Coup d’envoi officiel à Brazzaville
Mardi 28 octobre 2025, au cabinet du ministère des Sports à Brazzaville, les autorités ont donné le signal officiel de la saison sportive 2025-2026. La cérémonie, sobre mais solennelle, a été présidée par le directeur de cabinet, Charles Makaya, représentant le ministre empêché.
Autour de lui se tenaient l’inspecteur général des Sports, Charles Dinga, le directeur général, Jean-Robert Bindélé, ainsi que des délégués du Comité national olympique et sportif congolais et du Mouvement paralympique. Quatre présidents de fédérations avaient fait le déplacement pour symboliser l’unité du mouvement.
Bilan contrasté des fédérations congolaises
Dans son allocution, Jean-Robert Bindélé a dressé le panorama de l’exercice 2024-2025. Sur les trente-neuf fédérations reconnues, vingt ont réalisé l’ensemble des activités réglementaires, soit 51,28 %. Les dix-neuf restantes sont demeurées inactives, conséquence d’aléas budgétaires, logistiques ou simplement structurels, a-t-il expliqué.
Le taux de participation, qualifié de « encourageant » par le directeur général, révèle néanmoins l’effort de rattrapage qu’il reste à accomplir. Plusieurs responsables estiment qu’un maillage plus fin entre ministère, collectivités locales et sponsors privés facilitera la tenue régulière des compétitions, pierre angulaire de la détection des talents.
« Nous devons consolider les acquis et multiplier les stages afin d’améliorer nos performances internationales », a insisté le secrétaire général du Cnosc devant un parterre d’entraîneurs. L’appel a été accueilli par des applaudissements mesurés, reflet du mélange d’optimisme et de prudence qui caractérise l’ouverture de la nouvelle saison.
Infrastructures sportives en rénovation
Au-delà des discours, la question des infrastructures rejaillit. Plusieurs enceintes sportives du pays, notamment les stades Massamba-Débat et Alphonse-Massamba-Débat, restent fermées pour travaux de rénovation. Les tribunes vides rappellent que sans pelouse praticable, même la volonté politique la plus affirmée peine à trouver un terrain d’expression.
Le football, sport roi, est le premier à souffrir de cette conjoncture. Faute d’aires homologuées, aucun calendrier national n’a encore été validé. Les clubs, cantonnés aux entraînements, redoutent un deuxième exercice blanc. Les supporters, eux, s’informent via les réseaux sociaux en attendant la réouverture promise des gradins.
Interrogé à l’issue de la cérémonie, Charles Dinga a rappelé que la réhabilitation des stades relevait d’un « engagement gouvernemental majeur ». Il assure que la livraison progressive des chantiers permettra la reprise compétitive avant la fin du premier trimestre 2026, offrant ainsi « un écrin digne » aux différentes disciplines.
Fédérations et paralympisme mobilisés
La cartographie fédérale affiche une diversité rarement égalée. Du handball à l’escrime, en passant par le judo, chaque discipline doit déposer son programme technique annuel et détailler ses besoins. Le ministère a ouvert une fenêtre de trois semaines pour consolider ces feuilles de route et calibrer les subventions correspondantes.
Les fédérations qui n’ont pas fonctionné en 2024-2025 souhaitent profiter du nouveau cycle pour se relancer. Beaucoup citent la formation des cadres, la modernisation des équipements et l’accès à des centres médicaux comme conditions sine qua non. La tutelle affirme vouloir accompagner cet élan, dans la limite des enveloppes budgétaires.
Le mouvement paralympique, présent en force, a rappelé ses succès récents lors des Jeux africains, où plusieurs athlètes congolais ont décroché des médailles. Pour son secrétaire général, la mise en accessibilité des gymnases doit devenir un réflexe. « Une rampe change une vie », a-t-il martelé.
Ambitions et innovations pour 2025-2026
En parallèle, les académies de jeunes multiplient déjà les tournois de vacances afin de rester en mouvement. « Même sans championnat, nous devons garder le rythme », souligne un formateur de Poto-Poto. Ces initiatives de quartier, souvent autofinancées, fournissent un vivier que les sélectionneurs nationaux suivent désormais avec attention.
Dans l’attente d’un calendrier footballistique clarifié, d’autres disciplines voient une fenêtre médiatique s’ouvrir. Le handball prévoit un championnat itinérant dans six départements ; le taekwondo ambitionne d’organiser un Grand Prix régional à Brazzaville. Autant de rendez-vous susceptibles de fidéliser le public et de diversifier les recettes commerciales.
Sur le plan international, le Congo-Brazzaville comptera sur les compétitions de la CEMAC pour étalonner ses sélections. Les experts y voient l’occasion de nouer des partenariats techniques avec le Cameroun et le Gabon, mais aussi de valoriser les entraîneurs locaux, souvent courtisés par des clubs étrangers.
Dans le même temps, la direction des sports s’appuie sur le numérique pour centraliser les données de licences et de résultats. Cette plateforme, en phase de test, doit rationaliser la gestion et accroître la transparence.
Le financement reste le nerf de la guerre, rappelle Charles Makaya. Un fonds spécial de soutien aux compétitions est à l’étude, articulé autour du sponsoring, d’un prélèvement sur les billetteries et d’avantages fiscaux accordés aux entreprises. L’objectif est de sécuriser un budget pluriannuel et de réduire la dépendance aux subventions.
Avec un calendrier encore perfectible mais une volonté commune affichée, la saison 2025-2026 s’engage sous le signe du pragmatisme. La réussite dépendra de la synchronisation des chantiers et du renforcement des capacités humaines. Pour l’heure, athlètes et dirigeants partagent la même ambition : transformer l’élan cérémoniel en résultats tangibles.
