Une alliance stratégique au cœur des enjeux sanitaires
La capitale sénégalaise vient d’abriter la conclusion d’un partenariat jugé structurant pour l’écosystème sanitaire africain. L’Association Galien Africa, branche continentale du célèbre prix pharmaceutique, et le Réseau des Médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (Remapsen) ont scellé une convention de deux ans renouvelables afin de conjuguer leurs expertises. Dans un contexte où les crises épidémiologiques rappelent la nécessité d’une information fiable, le rapprochement entre scientifiques et professionnels des médias apparaît comme un levier décisif pour la consolidation des politiques publiques de santé.
Le levier communicationnel : catalyseur des politiques publiques
Au cours de la cérémonie, Bamba Youssouf, président du Remapsen, a rappelé que « la communication n’est pas un ornement des stratégies sanitaires : elle en est l’ossature ». Cette conviction rejoint les analyses de l’Organisation mondiale de la santé, pour laquelle l’adhésion communautaire repose sur la circulation d’informations scientifiquement validées mais socialement acceptables. En plaçant la communication au cœur de la convention, les signataires veulent transformer le journalisme spécialisé en véritable interface entre décideurs, chercheurs et populations, de sorte que la donnée scientifique irrigue le débat public plutôt que de nourrir la rumeur.
Renforcement des compétences journalistiques spécialisées
Le texte paraphté prévoit des sessions de perfectionnement destinées aux reporters couvrant les sujets de santé et d’environnement. Formations en méthodes de vérification des sources, ateliers sur l’appropriation des données épidémiologiques et immersion dans des laboratoires figurent parmi les dispositifs envisagés. Pour la professeure Awa Marie Coll Seck, présidente de Galien Africa, « adapter le langage scientifique au grand public, sans le dénaturer, impose une pédagogie exigeante que seuls des journalistes dûment outillés pourront assurer ». À terme, l’objectif est de constituer un réseau panafricain de correspondants capables de décrypter les résultats de la recherche et d’anticiper les signaux faibles.
Vers une synergie santé-environnement durable
La dimension environnementale de l’accord souligne la perméabilité des problématiques contemporaines. Changements climatiques, pollutions et émergences zoonotiques forment un continuum que la théorie One Health met désormais en avant. En liant santé publique et préservation des écosystèmes, Galien Africa et Remapsen entendent promouvoir des récits médiatiques qui dépassent la seule approche biomédicale pour intégrer les déterminants sociaux et écologiques. Cette orientation est conforme aux priorités de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, puisque la durabilité y est présentée comme condition sine qua non de la prospérité.
Le Prix Galien Afrique 2025 comme matrice d’innovation
Point d’orgue de la feuille de route conjointe, le prochain Prix Galien Afrique, prévu du 28 au 31 octobre 2025 à Dakar, servira de laboratoire grandeur nature à la coopération. Le Remapsen assurera la couverture médiatique de l’événement, diffusera des communiqués et coorganisera des webinaires d’expertise. Au-delà de la visibilité, ce rendez-vous doit démontrer la capacité du continent à produire des innovations thérapeutiques endogènes et à les valoriser auprès des décideurs. Des start-ups de biotechnologie congolaises, rwandaises ou ivoiriennes y sont déjà pressenties, signe que l’initiative rayonne bien au-delà du cadre sénégalais.
Perspectives régionales et engagement congolais
La République du Congo, représentée lors de la signature par des observateurs du ministère de la Santé et de la Population, a manifesté son intérêt pour les outils de formation élaborés par le partenariat. Brazzaville, qui accueille plusieurs institutions de santé publique d’envergure continentale, dont le Bureau régional de l’OMS, pourrait devenir un incubateur pour des modules de e-learning adaptés au contexte de l’Afrique centrale. Interrogé en marge de la cérémonie, un diplomate congolais a estimé que « l’approche partagée par Galien Africa et le Remapsen épouse la vision du président Denis Sassou Nguesso, qui fait de la prévention et de la transparence informationnelle un pilier de la gouvernance sanitaire ». Cette convergence témoigne de l’ouverture d’une fenêtre d’opportunité pour harmoniser les initiatives régionales.
Un horizon de coopération renouvelable
En prévoyant une clause de renouvellement tacite à échéance de deux ans, l’accord s’inscrit dans une temporalité longue, gage de stabilité et de cumul d’expériences. Les signataires se donnent ainsi les moyens d’évaluer les impacts réels des actions menées, tant sur la qualité de l’information diffusée que sur la perception des citoyens. À l’heure où la fabrique de l’opinion s’opère à grande vitesse sur les réseaux numériques, pareille vigilance apparaît salutaire. L’avenir dira si la capacité de mise en œuvre sera à la hauteur des ambitions, mais l’architecture institutionnelle, l’implication des autorités nationales et l’engouement des partenaires internationaux offrent d’ores et déjà un terreau favorable à l’émergence d’une communication sanitaire africaine plus robuste, intégrée et résolument tournée vers le développement durable.