Sécurité présidentielle 2026 : le cap fixé
À Brazzaville, le général de division Guy Blanchard Okoï a ouvert, le 15 décembre, la conférence initiale chargée de préparer la sécurisation de l’élection présidentielle prévue en mars 2026. L’homme fort de l’état-major général a promis une « quiétude totale » aux citoyens durant tout le processus.
Cette première étape marque le lancement du Groupe d’anticipation stratégique, outil interarmées destiné à construire une réponse à la fois opérationnelle et administrative, pour garantir que chaque bureau de vote bénéficie d’un dispositif dissuasif, visible et proportionné, de l’ouverture des campagnes jusqu’à la proclamation des résultats officiels.
Une planification centrée sur le citoyen
Selon le Cemg, la priorité absolue reste la protection des populations. Le concept validé par la conférence entend placer l’électeur au centre, en multipliant les patrouilles de proximité, la médiation préventive et le renseignement de terrain afin de prévenir toute tentative d’intimidation ou de déstabilisation.
La rencontre, organisée jusqu’au 16 décembre 2025, doit également finaliser les modalités du vote anticipé des personnels en uniforme. Cette mesure, déjà appliquée lors du scrutin de 2021, libère les forces le jour J pour se consacrer exclusivement à la sécurité des civils.
Un inventaire précis des besoins logistiques est en cours : véhicules, moyens de communication, cartes de déploiement, rations de campagne et équipements médicaux. L’objectif est de couvrir l’ensemble des 101 districts, des zones fluviales aux localités enclavées, sans rupture de chaîne d’approvisionnement.
Leçons tirées du scrutin de 2021
Les planificateurs s’appuient sur le retour d’expérience du précédent scrutin présidentiel de mars 2021. À l’époque, la Force publique avait déployé plus de 20 000 éléments pour garantir l’ordre, tout en évitant les dispositifs trop visibles susceptibles de perturber la circulation ou l’activité commerciale.
Le général Okoï a salué la « rigueur et le pragmatisme » démontrés en 2021, rappelant que zéro incident majeur avait été enregistré. Les bonnes pratiques identifiées alors — coordination interservices, chaînes radio dédiées, cellules de suivi en temps réel — seront conservées et adaptées au contexte de 2026.
Les équipes entendent toutefois améliorer la circulation de l’information vers la population. Des points de situation réguliers seront diffusés par la télévision publique, les radios locales et les plateformes numériques du gouvernement, afin de prévenir toute rumeur et de renforcer la confiance dans les institutions.
Adapter la Force publique au découpage territorial
Le territoire national connaît depuis peu un nouveau maillage administratif qui compte davantage de départements et de collectivités. Cette évolution impose une révision minutieuse des cartes opérationnelles pour garantir que chaque ex-district dispose d’au moins une unité mobile capable d’intervenir en moins de trente minutes.
La cartographie des centres et bureaux de vote anticipé sera intégrée dans un tableau de cadrage unique. Les logisticiens pourront alors planifier les convois routiers, fluviaux ou aériens, en fonction des contraintes saisonnières et du relief, afin d’éviter toute rupture de flux le jour du vote.
En zone frontalière, des dispositifs spécifiques seront envisagés pour prévenir les mouvements transfrontaliers non autorisés. L’accent sera mis sur la coopération avec les forces de sécurité voisines, particulièrement la RDC et le Gabon, afin de partager le renseignement relatif aux éventuelles menaces fluviales ou routières.
Optimiser les moyens dans un contexte budgétaire
Le contexte économique demeure serré, a rappelé le Cemg, appelant ses troupes à « faire beaucoup avec peu ». La mutualisation des moyens entre armée, gendarmerie et police sera systématisée, tandis que l’entretien préventif des équipements visera à réduire les coûts de remplacement.
Les partenaires traditionnels apportent leur concours, sous forme de formations ciblées et de dons d’équipements non létaux. Selon le général François Ossélé, ces appuis resteront alignés sur la doctrine nationale, l’objectif étant de renforcer les capacités locales sans dépendance excessive aux fournisseurs extérieurs.
Parallèlement, une cellule budgétaire conjointe veille à la traçabilité des financements. Chaque ligne de dépense sera documentée, afin de permettre un audit interne rapide et de rassurer les bailleurs sur la bonne gouvernance des fonds alloués à la sécurisation électorale.
Prochaines étapes opérationnelles
À l’issue de la conférence, un document de synthèse regroupera l’analyse sécuritaire internationale et nationale, le concept simplifié de protection du vote et l’état consolidé des besoins logistiques. Ce texte servira de référence unique pour toutes les entités engagées, des brigades aux gouvernorats.
Dès janvier 2026, une série de manœuvres grandeur nature testera la réactivité des forces sur l’ensemble du territoire. Pour le Cemg, ces exercices permettront de valider, avant la campagne officielle, que la sérénité de l’électeur congolais restera au cœur du dispositif républicain.
Un comité d’évaluation indépendant, composé de représentants de la société civile et d’experts universitaires, sera associé à chacune des étapes. Selon le général Ossélé, cette ouverture contribuera à « renforcer la crédibilité du processus et à assurer une transparence sans faille ».
Au terme de ces préparatifs, les forces armées congolaises ambitionnent de proposer un modèle reproductible pour les échéances locales et législatives futures. L’institution espère ainsi consolider la paix sociale et conforter l’image d’un Congo-Brazzaville résolument tourné vers la stabilité et le développement.
