo-Brazzaville
Depuis la dernière épidémie de poliovirus sauvage en 2010, la République du Congo a renforcé sa surveillance épidémiologique, modernisé ses laboratoires et multiplié les journées nationales de vaccination. Aucun cas autochtone n’a été répertorié depuis, mais la vigilance demeure totale aux frontières.
Le docteur Donatien Moukassa, directeur de cabinet du ministre de la Santé et de la Population, a rappelé en clôture : « Avec l’appui constant de nos partenaires, nous améliorons continuellement nos indicateurs et consolidons la mobilisation communautaire ». Une déclaration accueillie par un tonnerre d’applaudissements.
Brazzaville entend mettre rapidement en œuvre les recommandations formulées, notamment le renforcement du dépistage environnemental des eaux usées et la formation continue des agents de santé communautaires, premiers relais auprès des familles.
Les recommandations pour 2026
Le plan d’action adopté fixe des jalons précis : couverture vaccinale systématique de 95 % des enfants de moins de cinq ans, extension de la surveillance à tous les sites à haut risque et renforcement des stocks de vaccins oraux et inactivés pour prévenir toute rupture.
Il est également prévu de consolider la coopération transfrontalière au moyen d’équipes mixtes déployées sur les principaux corridors commerciaux. Ce dispositif vise à éviter qu’une flambée dans un pays voisin ne se répercute sur les territoires encore indemnes.
Les membres de la Commission recommandent enfin d’impliquer davantage les leaders d’opinion et les médias locaux pour combattre les réticences vaccinales. La confiance du grand public est jugée déterminante pour franchir le dernier kilomètre vers l’éradication.
Coopération régionale et mobilisation communautaire
Au-delà des stratégies techniques, la réunion a mis en lumière l’importance de la mobilisation communautaire. Des associations de femmes, des groupes de jeunes et des confessions religieuses participent désormais aux campagnes, relayant les messages de prévention jusque dans les hameaux reculés.
Cette approche inclusive se double d’une coordination régionale renforcée par le partage de données en temps réel. Les plateformes numériques mises en service en 2025 permettent aux cinq ministères de la Santé de suivre en continu les indicateurs critiques et d’ajuster leurs interventions.
Les partenaires techniques et financiers, eux, saluent la constance des engagements. Selon l’OMS, conserver l’élan actuel jusqu’en 2026 suffirait à présenter le dossier d’éradication régionale devant la commission mondiale, prélude à un succès historique pour le continent.
Vers la certification finale
À la sortie de la salle, un sentiment d’urgence responsable dominait. Chacun s’accorde désormais sur l’idée que la fin de la polio est à portée de main, à condition de maintenir une vigilance intense, d’investir dans la communication et de poursuivre la solidarité entre États.
Le rendez-vous de 2026 devrait entériner les avancées constatées à Brazzaville. D’ici là, les équipes se disent prêtes à répondre au moindre signal et à démontrer qu’en matière de polio, l’Afrique peut devenir un modèle mondial d’éradication.
