Auteur/autrice : Rédaction Congo-B
Une audience sous le sceau de la continuité diplomatique Le 29 juillet dernier, le palais du peuple de Brazzaville a de nouveau servi d’écrin aux échanges feutrés de la diplomatie congolaise. Reçu en début d’après-midi par le président Denis Sassou Nguesso, Mgr Javier Herrera-Corona, nonce apostolique accrédité auprès de la République du Congo, a remis un pli scellé émanant du pape Léon XIV. La scène, soigneusement chorégraphiée selon le protocole vatican, s’inscrit dans la tradition des rapports cordiaux entretenus depuis bientôt quatre décennies entre le Saint-Siège et le Congo, pays majoritairement chrétien et abritant l’une des plus anciennes communautés catholiques…
La partition impériale de la fin du XIXᵉ siècle À l’hiver 1885, la Conférence de Berlin grave dans le marbre diplomatique la cartographie africaine voulue par les puissances européennes. Le bassin du fleuve Congo, vaste couloir fluvial dont l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza vante les potentialités, se retrouve partagé entre la France et le souverain belge Léopold II. Au nord, la future Afrique-Équatoriale française installe son chef-lieu à Brazzaville ; au sud, l’État indépendant du Congo, propriété personnelle de Léopold jusqu’en 1908, érige Léopoldville en plaque tournante commerciale. « Le fleuve devient la colonne vertébrale d’un double projet impérial, observe…
Géographie physique et enjeux territoriaux Située de part et d’autre de l’Équateur, la République du Congo déploie 342 000 km² de paysages qui oscillent entre plaines atlantiques, plateaux savanicoles et forêts équatoriales. Le linéaire côtier, long d’à peine 160 km, ouvre sur le golfe de Guinée un accès maritime précieux, bien que partiellement entravé par les barres sableuses héritées du courant de Benguela. À l’intérieur des terres, le massif du Mayombé et la vallée du Niari fonctionnent comme des couloirs naturels reliant l’hinterland aux quais de Pointe-Noire, favorisant, depuis la période coloniale, la circulation des biens et des idées. Les…
La fermeture de 2021 : genèse institutionnelle d’une pause Lorsque les portes du site « Mont Carmel » se sont refermées en 2021, la mesure avait surpris par sa fermeté. Officiellement, le gouvernement invoquait un nécessaire réajustement administratif et sanitaire, dans un contexte où la prolifération des grands rassemblements religieux interrogeait la capacité de l’État à garantir la sécurité publique. Cette décision s’inscrivait dans une politique de régulation plus large, impulsée par la Direction générale des Affaires religieuses, visant à harmoniser les pratiques cultuelles et à prévenir les dérives sectaires. L’initiative, saluée par certains observateurs pour sa vigilance préventive, fut…
Une offensive diplomatique calibrée Depuis les premiers jours d’avril, Brazzaville orchestre une campagne diplomatique d’ampleur afin de porter Firmin Édouard Matoko, ancien haut fonctionnaire de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, au sommet de l’institution. En se rendant à Libreville le 28 juillet, Anatole Collinet Makosso a ouvert la séquence visible d’un marathon censé convaincre chacun des cinquante-huit membres du Conseil exécutif de l’Unesco. Le déplacement du Chef du gouvernement, rarement mobilisé sur une cause sectorielle, traduit la priorité politique accordée à ce scrutin qui ne se déroulera qu’en 2025, preuve que l’anticipation est désormais…
Un jalon stratégique pour la sécurité énergétique Sous le soleil matinal de Brazzaville, la coupure du ruban a résonné comme un symbole. En réceptionnant les nouveaux hangars de stockage d’Energie électrique du Congo (E2C), le ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique, Émile Ouosso, a affirmé « qu’aucun développement industriel n’est possible sans un réseau fiable et prévisible ». Derrière la formule, se dessine la volonté des autorités de consolider un secteur souvent soumis aux aléas climatiques et logistiques. Les deux sites, Itatolo pour la région Centre-Nord et Mongo-Kamba II pour le littoral et le Sud, doivent doter la compagnie nationale…
Un héritage panafricain toujours vivant Lorsque l’Organisation de l’unité africaine désigna, en 1996, Brazzaville comme terre d’accueil du Festival panafricain de musique, il s’agissait de prolonger le souffle intellectuel né à Dakar, Alger et Lagos. Derrière l’événement festif se nichait l’intuition que la culture pouvait devenir un langage diplomatique commun à même d’affermir la jeune construction continentale. Presque trois décennies plus tard, cette ambition demeure : le FESPAM continue d’incarner le legs symbolique des pères fondateurs, en rappelant que la souveraineté culturelle constitue un préalable à toute souveraineté politique digne de ce nom. Brazzaville 2025 : contraintes et convictions La…
Le rituel républicain des lettres de créance La vaste salle des fêtes du Palais du peuple, à Brazzaville, a de nouveau offert son décorum classique aux codes de la diplomatie internationale : tapis carmin, fanfare et drapeaux croisés. Le 28 juillet, Denis Sassou Nguesso a reçu tour à tour Maryse Guilbeault, nouvelle ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire du Canada, puis Hidetoshi Ogawa, représentant l’Empire du Japon. Ce cérémonial, codifié par la Convention de Vienne de 1961, donne aux autorités congolaises l’occasion d’afficher la permanence de l’État et, plus subtilement, de signifier leur ouverture à une polyphonie de partenariats. Un contexte régional…
Un pivot stratégique du système de santé congolais La Centrale d’achat des médicaments essentiels et des produits de santé, créée en 1994, occupe une place charnière dans l’architecture sanitaire du Congo-Brazzaville. Chargée d’acquérir, de stocker et de distribuer les médicaments vitaux, la Cameps constitue l’interface entre la politique pharmaceutique nationale et les besoins quotidiens des établissements de soins. Sa session ordinaire du 26 juillet, présidée par Ange Antoine Abéna, a donc retenu l’attention des observateurs, soucieux d’évaluer l’état de ses mécanismes de gouvernance et, partant, la résilience du système de santé congolais. Des indicateurs financiers en voie de stabilisation Le…
La ruée stratégique vers les terres rares africaines Depuis la fin de l’année 2023, la diplomatie économique indienne s’est lancée dans une véritable course contre la montre pour diversifier ses approvisionnements en éléments de terres rares. De Lusaka à Abidjan, cinq protocoles d’entente ont été signés en quelques mois avec la Zambie, le Zimbabwe, le Mozambique, le Malawi et la Côte d’Ivoire. Pour New Delhi, il s’agit de réduire une dépendance devenue structurelle à l’égard de Pékin, qui contrôle plus de 90 % du raffinage mondial et a récemment restreint ses exportations de gallium, germanium et autres métaux critiques. Cette…