Vice-présidence : une pierre angulaire pour 2026
Face à la presse, Dominique Basseyla a rappelé qu’aucune économie ne prospère sans institutions solides. D’où sa proposition d’instaurer, dès la prochaine révision constitutionnelle, un ou deux vice-présidents aptes à assurer la continuité de l’État et à seconder le chef de l’État sur des dossiers ciblés.
Dans la version à un seul titulaire, ce vice-président, nommé par décret ou choix direct, représenterait le Président lors de rencontres majeures et clôturerait le mandat en cas d’empêchement. La variante à deux titulaires distinguerait un profil politique et un profil exécutif, ce dernier remplaçant alors la fonction de Premier ministre.
Trois blocs pour clarifier le paysage partisan
Reprenant l’une des recommandations déjà évoquées en juin, le ministre délégué suggère de réorganiser les formations en trois familles : républicains, socio-démocrates et centristes. Les partis existants ne seraient ni dissous ni limités dans leur création, mais chaque structure devrait rejoindre l’un de ces blocs afin de rendre l’offre politique plus lisible.
« Nous ne parlons pas d’interdiction, mais de cohérence idéologique », insiste-t-il. Selon lui, cette mutualisation favoriserait la discipline de vote, simplifierait le débat public et renforcerait la crédibilité des engagements programmatiques devant les électeurs.
Vers la proportionnelle intégrale à l’Assemblée
Pour mesurer l’ancrage réel de chaque bloc, Dominique Basseyla plaide en faveur d’un scrutin de liste à représentation proportionnelle. Les futurs députés seraient élus dans des circonscriptions élargies, départementales ou communales, où seules trois listes, une par bloc, se disputeraient le suffrage.
Cette règle exclurait les candidatures indépendantes, mais elle offrirait, selon lui, un baromètre transparent de la force électorale de chaque mouvance, condition déterminante pour la répartition des responsabilités gouvernementales, des bureaux des deux chambres et des assemblées locales.
CONEL : vers une autonomie gravée dans la Loi fondamentale
Créée à la suite du dialogue de Sibiti 2015, la Commission nationale électorale autonome (CONEL) a déjà étendu ses attributions. Le commissaire général estime aujourd’hui indispensable d’inscrire l’institution dans la Constitution pour garantir sa liberté financière, organisationnelle et fonctionnelle.
« Une CONEL constitutionnalisée inspirera confiance à tous les acteurs et consolidera la paix civile », explique-t-il, rappelant que le comité ad hoc demeure disponible pour accompagner le Parlement dans la rédaction des dispositions nécessaires.
Biométrie : un chantier encore ouvert
La modernisation technique du fichier électoral reste sur la table. Dominique Basseyla convient que l’introduction de la biométrie exige des prérequis logistiques et budgétaires non totalement réunis à ce stade. Il souligne néanmoins que la révision administrative en cours des listes constitue une avancée appréciable.
Le comité encourage chaque citoyen à s’enregistrer, jugeant cette participation primordiale pour fiabiliser le corps électoral et préparer, à terme, l’enrôlement biométrique intégral.
Découpage territorial : Niari et Nianga-Louéssé séparés
Dans la dynamique de proximité entre élus et administrés, le comité ad hoc relance la question du redécoupage territorial. Il propose de scinder l’actuel département du Niari en deux entités distinctes, Niari et Nianga-Louéssé, afin d’améliorer l’efficacité des politiques publiques et l’équité de la représentation parlementaire.
Cette évolution répondrait, selon Basseyla, à la nécessité d’adapter la carte administrative à la démographie et aux réalités socio-économiques observées depuis la réforme de 2015.
Financer des élections sans décourager l’électeur
Le coût des scrutins figure également parmi les inquiétudes. Les montants requis pour se porter candidat, combinés aux dépenses logistiques, peuvent, aux yeux du comité, freiner la participation. « Une démocratie vivante a besoin d’élections accessibles », martèle le commissaire général.
Il préconise donc une révision à la baisse de certains frais, tout en assurant leur transparence, afin de stimuler l’engagement des jeunes, des femmes et de la diaspora, trois publics stratégiques pour la vitalité démocratique du Congo-Brazzaville.
Dialogue permanent pour une réforme consensuelle
Dominique Basseyla insiste sur le fait que ces axes de réforme ne sauraient aboutir sans un dialogue constant entre Gouvernement, partis et société civile. Le bilan partiel des recommandations de Sibiti montre, d’après lui, que les avancées deviennent pérennes lorsque chaque acteur en comprend les bénéfices.
Le comité ad hoc s’apprête ainsi à soumettre de nouvelles notes techniques détaillées, destinées à nourrir les débats parlementaires avant la session consacrée aux ajustements constitutionnels.
Cap sur mars 2026 en ordre de marche
À moins d’un an des législatives, la feuille de route esquissée se veut à la fois pragmatique et ambitieuse. Elle entend renforcer la stabilité, pilier cher au président Denis Sassou Nguesso, tout en ouvrant des espaces de compétitivité politique et de transparence que réclament partenaires et citoyens.
La convergence entre réorganisation partisane, vice-présidence, proportionnelle intégrale et CONEL autonomisée pourrait, si elle était validée, redessiner le jeu institutionnel congolais pour la prochaine décennie, conclut Basseyla, confiant dans l’adhésion progressive des forces vives.
