Une dynamique nationale renforcée
Depuis janvier, la République du Congo enregistre des avancées notables dans la lutte contre la délinquance faunique, un phénomène qui menace des espèces emblématiques et l’équilibre des écosystèmes nationaux.
Neuf présumés trafiquants ont été arrêtés entre janvier et juillet 2025, à Dolisie, Owando et Impfondo, témoignant d’une surveillance accrue des axes routiers et des marchés informels.
Les autorités affichent un objectif clair : protéger un capital naturel qui contribue à la stabilité climatique, à l’économie rurale et au rayonnement international du pays.
Ce volontarisme découle aussi des orientations fixées par la Vision 2030 du gouvernement, qui inscrit la conservation de la biodiversité parmi les piliers d’une économie verte créatrice d’emplois locaux et d’opportunités touristiques.
Des opérations coordonnées sur le terrain
Les opérations répressives associent la gendarmerie, les directions départementales des eaux et forêts et des procureurs spécialisés, selon un schéma de coopération interservices salué par l’Union africaine.
À Dolisie, une équipe mixte a intercepté deux véhicules transportant des peaux de panthère dissimulées sous des sacs de manioc ; l’arrestation a pu être réalisée sans violence, précise le lieutenant Mavoungou.
Quelques semaines plus tard, les agents basés à Owando surprenaient un trio en possession de 34 kilogrammes d’écailles de pangolin géant, preuve de la continuité des filières malgré les sanctions accrues.
Un rapport interne évoque une hausse des dénonciations citoyennes, favorisée par l’utilisation anonyme de messageries mobiles, qui offre un avantage stratégique aux forces de l’ordre.
Les interventions s’appuient sur un maillage géographique étendu ; des postes avancés en forêt profonde reçoivent désormais un appui aérien ponctuel, grâce à un hélicoptère léger acquis l’an passé.
La justice au cœur de la dissuasion
Au-delà des arrestations, la réponse judiciaire s’avère déterminante ; cinq des huit personnes déjà jugées ont écopé de peines fermes allant de douze à vingt-quatre mois, assorties d’amendes substantielles.
Selon le magistrat Noëlla Moukassa, « la sévérité se fonde sur la loi 37-2008, qui offre un cadre précis et cohérent, respectueux des standards internationaux ».
La publication rapide des jugements, relayée par la presse nationale, consolide la dissuasion en rendant visible le risque pénal encouru par les contrevenants.
Des ateliers de renforcement des capacités, financés par l’Union européenne, contribuent à uniformiser les pratiques de police judiciaire et à perfectionner la chaîne de traçabilité des pièces à conviction animales.
Le soutien technique déterminant du PALF
Le Projet d’appui à l’application de la loi sur la faune (PALF) joue un rôle de catalyseur depuis plus d’une décennie, en fournissant expertise scientifique, appui logistique et formation continue aux enquêteurs.
Pour son coordonnateur, Aristide Fayanga, « chaque arrestation résulte d’un travail d’équipe où la connaissance de la forêt rejoint les techniques modernes de renseignement ».
Le PALF assure également le suivi post-procès, en aidant les parquets à conserver les pièces à conviction et à organiser les restitutions à la direction de la faune.
Les bases de données génétiques compilées par le PALF facilitent désormais l’attribution des saisies à des populations précises d’éléphants ou de pangolins, un atout majeur pour démanteler les réseaux internationaux.
Information et adhésion des communautés
La communication publique s’est intensifiée, rendant la lutte plus inclusive ; radios communautaires, plateaux télévisés et réseaux sociaux relaient des messages de sensibilisation traduits dans plusieurs langues locales.
À Impfondo, des leaders traditionnels ont animé une causerie villageoise pour rappeler les valeurs ancestrales liées à la coexistence harmonieuse avec la faune, suscitant une adhésion palpable chez les jeunes.
Le ministère de l’Économie forestière annonce par ailleurs une campagne scolaire visant à intégrer la notion de biodiversité dans les manuels du primaire d’ici la prochaine rentrée.
Plusieurs artistes de la scène congolaise se sont engagés à diffuser des chansons valorisant la faune, transformant la mobilisation écologique en phénomène culturel touchant la diaspora.
Défis persistants et perspectives 2026
Malgré ces progrès, le commerce d’ivoire demeure alimenté par une demande régionale et asiatique encore forte, rappelant la nécessité de coopérations transfrontalières plus robustes.
Le Congo soutient déjà l’initiative de fusion des bases de données douanières d’Afrique centrale, un projet que les experts considèrent comme un pas décisif vers la traçabilité des cargaisons suspectes.
En 2026, l’entrée en service du nouveau centre de formation de Kintélé devrait renforcer les compétences locales en criminalistique faunique, consolidant un dispositif présenté comme « inédit dans la sous-région » par le professeur Moutsinga.
Le bilan 2025 confirme ainsi l’ancrage d’une politique publique constante qui associe protection de l’environnement, respect de la loi et développement durable, dans l’intérêt des générations présentes et futures.