Un conseil d’administration sous haute attente
Réuni le 11 décembre à Brazzaville, le conseil d’administration de la Société de promotion immobilière, établissement public industriel et commercial placé sous tutelle de l’État, s’est engagé dans un examen stratégique destiné à mesurer la rentabilité et la pertinence de ses interventions sur le marché immobilier national.
L’ouverture des travaux, présidée par Gaspard Symphorien Mbou Likibi, a rappelé que l’objectif premier consiste à confronter les résultats réels aux ambitions définies lors de la création de la Soprim en 2012, après la reprise d’actifs et de passifs de l’ancienne Société de promotion et de gestion immobilière.
Cette réunion, la première depuis la mise en place formelle du conseil, intervient également vingt-quatre ans après le dernier comité de direction de la Soprogi, soulignant la volonté des administrateurs de rompre avec une trop longue pause décisionnelle afin d’ancrer la société dans une gouvernance modernisée.
Des indicateurs financiers scrutés
Le document de référence présenté aux administrateurs couvre la période 2012-2025 et détaille chiffre d’affaires, bénéfice net, flux de trésorerie et taux de retour sur investissement, autant de signaux permettant de dresser un tableau fidèle de la solidité économique de l’opérateur public.
Selon les premières tendances discutées à huis clos, la croissance aurait connu des phases contrastées, dépendant des cycles du marché immobilier urbain, de la variation du coût des matériaux de construction et de la disponibilité du financement hypothécaire, parfois limité malgré un climat macroéconomique plutôt stable.
Les analystes internes soulignent que le renforcement des partenariats avec des banques locales a soutenu la trésorerie, tandis que la rationalisation des dépenses opérationnelles a amélioré la marge, permettant de dégager des bénéfices réinvestis dans des projets de logements sociaux à Brazzaville et Pointe-Noire.
Capital humain et concurrence privée
Face à une concurrence accrue des promoteurs privés, souvent plus agiles, le conseil a mis l’accent sur la montée en compétence des équipes et la fidélisation des profils techniques rares, architectes, ingénieurs ou juristes, indispensables pour accélérer la délivrance des programmes et sécuriser les transactions foncières.
Un audit des besoins en formation sera conduit au premier trimestre 2024 afin de cartographier les lacunes et aligner les parcours professionnels sur les normes internationales, en particulier celles relatives à la certification environnementale, désormais exigée par plusieurs bailleurs de fonds et par une clientèle plus avertie.
Le président du conseil a estimé que la mobilisation de ressources humaines motivées conditionne la capacité de la Soprim à lancer des lotissements innovants à coûts maîtrisés, tout en garantissant des retombées économiques locales, notamment l’emploi de jeunes artisans et la sous-traitance auprès de PME congolaises.
Défi climatique et mission publique
Au-delà de la rentabilité, l’établissement se voit confier une responsabilité sociétale majeure dans un contexte où les épisodes d’inondations se multiplient sur le littoral et dans plusieurs quartiers de la capitale, provoquant des sinistres coûteux pour les ménages les plus vulnérables.
Les administrateurs souhaitent que toute nouvelle opération intègre des normes de résilience, du choix des matériaux aux systèmes de drainage, afin d’offrir des habitations capables d’absorber chocs thermiques et pluies intenses, limitant ainsi le recours aux dépenses publiques de secours et de reconstruction.
Cette orientation est jugée compatible avec le Plan national de développement du Congo-Brazzaville qui encourage les entreprises publiques à concilier impératifs financiers et adaptation au changement climatique, en misant sur les innovations technologiques et sur la coopération avec des centres de recherche locaux et régionaux.
Douze ans d’existence, nouveaux horizons
Créée le 11 octobre 2012, la Soprim arrive à un tournant où le rattrapage de son retard décisionnel doit se traduire par une feuille de route précise, comprenant la relance de chantiers mis en sommeil, la diversification de ses sources de revenus et l’amélioration de ses rapports avec les collectivités.
Les projections 2025 anticipent une hausse modérée du chiffre d’affaires grâce à l’ouverture de segments locatifs moyen standing et à l’introduction d’outils numériques pour la commercialisation, tels que plateformes de réservation en ligne et visites virtuelles, déjà courantes sur d’autres marchés d’Afrique centrale.
Pour consolider sa compétitivité, l’entreprise envisage d’émettre un emprunt obligataire domestique destiné à financer des infrastructures d’accès, voies, adductions d’eau et réseaux électriques, un choix qui pourrait rehausser sa visibilité auprès des investisseurs tout en soulageant le trésor public.
En clôture de session, Gaspard Symphorien Mbou Likibi a insisté sur la nécessité de maintenir un dialogue constant avec l’État actionnaire et les partenaires privés, affirmant que la performance future dépendra d’un équilibre subtil entre mission de service public et efficacité financière attendue par les citoyens.
Le conseil dressera un rapport public au premier semestre prochain; il devra détailler recommandations et échéancier, avec des indicateurs mesurables soumis à un suivi semestriel, gage d’une transparence renforcée qui pourrait inspirer d’autres entreprises publiques engagées dans le même effort de modernisation organisationnelle au niveau national et sous-régional également.
