Financement européen pour la santé publique
Un appui financier de 220 000 euros, octroyé par l’Union européenne, vient de consolider la riposte congolaise contre le choléra. La somme, convertie à environ 144 millions de francs CFA, illustre le partenariat durable entre Bruxelles et Brazzaville en matière de santé publique.
Cet apport s’inscrit dans une logique de solidarité régionale, l’Union européenne ayant déjà soutenu plusieurs campagnes sanitaires en Afrique centrale. Les fonds seront prioritairement dédiés à l’accès à l’eau potable, à l’assainissement, à une prise en charge médicale rapide et à l’engagement communautaire.
L’objectif fixé par la Croix-Rouge congolaise est clair : assister au moins 15 000 personnes dans les zones touchées, et ce, durant les quatre mois d’exécution prévus jusqu’à fin décembre 2025, période jugée cruciale pour stabiliser l’épidémie saisonnière.
« Cette contribution va sauver des vies et renforcer nos capacités locales », a souligné Malik Loemba-Makosso, premier vice-président de l’organisation, lors de la cérémonie de lancement à l’Hôtel Saint-François-de-Paul, devant des partenaires techniques et financiers attentifs.
Un fonds d’urgence stratégique
Le dispositif activé prend la forme d’un Fonds d’urgence pour les secours en cas de catastrophes, architecture éprouvée par le Mouvement international de la Croix-Rouge. Il permet aux volontaires de disposer rapidement de ressources sans dépendre de longues mobilisations budgétaires.
Dans la pratique, les équipes humanitaires interviendront sur trois volets complémentaires : distributions de chlore et de kits d’hygiène, réhabilitation de points d’eau, puis formation d’agents de santé communautaires. Chacun de ces volets vise à enrayer la contamination fécale-orale caractéristique du vibrion cholérique.
Le secrétariat général de la C.r.c, piloté par Gabriel Goma Mahinga, supervisera le suivi et l’évaluation. Des tableaux de bord hebdomadaires permettront d’orienter les équipes vers les foyers émergents et d’ajuster la logistique en temps réel.
La cartographie de la maladie
Si l’épicentre initial situé sur l’Île Mbamou montre une régression encourageante, la pression sanitaire se déplace vers le département du Congo-Oubangui. Les districts de Mossaka, Loukoléla et les villages environnants enregistrent désormais la concentration la plus élevée de nouveaux cas signalés.
Le professeur Donatien Mounkassa, représentant du ministère de la Santé, a indiqué que plus de 500 cas avaient été enregistrés pour 35 décès, soit un taux de létalité de 7,1 %. Ces chiffres, bien que maîtrisés, nécessitent une vigilance opérationnelle soutenue.
Les autorités sanitaires rappellent que le choléra n’est pas endémique en République du Congo. Toutefois, les flux journaliers entre Kinshasa et Brazzaville, amplifiés par le commerce transfrontalier, créent un risque de réintroduction permanente depuis la République démocratique du Congo et l’Angola.
Faute de kits de prélèvement suffisants, tous les cas suspects ne peuvent être confirmés en laboratoire. Cette lacune diagnostique complique la modélisation épidémiologique, mais n’empêche pas le déploiement de protocoles curatifs standard fondés sur la réhydratation orale et intraveineuse.
Une coordination nationale renforcée
La cérémonie de lancement, organisée le 25 août 2025, a réuni institutions étatiques et partenaires multilatéraux. Cette visibilité témoigne d’une approche concertée, où chaque acteur inscrit son action dans la stratégie de réponse nationale validée par le ministère de la Santé.
Franck Davy Diangana, en charge de la prévention des catastrophes, a souligné que la maîtrise de l’épidémie passait par un partage rapide d’informations entre les provinces et Brazzaville. Des cellules de crise départementales seront connectées à la plateforme nationale pour accompagner le dispositif.
Parallèlement, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge apporte une expertise technique, notamment pour la formation des formateurs. Cette coopération permet d’aligner les normes congolaises sur les standards internationaux sans négliger les spécificités culturelles propres aux communautés riveraines.
Les autorités locales saluent également la synergie avec les services de la Défense civile, mobilisés pour la logistique fluviale vers Mossaka et Loukoléla. Cette articulation civilo-militaire sécurise le transport de personnel médical et de matériel de désinfection.
Défis et perspectives sanitaires
Malgré une tendance épidémiologique en baisse, les acteurs de la riposte estiment que des facteurs aggravants subsistent : précarité des réseaux d’eau, forte densité des quartiers périphériques et faiblesse du dépistage. La sensibilisation demeure donc la première ligne de défense auprès des ménages.
Les autorités rappellent que le lavage systématique des mains, la consommation d’eau traitée et l’utilisation de latrines améliorées réduisent drastiquement la transmission. La C.r.c, déjà déployée sur le terrain, mise sur la proximité de ses volontaires pour diffuser ces messages de santé publique.
À moyen terme, le gouvernement envisage de renforcer les infrastructures hydrauliques rurales, considérant que la prévention reste moins coûteuse qu’une réponse d’urgence. Le succès de cette approche dépendra du maintien des financements et du compagnonnage technique offert par des partenaires tels que l’Union européenne.
En attendant, la mobilisation ne faiblit pas. Conjuguant savoir-faire local, soutien international et coordination gouvernementale, la République du Congo démontre sa capacité à anticiper et contrôler un foyer épidémique, préservant ainsi la santé et la dignité des populations riveraines.