Vers une rentrée apaisée
La menace d’une grève prolongée dans les écoles congolaises s’est dissipée le 17 octobre, à la suite d’une annonce officielle de la Plateforme syndicale de l’éducation nationale. Les enseignants ont choisi la voie du dialogue et préserveront ainsi la continuité des apprentissages en 2025-2026.
Cette décision intervient à un moment crucial, quelques mois avant le lancement de la campagne présidentielle, période où la stabilité sociale constitue un enjeu prioritaire pour les autorités comme pour les familles.
Un dialogue facilité par le médiateur
Au cœur de la médiation, Valère Gabriel Eteka-Yemet, Médiateur de la République, a multiplié les consultations afin de rapprocher les positions. La rencontre de Brazzaville, décrite comme « fructueuse » par toutes les parties, a joué le rôle de catalyseur du compromis.
« Notre priorité reste l’avenir de nos enfants », a rappelé le médiateur, invitant les ministres concernés à accélérer le traitement des dossiers salariaux. Cet engagement personnel a rassuré la coordination de la PSEN, conduite par le porte-parole Herbin Baketiba.
En échange, les syndicats ont suspendu toute action jusqu’à nouvel ordre. Ils laissent ainsi la porte ouverte à une concertation continue, conditionnant néanmoins la trêve à des avancées tangibles d’ici un mois, délai fixé pour informer leur base.
Les revendications au cœur des discussions
Les enseignants réclament d’abord le paiement intégral des rappels de solde, accumulés depuis plusieurs années. Selon la PSEN, ces arriérés pèsent sur le moral du corps enseignant et freinent l’attractivité du métier, pourtant considéré comme pilier du développement national.
La plateforme insiste également sur la publication de l’arrêté interministériel fixant primes et indemnités prévues par le statut particulier. Pour elle, cet acte juridique mettrait fin à l’incertitude en donnant de la visibilité aux rémunérations futures.
Autre exigence majeure, la tenue régulière des commissions administratives paritaires. Si celle concernant l’enseignement général a déjà eu lieu, le mutisme persistant du secteur technique et professionnel nourrit l’impatience des enseignants en attente de titularisation ou de reclassement.
Enjeux financiers et calendrier serré
Le relèvement du point d’indice à 450 avant le 1ᵉʳ décembre 2025 constitue le principal défi budgétaire. D’après des sources internes, cette mesure représenterait un effort conséquent pour le Trésor public, mais le gouvernement assure étudier un calendrier soutenable.
La reprise des allocations familiales, suspendues de longue date, figure également sur la table. Pour de nombreux enseignants, ce versement est essentiel, surtout en période d’inflation, afin de soutenir le pouvoir d’achat et de garantir la réussite scolaire des enfants.
Enfin, la PSEN réclame l’augmentation du quota d’intégration de 4 000 places. Cette mesure permettrait de stabiliser les contrats précaires et de réduire le recours aux vacations, jugées coûteuses sur le long terme par plusieurs économistes de l’éducation.
Impact sur les familles et les élèves
La suspension du mouvement rassure les parents qui redoutaient une année hachée, semblable aux précédentes perturbations. À Brazzaville comme à Pointe-Noire, les associations de parents saluent un « soulagement collectif » et espèrent retrouver une progression pédagogique régulière.
Pour les élèves des zones rurales, la stabilité est encore plus cruciale. Les cours annulés se traduisent souvent par des décrochages irrémédiables, faute d’accès aux outils numériques d’appoint. La trêve offre donc une chance de rattraper les retards accumulés.
La vigilance syndicale demeure
Malgré l’accalmie, la PSEN prévient qu’elle reste « sur le qui-vive ». La coordination dressera un bilan fin novembre pour vérifier l’avancement des dossiers. En cas d’inertie, elle se réserve le droit de consulter sa base sur de nouvelles actions.
Le gouvernement, quant à lui, mise sur ce répit pour consolider la réforme du système éducatif, axée sur la qualité des apprentissages et l’adéquation formation-emploi. L’optimisme affiché par les deux parties laisse entrevoir un possible pacte social durable.
Dans l’immédiat, enseignants, parents et élèves abordent la rentrée 2025-2026 avec confiance. Si les engagements financiers sont honorés, le secteur pourrait gagner en attractivité, servant d’exemple à d’autres administrations en matière de négociation apaisée.
Un dispositif de suivi inédit
Pour éviter tout enlisement, le Médiateur de la République propose la création d’un comité de suivi associant représentants syndicaux, hauts fonctionnaires et partenaires techniques. Réuni chaque quinzaine, il devra rendre publics les progrès, instaurant ainsi une culture de reddition de comptes.
Plusieurs experts saluent l’initiative. « La transparence réduit la méfiance et accélère la prise de décision », analyse un sociologue de l’université Marien-Ngouabi. Il souligne que les conflits sociaux antérieurs se nourrissaient surtout d’un manque d’information et de canaux de dialogue formels.
Le ministère des Finances, souvent pointé du doigt pour la lenteur des procédures, assure déjà avoir mandaté une cellule dédiée à la liquidation des rappels. Cette orientation est perçue comme un signal positif, en phase avec les priorités budgétaires nationales.
À plus long terme, la résolution de ce dossier pourrait contribuer à renforcer la confiance entre partenaires sociaux et pouvoir public, élément indispensable pour atteindre les objectifs du Plan national de développement et consolider la place du Congo-Brazzaville dans la CEMAC.