Plantation symbolique à Bamou Mingali
Sous un soleil de saison, la plaine sablonneuse de Bamou Mingali, dans le district de Djoué-Léfini, a vu 1 143 jeunes plants de Pinus glissés en terre le 13 décembre. L’opération, minutieusement organisée, marque une nouvelle étape du Programme national d’afforestation et reboisement.
Le chiffre peut sembler modeste à l’échelle des immenses forêts congolaises, pourtant chaque semis compte dans la lutte engagée contre les effets du changement climatique, un combat auquel le chef de l’État, Denis Sassou Nguesso, attache une attention stratégique et constante.
Dirigée sur le terrain par la ministre de l’Économie forestière, Rosalie Matondo, la séance collective de plantation a réuni agents forestiers, diplomates, élèves d’Ignié et partenaires techniques, tous alignés autour de sillons fraîchement creusés, bêches à la main et gestes précis pour assurer l’avenir des jeunes conifères.
Coopération verte Congo-Venezuela
La présence remarquée de l’ambassadrice de la République bolivarienne du Venezuela, Laura Evangelina Suarez, a donné une coloration diplomatique à l’événement. Elle y a vu « un acte concret de solidarité verte » destiné à approfondir la coopération bilatérale déjà dynamique entre Brazzaville et Caracas.
Depuis 2015, rappelle la représentation vénézuélienne, 46 863 arbres ont été mis en terre sur le site du Pronar, couvrant quarante-et-un hectares. L’engagement s’inscrit dans la durée, avec un suivi phytosanitaire régulier qui garantit un taux de survie compatible avec les standards internationaux.
« Nous restons aux côtés du peuple congolais pour sauvegarder cet écosystème précieux », a souligné la diplomate, rappelant que la forêt demeure un patrimoine partagé dont la valeur excède les frontières. Ses mots ont été accueillis par des applaudissements nourris parmi les rangs d’élèves.
Le Pronar, colonne vertébrale du reboisement
Né le 6 novembre 2011, le Programme national d’afforestation et reboisement est le bras opérationnel de la Journée nationale de l’Arbre, instituée par la loi 062-84 du 11 septembre 1984 puis révisée en 1996. L’initiative traduit l’engagement législatif ancien du Congo-Brazzaville envers la sylviculture.
Le site expérimental de Bamou Mingali illustre l’ambition d’atteindre, à terme, un million d’hectares reboisés. Ici, des lignes de pins alternent avec des espaces réservés à d’autres essences, gage de diversités microclimatiques et de performances écologiques sur le long cours.
Pour les techniciens forestiers, l’espèce Pinus a été choisie pour sa croissance rapide et sa capacité à fixer les sols latéritiques du Djoué-Léfini. Les semis favoriseront également la séquestration de carbone, paramètre essentiel dans les stratégies de contribution déterminée au niveau national.
Au-delà du geste, les services du ministère assurent un encadrement qui va de la production de plants dans les pépinières à la densification, jusqu’à l’étape cruciale du dégagement des broussailles durant les trois premières années, période jugée décisive pour la survie des pins.
Paiements pour services environnementaux
Au cours de la cérémonie, Rosalie Matondo a rappelé que le Congo est « le pays pilote qui met en œuvre dans la sous-région le premier paiement pour services environnementaux ». Le mécanisme récompense les communautés et institutions qui protègent la forêt, stimulant ainsi une gestion durable.
Les paiements, bien que modestes, créent un cercle vertueux : les populations locales voient dans l’arbre une ressource à préserver plutôt qu’à exploiter de manière prédatrice. Cette incitation financière renforce les initiatives de reboisement, dont témoigne l’affluence autour de la parcelle Pinus.
Pour le directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale, Évariste Ondongo, également présent, « protéger la forêt, c’est préserver le capital naturel des futures générations ». Son institution étudie, a-t-il confié, des modalités de soutien social liées aux retombées économiques de ces services.
Les partenaires internationaux suivent avec intérêt cette expérimentation congolaise. Pour Caracas, elle offre la preuve tangible qu’une action climatique Sud-Sud peut produire des résultats rapides, mesurables et reproductibles, sans attendre de financements lourds venus du Nord.
Jeunesse mobilisée pour la forêt
Au fil des rangées, les collégiens d’Ignié, uniformes impeccables, ont planté leur arbre sous l’œil attentif de leurs enseignants. Leurs sourires traduisaient la fierté d’appartenir à une génération sensibilisée aux défis climatiques et directement impliquée dans la restauration des paysages.
Les pédagogues voient dans le Pronar un outil grandeur nature pour ancrer, hors des salles de classe, la notion de patrimoine forestier. Chaque élève se voit attribuer un plant, qu’il reviendra visiter lors d’excursions annuelles, créant un lien affectif durable avec la forêt.
À Bamou Mingali, le dernier coup de bêche a scellé bien plus qu’une plantation : il a traduit la convergence d’intérêts nationaux, sociaux et diplomatiques autour d’un même horizon, celui d’un Congo-Brazzaville résolument engagé pour ses forêts et pour le climat planétaire.
Suivi scientifique et perspectives régionales
Des équipes de la direction générale des forêts reviendront à intervalles réguliers pour mesurer la croissance des pins, effectuer des éclaircies et collecter des données utiles à l’évaluation du stockage de carbone, paramètre indispensable aux prochains rapports environnementaux du Congo.
Les résultats seront partagés avec les partenaires, afin d’alimenter la base de connaissances régionales sur la reforestation et de consolider la position de pays pilote. Le succès de Bamou Mingali ouvrira la voie à des campagnes similaires dans d’autres départements forestiers.
