Un chantier sanitaire à haute valeur symbolique
Inauguré le 15 décembre à Brazzaville, le nouveau siège du Programme national de lutte contre le VIH/sida incarne l’engagement du gouvernement pour une santé publique modernisée, articulée autour d’infrastructures durables et d’alliances internationales maîtrisées.
Fruit d’un vaste chantier de cinq mois, l’édifice trône désormais sur un terrain de dix mille mètres carrés cédé par l’État, symbole tangible d’une mobilisation budgétaire nationale au service d’une mission sanitaire jugée prioritaire.
Le précédent occupant, le Centre de puériculture Lucienne-Edouard, laisse place à un ensemble entièrement réhabilité, intégré à un programme national de vingt entrepôts sanitaires répartis dans les quinze départements du Congo-Brazzaville.
D’un montant total de 383,4 millions de francs CFA, soit environ 586 000 euros, l’investissement confirme la capacité du pays à mobiliser des partenaires sans renoncer à un contrôle rigoureux des calendriers et des coûts.
Une collaboration Pnud-Fonds mondial déterminante
Le Projet a été conduit sous la houlette conjointe du Programme des Nations unies pour le développement et du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, dont les contributions techniques ont garanti la conformité aux normes internationales.
Pour Adama Dian-Barry, représentante du Pnud, l’objectif d’éradiquer le VIH d’ici 2030 demeure atteignable à condition de consolider l’armature logistique, de moderniser les circuits d’approvisionnement et de pérenniser les financements.
La responsable souligne que l’édifice a été pensé selon des standards environnementaux exigeants, intégrant ventilation naturelle, dispositifs d’économie d’énergie et matériaux locaux, autant d’options contribuant à la durabilité du projet.
L’alliance institutionnelle reste pilotée par le ministère de la Santé et de la population, garant d’une appropriation nationale des outils de planification, de suivi et d’évaluation qui seront désormais centralisés dans le nouveau siège.
Des espaces conçus pour l’efficacité opérationnelle
Avec vingt-trois pièces, dont des bureaux mutualisés, deux salles de réunion, un centre de reprographie et une zone d’archivage climatisée, le bâtiment offre une capacité d’accueil adaptée aux équipes mobiles et aux partenaires techniques.
Les flux de travail ont été redessinés pour accélérer la consolidation des données épidémiologiques, réduire les délais de transmission vers les districts et fiabiliser la remontée d’indicateurs utilisés dans les rapports internationaux.
Des connexions Internet haut débit, doublées d’une alimentation électrique sécurisée, doivent limiter les interruptions de service, condition essentielle pour maintenir un suivi thérapeutique continu et une dispense fluide d’antirétroviraux.
La coordonnatrice Mapaha Maikassissa insiste sur l’importance d’un cadre de travail inspirant, susceptible de stimuler l’innovation des équipes chargées d’élaborer des stratégies différenciées en fonction des réalités locales.
Vers une couverture thérapeutique élargie
Aujourd’hui, plus de quarante-huit mille personnes vivant avec le VIH, dont trois mille enfants, bénéficient déjà d’un traitement antirétroviral, une progression saluée par les acteurs associatifs et les soignants.
Entre 2024 et 2025, cent quarante-trois mille sept cent quarante-quatre femmes enceintes ont été dépistées dans le cadre de la prévention de la transmission mère-enfant, renforçant ainsi la détection précoce et l’orientation vers les services adaptés.
Parallèlement, plus de cinq cents cadres et agents de santé ont suivi des formations aux approches différenciées, un dispositif qui vise à personnaliser la prise en charge et à maintenir l’adhésion des patients.
Le nouveau siège devrait offrir l’espace nécessaire pour centraliser ces sessions de renforcement de capacités, faciliter les échanges entre provinces sanitaires et favoriser l’essaimage de bonnes pratiques sur l’ensemble du territoire national.
Cap sur l’objectif d’éradication en 2030
Le professeur Rosaire Ibara, ministre de la Santé et de la population, a exhorté les équipes à produire des résultats mesurables, estimant que la mise en service de l’immeuble doit se traduire par une augmentation effective de la couverture thérapeutique et une réduction durable des nouvelles infections.
À partir de 2026, le Pnud envisage de prolonger cet accompagnement, toujours sous la coordination nationale et avec l’appui de l’Organisation mondiale de la santé, afin d’accélérer l’accès aux traitements et de diversifier les services communautaires.
Les autorités congolaises misent également sur la plateforme numérique Sanar-Data, déployée en parallèle, pour combiner cartographie en temps réel des cas et allocation dynamique des ressources, un levier supplémentaire pour optimiser le fonctionnement du nouveau siège.
En dépit des défis, le climat d’engagement observé lors de la remise des clés entretient l’espoir de voir le Congo-Brazzaville rejoindre le concert des nations capables d’atteindre l’élimination du VIH à l’horizon 2030.
