Un discours centré sur la paix
Face aux micros, Denis Sassou-Nguesso a, une nouvelle fois, placé la paix au cœur de son message. Pour lui, aucune politique de développement ne peut s’installer sans sécurité durable. Ce leitmotiv, répété depuis deux décennies, structure désormais l’action gouvernementale contre le banditisme urbain.
Le chef de l’État a rappelé que l’histoire congolaise récente est jalonnée de crises. Selon lui, l’engagement pris en l’an 2000 de tourner la page des violences reste d’actualité. « Nous voulons que les populations vivent et travaillent en paix », a-t-il martelé devant la presse.
Cette orientation se traduit aujourd’hui par une offensive contre les « bébés noirs » et kulunas, groupes responsables d’agressions et d’intimidations dans plusieurs quartiers. Pour le président, laisser ces réseaux s’enraciner reviendrait à fragiliser le tissu social patiemment reconstruit.
Genèse de l’opération anti-banditisme
Depuis quelques semaines, la Direction générale de la sécurité publique mène des descentes ciblées dans les arrondissements les plus touchés de Brazzaville et Pointe-Noire. Les premières arrestations ont montré l’ampleur du phénomène, posant la question des moyens à mobiliser.
Devant l’essoufflement initial, le chef de l’État dit avoir « vu que l’opération patinait ». Il a donc décidé de renforcer le dispositif. L’objectif est d’éviter que les délinquants ne profitent de l’effet de surprise puis se dispersent vers d’autres villes.
À Talangaï, arrondissement symbole de la riposte, les habitants confient déjà ressentir « un souffle d’apaisement ». Pour les autorités, ces retours encouragent une accélération coordonnée, afin d’empêcher l’installation d’une criminalité itinérante sur l’ensemble du territoire.
La Sécurité présidentielle en première ligne
Denis Sassou-Nguesso a confirmé avoir personnellement ordonné l’entrée en action d’unités de la Sécurité présidentielle. Il s’appuie sur le décret qui intègre ce corps d’élite à la Force publique, autorisant son déploiement pour le maintien de l’ordre lorsque la situation l’exige.
Le président insiste sur la formation « particulière, sévère, solide » de ces soldats. Leur expérience dans le département du Pool, où ils avaient été engagés, constitue à ses yeux un gage d’efficacité. « Elles sont dans leur rôle », affirme-t-il, évoquant un devoir de protection du peuple.
Cette participation militaire n’est pas sans précédent. Il cite le cas français de l’opération Vigipirate, où armée, police et gendarmerie collaborent contre la menace terroriste. L’analogie vise à légitimer la mobilisation de ressources supplémentaires pour la sécurité intérieure.
Le message est clair : l’intervention ne doit pas être perçue comme ponctuelle. Elle s’inscrit dans une stratégie globale où chaque composante de la Force publique dispose d’un segment spécifique, sous la coordination directe du commandement en chef.
Effet domino sur les autres forces
La décision présidentielle imprime un rythme. Le ministre de l’Intérieur a reçu des instructions pour faire converger police, gendarmerie et armée vers un même plan d’action. Il ne s’agit plus de juxtaposer les patrouilles, mais de mutualiser renseignements et logistique.
Les forces conventionnelles restent indispensables pour tenir le terrain après les phases d’assaut. Les arrestations doivent s’accompagner d’un suivi judiciaire et social, souligne un officier interrogé. « Le volet prévention consolide l’opérationnel », ajoute-t-il, en référence aux programmes civiques déjà lancés.
Dans la capitale, des points de contrôle permanents s’installent aux abords des marchés et gares routières. Si certains résidents redoutent des contraintes, beaucoup saluent le retour d’une quiétude propice aux activités commerciales. Le gouvernement compte sur cet indice de satisfaction pour légitimer la poursuite de l’opération.
Une stratégie inscrite dans la durée
« Ce ne sera pas un feu de paille », répète le président, taclant les initiatives passées qui se sont éteintes faute de suivi. Cette fois, la démarche prévoit une évaluation régulière et un élargissement géographique selon l’évolution des menaces.
Brazzaville et Pointe-Noire restent prioritaires, mais les autorités comptent quadriller progressivement Dolisie, Owando ou Ouesso, afin de couper toute route de repli aux bandes. La mobilité des unités, couplée aux saisies d’armes blanches, doit créer un effet dissuasif durable.
Parallèlement, l’exécutif mise sur la reconstruction des infrastructures sociales. L’inauguration du Complexe scolaire de la Liberté, cadre du point de presse, symbolise ce lien entre sécurité et développement. « Il faut redonner des horizons à la jeunesse », rappelle un responsable local de l’éducation.
En conjuguant répression ciblée et investissements civils, le pouvoir entend verrouiller les causes et les manifestations de la violence urbaine. Reste à maintenir la vigilance collective, conclut Denis Sassou-Nguesso, pour que « la paix ne soit plus un simple mot, mais un quotidien partagé ».
