Reconduction stratégique à la tête de la SNPC
Le décret présidentiel du 16 octobre 2025 confirme Maixent Raoul Ominga au poste de directeur général de la Société nationale des pétroles du Congo. Le chef de l’État réaffirme ainsi sa confiance à un gestionnaire devenu incontournable pour la première société publique du Congo-Brazzaville.
Adoptés lors du Conseil des ministres réuni à Oyo le 7 octobre, les nouveaux statuts de la SNPC suppriment la limite initiale de deux mandats. Leur entrée en vigueur précède de quelques mois l’expiration du second mandat d’Ominga, prévu pour février 2026.
Dans un secteur pétrolier encore dominant, la stabilité managériale demeure un atout. En reconduisant son directeur, l’exécutif entend préserver les acquis financiers et techniques d’une entreprise qui contribue substantiellement aux recettes budgétaires et aux investissements structurants du Congo-Brazzaville.
Parcours d’un financier devenu pilote du pétrole
Maixent Raoul Ominga, formé à la comptabilité à l’Institut supérieur de l’entreprise de Montpellier, a rejoint la SNPC en 2001 au département finances. Il a consolidé son expertise en devenant, dès 2014, expert-comptable agréé dans l’espace Cemac.
Au fil des promotions, il devient en 2016 directeur général adjoint chargé des finances, succédant à Calixte Nganongo, alors appelé au ministère des Finances. Cette étape prépare son arrivée, deux ans plus tard, à la tête de la société nationale.
Nommé directeur général en février 2018, dans un contexte de réforme voulue par le gouvernement Mouamba, Ominga hérite d’une SNPC endettée et confrontée à des cours du brut volatils. Il instaure aussitôt un pilotage financier centré sur la discipline budgétaire.
Redressement financier et résilience face aux crises
Le premier mandat s’achève en mars 2022 par un renouvellement, en vertu des anciens statuts limités à deux mandats de quatre ans. Cette reconduction clôt une phase de redressement jugée probante par les commissaires aux comptes et les partenaires bancaires.
Sous sa conduite, la dette fournisseur a été ramenée à un niveau compatible avec les flux de trésorerie, tandis qu’une rationalisation des charges d’exploitation a dégagé de nouveaux marges pour l’investissement. Les gains ont permis de renforcer la contribution du groupe au Trésor public.
La période a pourtant été secouée par la pandémie de covid-19 et l’impact mondial de la crise russo-ukrainienne. Malgré ces éléments exogènes, la SNPC a maintenu ses opérations et protégé les emplois, salués par un dialogue social jugé constructif par les syndicats.
Responsabilité sociétale, un moteur de développement
Au-delà des chiffres, le dirigeant porte une conception inclusive du développement. Il crée la Fondation SNPC, levier de responsabilité sociétale qui finance écoles, forages d’eau potable et services hospitaliers dans plusieurs départements, répondant aux priorités définies par le plan national de développement.
Parmi les réalisations majeures figurent le Complexe scolaire Jean-Baptiste Tati-Loutard à Tchiminzi, le Lycée Antoine Ndinga-Oba d’Oyo et onze ouvrages hydrauliques entre Yié et Odziba. Autant d’infrastructures ouvertes gratuitement aux populations rurales souvent éloignées des services essentiels.
L’hôpital de référence de Kinkala a été réhabilité et agrandi, recevant un pavillon mère-enfant, un service de néonatologie et des blocs opératoires modernisés. Les autorités sanitaires y voient la preuve qu’une entreprise publique peut jouer un rôle pivot dans la couverture médicale.
À Brazzaville, la rénovation du Complexe scolaire Liberté de Talangaï attend son inauguration, tandis qu’un lycée ultramoderne sort de terre à Dolisie. Ces chantiers traduisent la volonté de renforcer l’éducation, pilier central du projet de société porté par le président Denis Sassou-Nguesso.
Nouvelle ambition énergétique et gouvernance étendue
Les nouveaux statuts élargissent également l’objet social de la SNPC aux énergies renouvelables. L’entreprise pourra investir dans le solaire, l’éolien ou l’hydrogène, en cohérence avec les engagements climatiques du Congo-Brazzaville et la diversification voulue par la CEMAC.
Le compte-rendu du Conseil des ministres précise que le mandat du directeur général passe désormais à cinq ans, renouvelable sans plafond, afin de sécuriser la mise en œuvre des projets structurants. Les administrateurs, eux, disposeront de mandats de même durée renouvelables une seule fois.
Pour l’exécutif, la cohérence entre horizon stratégique et durée des responsabilités constitue un levier d’efficacité. « La continuité managériale favorise la visibilité des investisseurs et la montée en puissance des partenariats techniques », estime un conseiller proche du dossier.
Perspectives industrielles et attentes sociales
Les analystes pétroliers soulignent qu’une gouvernance stable devrait rassurer les majors appelées à participer aux prochains rounds d’exploration offshore, alors même que le bassin côtier congolais reste sous-exploré comparé à ses voisins du golfe de Guinée.
Sur le terrain social, les syndicats réitèrent leur souhait de voir la nouvelle dynamique énergétique se traduire par des formations qualifiantes et des embauches locales. La direction assure que les programmes de reconversion vers l’entretien des installations solaires seront financés dès 2026.
À court terme, la reconduction d’Ominga confère à la SNPC un cap lisible. À plus long terme, le succès du virage vert et la maîtrise de la dette publique constitueront les indicateurs clés pour mesurer la pertinence de ce pari sur la continuité.