Aberdeen mise sur les gisements du continent
Fixé aux 18 et 19 novembre 2025, le Wider Africa Energy Summit (WAES) promet de transformer Aberdeen en plaque tournante du dialogue Europe-Afrique (source WAES). En réunissant opérateurs et prestataires, l’événement veut accélérer les décisions d’investissement sur tout le spectre pétrolier et gazier.
L’initiative est portée par OGV Group, épaulé par l’African Energy Chamber, la Society of Petroleum Engineers et plusieurs organisations britanniques engagées en Afrique. Une association d’expertises qui renforce la crédibilité du rendez-vous aux yeux des marchés.
Les organisateurs soulignent que la rencontre offre « un tremplin pour la chaîne d’approvisionnement européenne » désireuse de s’implanter durablement dans les bassins africains les plus dynamiques, de l’Atlantique au canal du Mozambique.
En toile de fond, la transition énergétique pèse sur les décisions. Le sommet ambitionne donc d’équilibrer impératifs climatiques, besoins de rentabilité et attente des pays producteurs en matière de contenus locaux.
Les majors confortent leurs positions africaines
Shell arrive auréolé de la découverte Graff en Namibie et prépare, pour 2026, un nouveau forage sur le permis PEL 39. Au Nigeria, sa décision d’investir dans le projet gazier HI ouvre 350 millions de pieds cubes quotidiens.
La compagnie a également signé son retour en Angola en 2025 via le bloc 33, confirmant que le golfe de Guinée reste central dans sa stratégie continentale (source WAES).
Du côté de bp, la production de gaz naturel liquéfié a démarré cette année sur le mégaprojet Greater Tortue Ahmeyim, à cheval entre la Mauritanie et le Sénégal. La phase 2 est déjà à l’étude pour accroître la capacité.
Le groupe britannique alimente aussi l’Égypte en gaz avec le développement Reven Infills lancé en 2025. Ces mouvements illustrent un réengagement massif des majors dans les actifs gaziers, perçus comme un levier de décarbonation relative.
Indépendants et LNG : pari sur la croissance
Avec 450 000 barils produits chaque jour, Harbour Energy s’impose comme l’un des premiers producteurs indépendants mondiaux. Sa stratégie africaine privilégie le gaz, de Reggane Nord en Algérie au delta du Nil en Égypte.
Les Canadiens de Canadian Natural Resources et les Britanniques de Serica Energy, bien qu’ayant réduit leur périmètre continental dernièrement, seront aussi présents à Aberdeen, signe que l’Afrique demeure une option attractive à moyen terme.
Le dynamisme du LNG africain, nourri par la demande asiatique et européenne, constitue l’argument principal des indépendants. Ils misent sur la rapidité d’exécution et la modularité des infrastructures flottantes.
Les pays hôtes, eux, valorisent ces projets pour stimuler les recettes d’exportation tout en développant des usages domestiques du gaz, notamment dans la génération électrique.
Les fournisseurs de services renforcent leur ancrage
NOV capitalise sur la numérisation des puits pour accroître l’efficacité des opérations. Présente au Ghana, au Nigeria, au Cameroun, en République du Congo, en Angola et au Kenya, l’entreprise compte sur le WAES pour élargir son portefeuille.
Oceaneering, spécialiste de l’inspection sous-marine, vient de renouveler un contrat majeur en Afrique de l’Ouest. Sa participation à Aberdeen vise à sécuriser de nouvelles campagnes d’imagerie et de maintenance.
Expro, reconnu pour la construction de puits et la décommission, cherche des relais de croissance en Afrique subsaharienne. Les perspectives de démantèlement de champs matures l’incitent à multiplier les partenariats locaux.
Modec parie sur ses solutions de flottants de production pour s’imposer du Sénégal à la Côte d’Ivoire, en passant par le Nigéria et le Cameroun. Le sommet lui offre une vitrine face aux décideurs publics.
Une passerelle pour la supply-chain britannique
Aberdeen, ville phare de l’offshore mer du Nord, voit dans le WAES un moyen d’exporter son savoir-faire vers des bassins à plus forte croissance. Les PME locales du subsea, du forage ou de la maintenance profiteront d’un accès direct aux décideurs africains.
Le Scottish African Business Association et la UK Ghana Chamber of Commerce facilitent les rendez-vous BtoB, misant sur un format privilégiant les rencontres ciblées plutôt que les grands forums généralistes.
Cette approche pragmatique répond à la demande des États africains qui souhaitent contractualiser rapidement, tout en exigeant des engagements sur la formation et la création d’emplois.
Les banques de développement présentes à Aberdeen devraient également clarifier leurs conditions de financement, un point crucial pour des projets qui nécessitent souvent des montages hybrides.
Quelles retombées pour Brazzaville et ses voisins ?
La République du Congo, déjà terrain d’action pour NOV et d’autres prestataires, voit dans le WAES une occasion de présenter de futurs appels d’offres offshore en toute visibilité régionale.
Les autorités congolaises entendent valoriser les réserves gazières non encore développées pour diversifier une économie dominée par le pétrole brut. La présence de plusieurs majors à Aberdeen offre une tribune pour leurs arguments.
Pour les pays limitrophes, de la Namibie à l’Angola, le sommet sert de plateforme neutre afin de mettre en avant la stabilité accrue de leur cadre contractuel et la compétitivité fiscale.
En définitive, WAES 2025 s’annonce comme un baromètre des ambitions africaines et européennes à l’aube d’un nouveau cycle d’investissement, avec Aberdeen comme chef d’orchestre des synergies transcontinentales.