Un voyage hautement diplomatique
Le président Denis Sassou N’Guesso s’est envolé de l’aéroport Maya-Maya de Brazzaville le 31 août pour Beijing. Il répond ainsi à l’invitation de son homologue Xi Jinping, qui souhaite la présence d’une vingtaine de chefs d’État aux cérémonies commémoratives.
Le déplacement illustre la constance de la diplomatie congolaise, attentive à renforcer chaque partenariat clé. À Beijing, le chef de l’État entend consolider une relation bilatérale vieille de soixante-et-un ans, déjà élevée au rang de partenariat stratégique global en 2016.
Au moment de son départ, le chef de l’État a été salué par les corps constitués nationaux. Cette tradition protocoliaire souligne l’importance accordée à la mission et le consensus institutionnel autour de la stratégie étrangère du Congo-Brazzaville.
Aux côtés du président, figure notamment Françoise Joly, Représentante personnelle du Chef de l’État pour les affaires stratégiques et les négociations internationales, dont la présence illustre le poids accordé à l’expertise technique et diplomatique dans la conduite de ce voyage.
Les commémorations du 80e anniversaire
Les cérémonies marqueront la victoire de la guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise ainsi que la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le cœur de la commémoration se déroulera le 3 septembre sur l’emblématique place Tian’anmen.
Un défilé militaire présentera exclusivement des équipements déjà opérationnels, selon les autorités chinoises. Missiles Dong Feng-31, avions furtifs J-20, drones ou robots quadrupèdes symboliseront la modernité des forces armées. Le porte-avions Fujian pourrait y être formellement admis au service actif.
Une vieille amitié sino-congolaise
Les deux pays ont établi leurs liens diplomatiques en 1964. Depuis, l’axe Brazzaville-Beijing s’est construit autour d’une coopération jugée mutuellement bénéfique, marquée par la réalisation de grands projets structurants sur le territoire de la République du Congo.
Le partenariat couvre les infrastructures de transport, l’énergie, les télécommunications et l’agriculture. Chaque chantier participe à la diversification économique prônée par le Plan national de développement 2022-2026, que les autorités congolaises souhaitent accélérer durant cette visite.
Le partenariat stratégique global de 2016
En 2016, Brazzaville et Beijing ont officiellement hissé leurs échanges au niveau de partenariat stratégique global. Cette étape a ouvert un dialogue plus dense sur les investissements, la formation de cadres et la coordination dans les instances internationales.
La nouvelle configuration encourage des projets conjoints à long terme, notamment dans la zone économique spéciale de Pointe-Noire. Le climat de confiance engendré par ce cadre a contribué à mobiliser aussi bien capitaux publics que privés chinois.
Le rôle du Congo au sein du FOCAC
Sur le plan multilatéral, la République du Congo assure actuellement la coprésidence du Forum sur la coopération sino-africaine pour un mandat de trois ans. Cette responsabilité confère à Brazzaville une visibilité accrue dans les discussions continentales.
Les réunions préparatoires du prochain sommet du FOCAC devraient mettre l’accent sur la santé, l’industrialisation et la transition numérique. La voix congolaise, portée par Denis Sassou N’Guesso, y défendra l’idée d’un partenariat durable équilibré.
Attirer de nouveaux investisseurs
Comme lors de ses précédentes visites, le chef de l’État pourrait rencontrer des investisseurs. Objectif : promouvoir les grands projets du Plan national de développement, dont la réhabilitation du réseau routier et la modernisation énergétique.
L’administration congolaise met en avant la stabilité institutionnelle du pays et la disponibilité d’une main-d’œuvre jeune. Les discussions bilatérales à Beijing offrent ainsi une tribune pour détailler les incitations fiscales et les garanties prévues pour les partenaires étrangers.
Les entreprises congolaises espèrent tirer parti de nouveaux partenariats technologiques. Des joint-ventures avec des sociétés chinoises pourraient favoriser le transfert de compétences, notamment dans les secteurs agro-industriel et numérique, considérés comme prioritaires dans la programmation 2022-2026.
La dimension symbolique du défilé
La participation de dirigeants africains, dont Denis Sassou N’Guesso, renforce la portée internationale du défilé militaire. Pour Beijing, il s’agit autant de rendre hommage au passé que de présenter sa puissance technologique dans un cadre résolument pacifique.
Le Congo-Brazzaville, attaché au multilatéralisme, trouve dans cette mise en scène un écho à sa propre politique de défense moderne mais non offensive. La présence du président congolais souligne donc l’importance accordée à la paix et à la coopération.
Des perspectives bilatérales confirmées
Les analystes estiment que ce voyage devrait permettre de finaliser certains protocoles d’accord déjà négociés, notamment ceux relatifs au financement des infrastructures. Le maintien d’une trajectoire budgétaire soutenable reste cependant un paramètre attentivement suivi par Brazzaville.
Du côté chinois, l’accompagnement technique demeure un argument. Pékin privilégie les projets jugés réalisables à court terme, capables de générer rapidement des effets multiplicateurs sur l’emploi et la productivité, un objectif partagé par les autorités congolaises.
Dans les prochains jours, les échanges officiels et les rencontres économiques viendront préciser l’agenda. Les observateurs attendent la signature de plusieurs mémorandums, autant de signaux envoyés aux partenaires internationaux sur la solidité de l’axe Brazzaville-Beijing.