Assainissement urbain à Kintélé : un symbole stratégique
Sous le soleil matinal du premier samedi d’août, les abords du complexe sportif la Concorde de Kintélé se sont transformés en un vaste chantier de nettoyage. Plus qu’une simple opération de voirie, la séquence a assumé une dimension hautement symbolique : redonner éclat à l’édifice qui incarne, depuis les Jeux africains de 2015, la faculté congolaise à se projeter sur la scène sportive continentale. L’initiative s’inscrit dans la politique nationale d’assainissement urbain, régulièrement réaffirmée dans les conseils de ministres et inscrite dans les objectifs de développement durable que le Congo-Brazzaville a adopté.
Mobilisation gouvernementale et citoyenne
À l’invitation de la task force créée par le président Denis Sassou Nguesso, les membres du gouvernement impliqués dans l’entretien des infrastructures se sont avancés sur le terrain, manches retroussées. Autour de Jean-Jacques Bouya, ministre d’État en charge de l’Aménagement du territoire et des Grands travaux, et de Juste Désiré Mondelé, titulaire du portefeuille de l’Assainissement urbain, se sont agrégés agents publics, étudiants, représentants associatifs et partenaires diplomatiques. La présence de l’ambassadrice du Venezuela illustrait la portée de cette diplomatie du geste concret, qui conjugue coopération internationale et politiques domestiques.
« Le complexe symbolise la jeunesse, l’unité et la concorde », a rappelé Juste Désiré Mondelé, soulignant que l’État ne peut à lui seul garantir la pérennité des ouvrages. En encourageant chaque citoyen à considérer l’espace public comme un bien commun, l’exécutif s’efforce d’ancrer la notion de responsabilité collective au cœur de la gouvernance urbaine.
Extension de l’opération à l’espace académique
La dynamique ne s’est pas limitée aux gradins de Kintélé. Dans la foulée, les équipes se sont dirigées vers l’École normale supérieure de l’Université Marien-Ngouabi. Ces quelques kilomètres de distance ont symbolisé un pont entre sport et savoir, deux domaines où la propreté de l’environnement conditionne la performance. Sur place, les étudiants ont rejoint les équipes municipales, confirmant l’émergence d’un civisme qui transcende les appartenances professionnelles et générationnelles. « Nous voulons que chaque premier samedi du mois devienne un rituel, un instant de communion autour de la ville », a plaidé le ministre, rappelant qu’une ville propre nourrit l’estime de soi collective.
Défis persistants de la gestion des déchets
Les résultats visibles de la journée d’assainissement ne sauraient masquer la complexité structurelle de la filière déchet au Congo. Les opérations de pré-collecte, majoritairement assurées par de petits transporteurs à pousse-pousse, demeurent le maillon le plus vulnérable du dispositif. Selon les observations du ministère de l’Assainissement urbain, la pratique consistant à déplacer les ordures des parcelles vers les artères principales perdure malgré les sanctions annoncées. Un tel comportement perturbe la chaîne logistique des prestataires et altère l’image d’une capitale que l’éclairage public, la réfection des trottoirs et la réhabilitation des accotements cherchent à revaloriser.
Conscients de cette tension entre impératif sanitaire et contraintes socio-économiques, les services techniques étudient la mise en place de contrats incitatifs et de points de transfert intermédiaires, afin de fluidifier la circulation des déchets jusqu’au centre d’enfouissement. « La ville de Brazzaville est redevenue propre, à nous de la maintenir », a insisté Juste Désiré Mondelé, évoquant la possibilité d’actions de sensibilisation renforcées dans les quartiers périphériques.
Vers une culture pérenne de la propreté publique
Au-delà de la mobilisation ponctuelle, l’ambition gouvernementale consiste à inscrire l’assainissement dans une temporalité longue. La stratégie conjugue deux leviers : l’investissement dans les infrastructures, notamment la rénovation des sites hérités du programme de municipalisation accélérée, et la promotion d’une culture de la propreté fondée sur la pédagogie. Les campagnes médiatiques récentes, appuyées par les radios communautaires et les réseaux sociaux, cherchent à valoriser les citoyens qui participent activement aux opérations de salubrité, créant un cercle vertueux de reconnaissance sociale.
Parallèlement, l’exécutif explore avec ses partenaires bilatéraux des solutions technologiques telles que la cartographie en temps réel des points noirs et la valorisation énergétique des déchets organiques. Autant d’outils susceptibles de moderniser la gouvernance environnementale, tout en générant des emplois verts pour la jeunesse urbaine. Dans cet horizon, le complexe de Kintélé, nettoyé et revitalisé, se veut laboratoire d’une urbanité renouvelée où sport, culture et exigence écologique se conjuguent au présent.