Une dynamique associative au service de la mémoire collective
La salle des conférences internationales du Palais des congrès de Brazzaville a retrouvé, le 6 juillet 2025, le parfum des rassemblements solennels qui jalonnent la vie publique congolaise. Anciens uniformes soigneusement repassés, drapeaux tricolores mêlés aux fanions régimentaires : chaque détail rappelait l’esprit de corps forgé dans les couloirs de l’École militaire préparatoire général Leclerc. C’est dans ce décor chargé de symboles que les Anciens Enfants de Troupe du Congo ont tenu leur assemblée générale, acte fondateur d’un nouveau cycle associatif.
Le vote, conduit selon un rituel bien rodé, a reconduit Rémy Ayayos Ikounga à la présidence pour un mandat de trois ans. L’intéressé, conscient de l’épaisseur historique de la fonction, a immédiatement placé son engagement sous le sceau « de l’honneur et de la dignité », deux principes indissociables de la devise de l’école qui forma jadis l’élite militaire congolaise.
Un plébiscite symptomatique d’une confiance renouvelée
Le maintien de Rémy Ayayos Ikounga à la tête du Bureau exécutif national n’est pas une simple reconduction administrative. Il constitue le reflet d’une confiance renouvelée, fruit de trois années marquées par l’ouverture des antennes régionales, la relance des Journées nationales de l’AET et la consolidation des partenariats institutionnels. Autour de lui gravitent désormais le vice-président Armel Nzoulani, le secrétaire général René Nganongo, le trésorier général Arthur Ndey Moizibi ainsi qu’une équipe rajeunie où Serge Eugène Ghoma Boubanga, Michel Zamba et Avicene Cléoface Nzikou incarnent la continuité et l’innovation.
Pour le sociologue Martial Bouanga, fin observateur des dynamiques associatives congolaises, « la réélection d’un bureau stable favorise la projection stratégique et limite les frictions statutaires qui freinent souvent la société civile dans la sous-région ». Une analyse confortée par la fluidité des débats ayant précédé le scrutin, lesquels ont privilégié l’évaluation des actions plutôt que la polémique sur les personnes.
Les 80 ans de l’EMPGL, pivot d’un agenda mémoriel
L’horizon 2026, date retenue pour le 80ᵉ anniversaire de l’École militaire préparatoire général Leclerc, concentre désormais les énergies. Le président Ayayos Ikounga a décrit l’événement comme « une occasion inestimable de raffermir nos rangs et de mettre en exergue l’héritage pédagogique et civique de notre alma mater ». Le programme, encore confidentiel, devrait mêler colloques historiques, cérémonies militaires et actions de mécénat en faveur de la jeunesse.
Au-delà de la nostalgie, cette commémoration porte un enjeu de transmission. L’objectif consiste à réactiver le capital symbolique de l’EMPGL pour inspirer les jeunes générations que le modèle d’excellence militaire attire toujours, dans un contexte où le gouvernement congolais multiplie les initiatives de formation citoyenne.
Du local à l’international, la FAET comme vecteur d’influence
La création récente de la Fédération des Anciens Enfants de Troupe d’Afrique, présidée par le Congolais depuis juillet 2024, confère à l’association une dimension continentale. À travers ce forum panafricain, Brazzaville ambitionne de promouvoir un réseau d’entraide et d’expertise qui dépasse les frontières nationales, qu’il s’agisse de mentorat professionnel ou d’échanges culturels.
Cette posture d’ouverture épouse la diplomatie de coopération prônée par les autorités congolaises, soucieuses de valoriser les réussites locales à l’échelle africaine tout en diversifiant les partenariats. Déjà, des projets conjoints avec les sections camerounaise et ivoirienne émergent, notamment autour des questions de réinsertion des vétérans et de participation citoyenne.
Gouvernance et transparence financière, des gages de crédibilité
Avant le vote, l’assemblée a validé sans réserve le rapport moral, le bilan financier et les conclusions de la Commission de contrôle et d’évaluation couvrant la période 2022-2025. L’excédent budgétaire enregistré, bien que modeste, témoigne d’une gestion rigoureuse des cotisations et des dons. Pour nombre d’ONG partenaires, cette transparence constitue un préalable à tout soutien logistique ou financier.
La démarche s’inscrit dans la tendance actuelle de professionnalisation du tissu associatif, encouragée par les pouvoirs publics qui y voient un relais efficace de politiques publiques, notamment dans les domaines de la solidarité et de la transmission des valeurs républicaines.
Entre camaraderie et diplomatie, des perspectives d’avenir apaisées
Interrogé sur les priorités immédiates, Rémy Ayayos Ikounga évoque l’élargissement du fonds de solidarité interne, la création d’un centre de documentation sur l’histoire des Enfants de Troupe et la mise en place d’un programme de parrainage pour les élèves de l’EMPGL. Autant de chantiers qui nécessiteront un maillage serré avec les ministères concernés, les missions diplomatiques et le secteur privé.
À l’heure où de nombreux États africains s’interrogent sur la valorisation de leur patrimoine militaire, l’Association des Anciens Enfants de Troupe du Congo apparaît comme un laboratoire d’initiatives conciliant devoir de mémoire et projection vers l’avenir. Trente-six mois s’offrent désormais à l’équipe dirigeante pour concrétiser une feuille de route ambitieuse, portée par la confiance de ses membres et le regard bienveillant des institutions nationales.