Ralliement stratégique autour de Sassou Nguesso
Réunis à la préfecture de Brazzaville, 280 conseillers nationaux de la Dynamique républicaine pour le développement ont décidé, le 21 août 2025, de solliciter officiellement la candidature du président Denis Sassou Nguesso à l’élection présidentielle de mars 2026, confirmant leur alignement majoritaire.
L’annonce, portée par l’ancien ministre Hellot Matson Manpouya, s’inscrit dans un contexte de recomposition progressive des forces de la majorité où chaque formation souhaite démontrer sa vitalité avant l’ouverture du prochain cycle électoral prévu par la Constitution.
En misant tôt sur le chef de l’État, la DRD espère capter une visibilité médiatique accrue et consolider sa place parmi les alliés incontournables du Parti congolais du travail, tout en évitant les rivalités internes susceptibles d’émousser sa cohésion.
La DRD, un parti en mutation
Créée en 2013, la formation se définit comme républicaine et développementaliste, attachée à la promotion d’un État stratège capable d’accompagner la diversification économique voulue par le Plan national de développement actuel.
Le conclave a pourtant choisi de dissoudre son Bureau exécutif national, signe d’une volonté de rafraîchissement organisationnel. Une commission intérimaire pilotera désormais les affaires courantes jusqu’au deuxième congrès, annoncé pour la fin de l’année.
Selon Hellot Matson Manpouya, cette transition interne doit permettre d’intégrer davantage de jeunes et de femmes dans les instances dirigeantes, afin de refléter la sociologie contemporaine du pays et de favoriser des modes de décision plus participatifs.
Enjeux sociopolitiques de l’appel
L’appel lancé au président Sassou Nguesso relève autant d’un calcul politique que d’une lecture sécuritaire de l’espace public. Ses partisans avancent qu’après une décennie marquée par la pandémie et les fluctuations pétrolières, l’expérience du chef de l’État rassure investisseurs et ménages.
Plusieurs analystes soulignent cependant que la scène politique se complexifie, avec l’émergence de plateformes citoyennes très actives sur les réseaux sociaux. Pour la DRD, clarifier son positionnement dès 2025 évite les spéculations et offre un récit mobilisateur à ses bases rurales.
Le politologue Arsène Nkouka rappelle que « la logique d’anticipation confère un avantage aux partis disposant de réseaux nationaux structurés ». Dans cette perspective, la DRD cherche à capitaliser sur son maillage départemental, hérité des campagnes législatives de 2022.
Vers une campagne anticipée
En adoptant cette posture, le parti s’oblige à une discipline nouvelle. Les délégués ont fixé un calendrier de tournées d’explication qui commencera dans la Cuvette et s’étendra aux autres départements afin de multiplier les réunions communautaires sur le projet présidentiel.
La stratégie repose sur des modules de formation civique destinés aux sympathisants. L’objectif officiel est de contribuer à un vote apaisé, mais aussi de diffuser l’argumentaire économique autour des infrastructures, de la numérisation administrative et de l’agrologie, priorités déjà défendues par le gouvernement.
En coulisses, plusieurs grandes entreprises para-publiques suivent ces déplacements. Une source proche du patronat indique que « la stabilité institutionnelle demeure le critère décisif pour maintenir l’effort d’investissement », corroborant ainsi le discours unitaire développé par la DRD.
Calendrier électoral et manifeste
La Commission électorale nationale indépendante n’a pas encore publié les grandes étapes de la présidentielle, mais la consolidation du fichier biométrique devrait s’achever au premier trimestre 2026 selon le ministère de l’Administration du territoire.
Les partis sont donc incités à structurer leur communication très en amont. Pour la DRD, cela passera par un second congrès chargé d’adopter un manifeste actualisé, reprenant notamment les orientations du Plan national climat et les objectifs de couverture santé universelle.
Des observateurs estiment que ce manifeste servira de passerelle entre la vision présidentielle et les attentes d’une jeunesse urbaine plus sensible aux questions de gouvernance participative et d’employabilité. Le pari est de conjuguer continuité et expressions nouvelles.
À ce stade, aucune formation majeure de l’opposition n’a encore investi de candidat, même si des figures économiques comme Pascal Tsaty Mabiala testent régulièrement leur popularité au travers de conférences régionales. Les regards se tournent donc vers la première semaine de janvier 2026.
Pour l’heure, la DRD se concentre sur le terrain. Les coordinations départementales s’emploient à consolider les comités locaux, illustrant la volonté d’une orchestration méthodique et d’un activisme qui, selon les dirigeants, doit rester conforme à l’esprit de « républicanisme pragmatique » revendiqué depuis douze ans.
Regards internationaux sur le scrutin
Au-delà des frontières, plusieurs chancelleries suivent avec attention la préparation du scrutin. Paris et Pékin, principaux partenaires financiers, multiplient les contacts avec les équipes de campagne afin de s’assurer de la continuité des grands chantiers d’interconnexion ferroviaire et énergétique.
Les organisations régionales, telles la CEEAC, rappellent leur disponibilité à accompagner le processus électoral. Leur dernier communiqué encourage les partis à privilégier le dialogue et à inscrire leurs revendications dans le cadre institutionnel, signe d’une convergence avec les recommandations de la DRD.
Pour l’économiste Florence Mouangou, « les signaux émis par la majorité présidentielle visent également les marchés internationaux, soucieux de lisibilité politique ». Elle estime que la projection précoce d’un candidat réputé assure une courbe de risque maîtrisée sur la dette souveraine.