Révision électorale: rappel légal
Annoncé le 17 septembre 2025, le communiqué du maire de Brazzaville, Dieudonné Bantsimba, a retenti comme une mise au point nécessaire. Il rappelle que la révision des listes électorales reste une opération administrative, indépendante de toute démonstration partisane, et invite à retirer les visuels politiques.
Cette injonction, assortie d’un délai de soixante-douze heures, marque symboliquement la fin d’une période de pré-campagne diffuse au cœur de la capitale congolaise. Elle réaffirme le primat du droit sur les tactiques d’opportunité électorale, dans un contexte d’attente présidentielle à l’horizon 2026 pour le scrutin.
Un phénomène récurrent
Les observateurs de la vie politique congolaise constatent régulièrement l’apparition précoce de banderoles et d’affiches aux couleurs des différents courants, plusieurs mois avant l’ouverture officielle de la campagne. Cet emballement visuel nourrit la confusion entre mobilisation citoyenne légitime et stratégie électorale anticipée dans la cité.
En période de révision des listes, le phénomène s’intensifie: chaque formation veut rappeler sa présence, encourager l’inscription ou la vérification des électeurs, mais glisse volontiers vers la promotion d’un candidat. La frontière devient poreuse, alimentant un climat de campagne permanente dans les quartiers de Brazzaville.
Le cadre juridique détaillé
La loi électorale congolaise, notamment ses articles 25 et 26, fixe un calendrier clair. Quinze jours francs seulement sont dévolus à la campagne officielle, close l’avant-veille du scrutin. Hors de cette fenêtre, toute propagande visuelle ou réunion publique à caractère électoral demeure prohibée par les textes.
Cette architecture juridique vise à garantir l’égalité des chances entre candidats, la sérénité du débat et la lisibilité des messages. En restreignant la séquence de communication électorale, le législateur cherche à éviter les dérives financières ainsi qu’une saturation de l’espace public à long terme national.
Les responsabilités des formations politiques
Le rappel à l’ordre municipal souligne aussi la responsabilité première des partis et associations. Nombreux sont ceux qui, par zèle ou méprise, entretiennent l’idée qu’une présence visuelle constante équivaut à une proximité avec les électeurs, au risque d’écorner le principe d’équité entre compétiteurs potentiels nationaux.
Pourtant, la même loi autorise les organisations à sensibiliser leurs militants sur la révision des listes par des moyens respectueux, sans imagerie électorale. Des séances d’information, des messages radios ou des plateformes numériques peuvent suffire, sans transformer l’opération administrative en meeting déguisé dans la capitale.
Le rôle décisif de l’autorité municipale
En ordonnant le retrait des supports litigieux, la mairie s’appuie sur ses compétences en police de l’affichage. Elle dispose du droit de constater l’infraction, de mettre en demeure puis, en cas d’inexécution, de procéder elle-même à la dépose, frais répercutés aux contrevenants le cas échéant.
Dieudonné Bantsimba rappelle ainsi qu’il ne s’agit pas d’un acte politique mais du respect de normes partagées. «La gestion de l’État obéit aux lois, non aux considérations partisanes», souligne-t-il, reprenant un leitmotiv souvent exprimé par le chef de l’État dans ses allocutions régulières aux cadres.
Cette clarification protège également le maire de toute suspicion d’hostilité envers la présidence, en démontrant que son action découle d’un impératif de gouvernance. La neutralité de l’administration, rappelée par la Constitution, demeure un pilier de la crédibilité des institutions locales et du pacte républicain congolais.
Vers une culture démocratique apaisée
L’épisode ouvre une réflexion plus large sur la culture politique congolaise. La tentation de la campagne permanente n’est pas propre à Brazzaville, mais sa régulation constitue un test de maturité. Un espace public dépollué offre aux électeurs l’opportunité d’un choix éclairé et vraiment souverain collectif.
Plusieurs analystes estiment qu’une application constante de la loi favorisera la réduction des dépenses non comptabilisées, souvent pointées dans les rapports d’observation électorale. Lorsque l’ensemble des acteurs adhère aux mêmes règles, la compétition gagne en crédibilité auprès des citoyens et des partenaires internationaux du Congo.
Le Conseil supérieur de la liberté de communication, compétent sur l’ensemble du territoire, paraît également interpellé par cette mise en garde. Son suivi continu du paysage médiatique et de l’affichage complétera l’action municipale, garantissant une cohérence entre message politique et calendrier légal partout au Congo.
D’ici l’ouverture officielle de la campagne, les formations politiques disposent donc d’un cadre clair. À elles de l’utiliser pour affiner leurs programmes, renforcer la formation de leurs délégués et encourager une inscription massive, sans recourir à des visuels qui brouillent le processus et légitimité électorale.
Au-delà de Brazzaville, d’autres municipalités pourraient s’inspirer de cette démarche pour préserver la neutralité de leurs espaces publics. En harmonisant les pratiques, le Congo-Brazzaville confirmerait sa volonté de consolider un État de droit moderne, au bénéfice de l’ensemble des citoyens et de ses institutions locales.
Le communiqué du 17 septembre rappelle ainsi une vérité simple: la loi électorale n’est ni un obstacle ni un totem, mais un cadre commun. Son respect, incarné par l’action municipale, trace la voie d’un scrutin 2026 serein, transparent et véritablement compétitif pour toute la nation unie.