Brazzaville se penche sur le rôle des médias
Réunis dans le grand auditorium de l’Hôtel Olympic Palace, les responsables des principaux médias de Brazzaville ont écouté, vendredi 12 décembre 2025, l’adresse du président du Conseil supérieur de la liberté de la communication, Médard Milandou Nsonga, consacrée aux exigences professionnelles de la prochaine présidentielle.
Dans une ambiance calme mais studieuse, le haut fonctionnaire a exhorté son auditoire à « faire preuve de responsabilité et d’esprit républicain », alors que la campagne s’ouvrira officiellement dans quelques semaines et que les réseaux sociaux bruissent déjà de rumeurs contradictoires.
Un appel à l’éthique journalistique
Évoquant le foisonnement de contenus partisans en ligne, le président du C.s.l.c a rappelé que le métier de journaliste repose d’abord sur la vérification des faits, l’équilibre des points de vue et la recherche de l’intérêt général, bien loin de la polémique instantanée.
« Le public veut être informé, pas influencé », a-t-il insisté, soulignant que chaque manquement alimente la défiance envers les organes traditionnels et ouvre un boulevard aux fabricants de fausses nouvelles, dont l’objectif réel reste invisible aux yeux de nombreux internautes.
Présenter la nouvelle équipe du Conseil
Devant les caméras, le dirigeant a officiellement présenté les neuf hauts conseillers présents, rappelant que l’équipe au complet compte onze membres nommés pour assurer l’équilibre entre expérience éditoriale, compétences juridiques et ouverture sur la société civile.
Les absents, représentés par procuration, participent déjà aux travaux, a précisé Médard Milandou Nsonga, afin de « maintenir l’élan de réforme » amorcé lors de leur installation officielle quelques semaines après leur désignation.
Vers une couverture électorale encadrée
Annonçant la diffusion prochaine d’un guide pratique, le président du Conseil a décrit les principaux chapitres : critères de pluralisme, équilibre du temps d’antenne, utilisation des sondages et respect du droit de réponse.
La relance de la carte de presse, définitivement sécurisée par un QR code, figure également dans le dispositif ; elle permettra aux journalistes accrédités d’accéder sans heurts aux meetings et de se prévaloir d’un statut reconnu par les organisateurs comme par les forces de sécurité.
La bataille contre la désinformation numérique
Médard Milandou Nsonga a dressé un constat sans détours : certaines plates-formes diffusent injures, appels à la haine ou montages grossiers visant à discréditer institutions et candidats.
Ces contenus, a-t-il martelé, proviennent souvent d’acteurs en dehors de toute rédaction identifiée et ne relèvent pas du journalisme ; ils exposent pourtant le pays à des tensions inutiles à l’heure où la stabilité demeure un atout majeur.
Le C.s.l.c promet de renforcer la veille numérique grâce à une cellule d’alerte composée de juristes et de technologues capables de signaler rapidement les pages litigieuses aux opérateurs, tout en privilégiant la pédagogie auprès des utilisateurs.
Un fonds d’appui aux médias en réflexion
Conscient des fragilités économiques des rédactions, le président du Conseil a annoncé l’ouverture d’une concertation avec le Ministère de la communication et les organisations professionnelles afin de définir des critères d’attribution transparents pour le futur fonds d’appui aux organes de presse.
L’objectif affiché consiste à moderniser les outils de production, soutenir la formation continue et encourager la diversification des supports, une condition jugée essentielle pour offrir au public une information rigoureuse, plurielle et résiliente.
Une tournée de proximité avec les rédactions
La rencontre de Brazzaville fait écho à celle de Pointe-Noire, organisée le 15 octobre, où le même message avait été délivré devant les médias locaux dans une atmosphère tout aussi attentive.
Le Conseil entend poursuivre ces déplacements vers d’autres chefs-lieux afin de collecter les préoccupations spécifiques à chaque zone, du débit internet aux difficultés d’impression, et consolider ainsi une feuille de route partagée.
À l’issue de l’allocution, aucune séance de questions-réponses n’a eu lieu ; un apéritif, ponctué de salutations informelles, a clos la matinée, signe qu’il s’agissait avant tout d’un rappel solennel des règles plutôt que d’un débat technique.
Reste que l’invitation à la responsabilité, répétée à chaque étape, trace un cadre clair : le scrutin de mars 2026 sera observé de près, et les médias congolais, forts d’un encadrement renouvelé, auront l’occasion de réaffirmer leur rôle au service de la République.
Perspectives des rédactions locales
Plusieurs directeurs de publication, approchés en marge de la réunion, se sont dits favorables à la mise à jour des règles, estimant qu’un cadre stable facilite la concurrence loyale entre titres financés par la publicité et blogs personnels souvent dépourvus de moyens.
Une responsable d’un quotidien a néanmoins rappelé que l’éducation aux médias doit aussi viser le public, « afin de former des lecteurs capables de distinguer opinion et information vérifiée », un point que le C.s.l.c promet d’intégrer dans son futur programme de sensibilisation.
Des experts universitaires, invités à titre consultatif, recommandent enfin de valoriser les recherches locales en sciences de la communication pour alimenter la régulation, jugeant que les solutions africaines gagnent en pertinence lorsque les réalités du terrain inspirent directement normes et pratiques.
Le calendrier des prochains ateliers devrait être publié avant fin janvier, nourrissant l’attente d’un dialogue continu entre autorités et médias.
